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Les Casques bleus quittent le Mali mal aimés ou mal compris
Publié le lundi 11 decembre 2023  |  AFP
Les
© Autre presse par DR
Les Casques bleus en patrouille à Gao Tassiga pour rassurer les populations
L’équipe de patrouille de reconnaissance de longue portée du contingent Britannique de la MINUSMA a effectué durant 28 jours, une présence physique continue de Gao à Tassiga, pour une mission de protection des civils dans cette zone qui enregistre de nombreux incidents sécuritaires.
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Les Casques bleus de la Minusma quittent le Mali sur un constat d’échec pour les uns,
d’impuissance pour les autres, une divergence qui traduit dix années de malentendu sur la
mission confiée par l’ONU.
Une demande malienne au départ
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali a été
créée en 2013 à la demande des autorités maliennes dans un pays fracturé par une offensive
jihadiste partie du nord en 2012. Elle a pris le relais d’une mission sous conduite africaine.
"L’arrivée de la Minusma a permis de rassurer les populations maliennes, notamment dans le
nord, à Gao, Tombouctou, Kidal", et "elle a donné des perspectives au jeunes, qui ont pu
trouver des emplois salariés", estime le sociologue malien Bréma Ely Dicko.
Les Casques bleus sécurisent le déploiement des ONG et assurent avec leurs avions et leurs
convois routiers une jonction nord-sud essentielle.
La mission "a permis de maintenir une résilience économique et sociale" dans un nord
bouleversé, dit Marc-André Boisvert, chercheur affilié au Centre FrancoPaix à Montréal.
Elle "n’apportait pas une solution pérenne, mais elle jouait un rôle de tampon en attendant
qu’on règle des problèmes qui n’ont jamais été réglés", dit-il.
Un mandat contesté
Le mandat assignait à la Minusma d’appuyer l’application d’un important accord de paix avec
les séparatistes du nord (non jihadistes); d’aider à stabiliser le centre, autre foyer de la
violence; et de protéger les civils et les droits humains.
Or ce mandat a été en inadéquation avec les réalités évolutives du terrain, note Marc-André
Boisvert.
La façon dont la mission a été perçue "a changé quand la violence s’est rapprochée de
Bamako, et que la Minusma s’est révélée incapable de l’endiguer, faute de moyens adaptés",
dit-il.
"Le mandat de la Minusma, malgré tous les efforts, n’a jamais été très bien compris,
particulièrement dans le sud", souligne-t-il.
La mission n’avait pas vocation à mener des opérations offensives contre les jihadistes.
Des chefs d’Etat ouest-africains ont régulièrement réclamé un mandat plus vigoureux.
"Nos mandats, principalement concentrés sur la protection des civils, suscitent des attentes
que nous ne pouvons satisfaire, en raison de nos capacités, de notre budget, du terrain, des
contraintes logistiques", reconnaissait en novembre Jean-Pierre Lacroix, chef des casques
bleus de l’ONU.
Mais sans la Minusma, "dans la plupart des cas, (la situation) serait probablement bien pire",
disait-il.
Le tournant de la junte
L’accession au pouvoir des militaires en 2020, puis l’arrivée de la société de sécurité russe
Wagner en 2021, coïncidant avec l’éviction de la force antijihadiste française et le départ d’un
certain nombre de partenaires étrangers, a accentué la pression sur la Minusma.
Elle a été ciblée par des campagnes de désinformation orchestrées par des soutiens du
régime. Les officiels l’ont vilipendée en public, jusqu’à ce que le ministre des Affaires
étrangères Abdoulaye Diop réclame le départ de la mission "sans délai" devant le Conseil de
sécurité de l’ONU.
Dans un récent entretien, Jean-Pierre Lacroix déplorait que des frustrations aient pu être
"manipulées".
La question des droits humains
La défense de ces droits était inscrite dans le mandat de la Minusma. Un travail que la
Minusma était seule à mener dans des localités isolées, mais qu’appréciaient peu les parties
au conflit.
La Minusma a été vivement critiquée par le gouvernement français pour avoir publié un
rapport accusant l’armée française d’avoir tué par erreur 19 civils dans le village de Bounti
(centre) en janvier 2021.
La Minusma dénonçait régulièrement les exactions des forces maliennes en même temps que
celles des groupes jihadistes, provoquant la colère de la junte qui démentait
systématiquement de tels agissements et criait à "l’instrumentalisation".
La querelle a culminé avec la publication en 2023 d’un rapport accablant qui accusait l’armée
malienne et des combattants "étrangers" d’avoir exécuté au moins 500 personnes à Moura
(centre) en mars 2022.
Plaidoyer
La mission a clos son déploiement lundi en abaissant le drapeau des Nations unies sur son
quartier général à Bamako. Avec plus de 180 membres tués dans des actes hostiles, la
Minusma est la mission de l’ONU la plus durement touchée ces dernières années.
Ses responsables ont défendu sa postérité ces derniers jours. "L’action n’a pas été parfaite", a
dit son chef El Ghassim Wane, "mais je pense que la présence de la mission a aidé à protéger
de nombreuses populations là-bas (...) Nous avons joué un rôle important dans la promotion
du genre. Nous avons joué un rôle extrêmement important en ce qui concerne le
renforcement des capacités locales dans le domaine des droits de l’Homme".
clt-lal/emd
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