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La CEDEAO à l’heure d’une réforme déchirante 
Publié le dimanche 10 decembre 2023  |  L’Indépendant
Sommet
© aBamako.com par DR
Sommet extraordinaire de la CEDEAO à Abuja
Un sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au a eu lieu , ce jeudi 10 août 2023, à Abuja (Nigeria)
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Le dimanche 10 décembre prochain se tient à Abuja, au Nigeria, un sommet ordinaire de la CEDEAO. II doit faire un état des lieux des dispositions prises par cette Organisation, au lendemain duacoup d'Etat militaire du 26 juillet dernier, qui a renversé, au Niger voisin, le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Elles se rapportent pour l'essentiel à "l'activation de la force en attente" pour chasser les putschistes et rétablir l'ordre constitutionnel ainsi qu'aux sanctions économiques et financières qui ont finalement été privilégiées. Mais le président de la Commission des Affaires Politiques, le Ghanéen Dr Abdel-Fatau Musah a averti, la semaine dernière: "L'option militaire n'a pas été abandonnée, elle a été suspendue en attendant que les sanctions donnent des résultats'

La CEDEAO n'en serait pas à une première. Si elle été créée, voici une cinquantaine d'années (28 mai 1975) pour promouvoir le développement de ses États Membres par la coopération et l'intégration avec pour finalité une Union économique et monétaire, elle n'a pas mis trop de temps pour réaliser que cet objectif ne peut être atteint que dans un environnement apaisé et sécurisé.Aussi, dès 1990, s'est-elle dotée d'une force d'intervention, ECOMOG en anglais, qui sera déployée au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée Bissau pour tenter de circonscrire des troubles politiques 



A partir de 1999 l'ECOMOG évolue en une force de sécurité en attente avec pour missions l'observation et la supervision des cessez-le-feu.le maintien de la paix, le déploiement préventif, l'assistance humanitaire, le désarmement et la démobilisation.C'est ainsi qu'en janvier 2013.elle sera déployée au Mali sous la dénomination de Mission Internationale de Soutien Au Mali (MISMA); laquelle dénomination était justifiée par la présence d'effectifs tchadiens et le soutien de l'ONU.

En 2017, la même force est expédiée en Gambie pour déloger du pouvoir le dictateur sanguinaire Yaya Diamé qui, battu dans des élections régulières, ne voulait pas passer la main à son vainqueur Adama Barrow. L'armée malienne a participé à cette expédition pour la démocratie aux côtés de celles du Nigeria, du Ghana, du Sénégal et du Togo.

Parallèlement l'Organisation connaît une avancée au plan politique avec l'adoption,en décembre 2001, d'un Protocole Additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ce document interdit" les changements inconstitutionnels" dont le mode le plus fréquent sous nos cieux est le coup d'Etat militaire. II punit par la suspension les Etats qui s'y aventurent.

La mise en veilleuse de l'intervention militaire au Niger peut s'expliquer par au moins trois facteurs. Le premier est le soutien militaire immédiat apporté par le Mali et le Burkina Faso à la junte nigérienne, suivi de la création de l'Alliance des États du Sahel(AES) dont le but proclamé est de défendre ses membres contre toute agression militaire. Toutes choses qui ont pu produire un effet dissuasif.

Le deuxième est le contexte sécuritaire marqué par la forte présence terroriste qui tirerait avantage d'une guerre intra-CEDEAO pour réaliser son projet funeste: transformer toute l'Afrique de l'Ouest en un champ de ruines et de désespoir.

Le troisième tient à ce que les États-Unis d'Amérique n'entendent pas se retirer de la sous-région (ils maintiennent leur coopération militaire avec le Niger) pour la laisser aux Russes et qu'il y a un risque réel d'une confrontation entre les deux superpuissances militaires en cas d'embrasement.
Par ailleurs, sur la façade maritime de la CEDEAO, des bruits de bottes se sont fait entendre, la semaine passée,en Sierra Leone et en Guinée Bissau. On imagine mal la force de sécurité en attente faire à la fois la guerre au Sahel et conduire ne serait-ce que des opérations de maintien d'ordre dans ces deux derniers Etats. Elle n'en a pas les moyens appropriés

Pour ce qui est des sanctions économiques et financières comme substitut à l'intervention militaire, elles suscitent des réserves tant pour leur efficacité limitée, car faisant souffrir les populations et non les tenants du pouvoir que pour leur caractère" illégal, illégitime et criminel" parce que non prévues dans les textes qui régissent l'Organisation.

Au regard de cette situation de nature paralysante pour L'Organisation, les chefs d'Etat et de gouvernement, qui seront présents à Abuja, le 10 décembre,pourraient n'avoir comme alternative qu'une radicalisation du dispositif disciplinaire passant de la suspension à l'exclusion des Etats réfractaires à la démocratie et à l'Etat de droit. Ce qui impliquerait une réforme déchirante de son Traité fondateur. Car la CEDEAO n'a pas vocation à diviser mais à ressembler.



Par Saouti HAÏDARA
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