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Corruption et mauvaise gestion au Mali : La bombe OCLEI !
Publié le jeudi 14 decembre 2023  |  Le Matin
Présentation
© aBamako.com par AS
Présentation du rapport annuel d`activité 2017 de L`OCLEI
Bamako, le 04 janvier 2019 L`OCLEI a présenté rapport annuel d`activité 2017 à l`hôtel Massaley
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Entre 43 et plus de 50 milliards de F Cfa ! Tel serait, selon des services de contrôle et de vérification, le montant total des irrégularités financières entre 2015 et 2023. Une situation révoltante dans un pays où la grande majorité de la population peine à réunir le minimum vital pour vivre décemment. En 2023, le vérificateur a publié 23 rapports individuels de vérifications financières. Le montant total des irrégularités s’élève à 43 milliards de F CFA pour la période de 2015 à 2023.

Au titre de la contribution à la répression, de 2019 à 2022, l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a transmis à la justice 23 dossiers pour 23,855 milliards de F CFA, soit en moyenne plus d’un milliard de francs CFA par dossier ! C’est ce qu’a révélé son président, Dr Moumouni Guindo, lors de la remise du rapport annuel 2022 au président de la Transition le 28 novembre 2023.

Dans ces dossiers, a-t-il souligné, les enquêtes de l’OCLEI ont identifié 503 biens immobiliers présumés illicitement acquis, notamment 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales totalisant 181 hectares.

En 2022, selon Dr Guindo, l’OCLEI a reçu et analysé 32 rapports produits par les structures de contrôle et de régulation. L’analyse de ces rapports fait ressortir des irrégularités financières pour un montant de 188,876 milliards de F CFA.

Aujourd’hui, on est en mesure de se demander si toutes ces structures de vérification, de prévention (OCLEI, Bureau Vérificateur général…) ont un impact réel la corruption et la délinquance financière dans notre pays. En tout cas, la bonne gouvernance reste une utopie dans notre pays. Ce qui est le comble de l’ironie sous l’ère de démocratie qui était supposée débarrasser notre pays de tous les maux qui hypothèquent son développement.

«C’est lors de la Conférence nationale que le peuple malien a exprimé son choix pour les principes de la bonne gouvernance en jetant les bases d’une société démocratique. Pour ce faire, il a élaboré une stratégie de renforcement de l’Etat incorporée dans la Constitution qui a été adoptée lors de la même conférence», avait rappelé M. Nangouman Sanou (Professeur à la Faculté de droit public) lors du Forum multi-acteurs sur la gouvernance au Mali.

En effet, la constitution de la 3e République prévoyait des mécanismes de bonne gouvernance comme le respect des droits et libertés des citoyens ; l’existence de trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) conformément au principe de la séparation des pouvoirs qui un principe sacré de la démocratie moderne.

Malheureusement, l’immense espoir soulevé par l’avènement de la démocratie a été vite déçue. En effet, pour les observateurs, «la démocratie pour beaucoup de Maliens, loin d’être un idéal à atteindre, est devenue une ressource de survie». Au lieu de favoriser l’avènement des patriotes réellement investis de leur mission de redressement, elle a permis (pour paraphraser M. Poniatowski) à des cercles de «copains et de coquins» de prendre le pays en otage.

«Sous les deux premières Républiques, l’Etat était perçu comme le principal instrument de développement. Aussi lui avaient-elles confié un rôle très ambitieux. En effet, il était chargé de satisfaire l’intérêt général, promouvoir le développement, instaurer la justice sociale par la réduction progressive des inégalités, assurer l’éducation, l’emploi, la santé, la sécurité alimentaire à tous», avait rappelé M. Nangouman Sanou.

«C’est parce qu’il n’a pas pu remplir correctement ce rôle que la 3e République, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, a entrepris de la rationnaliser par la multiplication des structures de contrôle gage de transparence, le recours au secteur privé gage d’efficacité», a-t-il poursuivi. Hélas, a-t-il déploré, «aucun de ces secours n’a joué utilement le rôle qu’on attendait de lui». En effet, a-t-il souligné, les structures de contrôle non seulement n’étaient pas techniquement, financièrement, humainement armées pour remplir leur rôle mais aussi les rapports qu’elles dressaient après leurs enquêtes au lieu de connaître une suite judiciaire prenaient directement le chemin des armoires où ils plongeaient dans «un sommeil éternel ouvrant alors des boulevards pour la corruption».

Tout cela a pu aussi arrivé, a expliqué M. Nangouman Sanou dans sa présentation, parce que «les contre-pouvoirs tels que la société civile et la presse» n’ont pas joué correctement leur partition. Cela explique en partie que, 32 ans après l’avènement de la démocratie, la «bonne gouvernance» reste encore une illusion au Mali où des dizaines de milliards continuent d’enrichir des comptes prives au dépens du Trésor public.

Ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant dans un environnement marqué, selon le professeur de droit public, par un déficit chronique de leadership de la classe politique ; une crise de la représentation ; les difficultés dans la mise en oeuvre de la décentralisation ; la lenteur dans la mise en oeuvre d’une véritable reforme de l’administration afin de substituer à l’administration de jouissance ignorant le principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, une administration de développement fondée sur le mérite ; la faillite des grands services de l’Etat ; une société civile molle et d’une faiblesse notoire, qui n’a pas encore acquis le statut de véritable contre-pouvoir, les médias publics et privés qui ne jouent pas leur rôle d’aiguillon de l’Etat et du reste de la société ; l’incivisme et l’impunité qui minent dangereusement la société… Ce qui explique pourquoi le fossé ne cesse de s’élargir entre une minorité riche et une majorité de démunis. Pour M. Sanou, «ce chapelet de constats constitue autant de défis que l’Etat malien doit lever» s’il veut entrer de plein pied dans la mondialisation et surtout permettre au pays d’amorcer son émergence socioéconomique. L’or, le coton, les terres agricoles… ne peuvent constituer pour cela de précieux atouts tant que les permis d’exploitation sont attribués en fonction des intérêts personnes aux dépens de l’intérêt général !

Naby
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