La 3e Journée scientifique de l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (Onef) a eu lieu vendredi 15 décembre dernier au Conseil national du patronat du Mali (CNPM), sous le thème : “La problématique de l’inadéquation entre l’offre de formation des institutions d’enseignement supérieur et les besoins du marché du travail : cas des diplômés en science de l’éducation au Mali”.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Mme Bagayoko Aminata Traoré, ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, en présence de Mossadeck Bally, président du CNPM, de Boureima Sory Guindo, président de l’ADCP, entre autres.
La 3e Journée scientifique de l’Onef a mobilisé divers acteurs, notamment les représentants des départements ministériels, la communauté scientifique, la société civile, les représentants des entreprises, les étudiants et des médias, tous réunis autour du thème : “La problématique de l’inadéquation entre l’offre de formation des institutions d’enseignement supérieur et les besoins du marché du travail : cas des diplômés en science de l’éducation au Mali”.
La tenue de cette journée scientifique répond spécifiquement à quatre objectifs à savoir : faire l’état de lieu de l’insertion des diplômés des institutions d’enseignement supérieur et de l’inadéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail, débattre des causes de l’inadéquation entre les offres de formation des institutions d’enseignement supérieur et les besoins du marché du travail, présenter les différentes spécialisations possibles en sciences de l’éducation et leurs débouchés sur le marché du travail, recueillir les contributions pertinentes et proposer les stratégies à mettre en œuvre pour l’amélioration de l’insertion et l’employabilité des diplômés.
Selon Mme la ministre, le choix de ce thème n’est pas fortuit au regard du taux de chômage et du sous-emploi des diplômés de l’enseignement supérieur plus élevé que ceux des moins diplômés.
Notre pays reste confronté aux difficultés liées au chômage, au sous-emploi et à l’insertion professionnelle des jeunes en général et des diplômés de l’enseignement supérieur en particulier. Depuis plus de trois décennies l’effectif des jeunes qui accèdent aux universités publiques augmente d’année en année, et proportionnellement, le nombre de diplômés arrivant sur le marché du travail.
Suivant le Rapport d’analyse situationnelle annuelle sur le marché du travail (Rasamt) 2021, produit par l’Onef, le nombre de diplômés (BT et Cap) de l’enseignement technique et professionnel est passé de 9835 en 2013 à 14 915 en 2021, soit un taux d’augmentation de 34,1 % en 8 ans. Le nombre d’étudiants inscrits dans les cinq universités publiques est passé de 63 568 en 2016 à 102 655 en 2021, soit une augmentation de 38,1 %.
En 2021, les grandes écoles et instituts publics comptaient 11 231 étudiants inscrits. Ces statistiques ne prennent pas en compte les effectifs inscrits dans les institutions d’enseignement supérieur privées. Dans un pays dominé par l’économie informelle, tous ces sortants arrivent difficilement à s’insérer dans le marché du travail. Ceux qui arrivent à décrocher un emploi, sont en majorité surqualifiés par rapport au poste occupé.
En 2021, une étude réalisée par l’Onef montre que 94,1 % des diplômés de la filière sciences juridiques, politiques et de l’administration occupaient des emplois pour lesquels ils étaient surqualifiés, suivis de ceux de la filière sciences économiques et de gestion (91,8 %), de ceux des filières lettres, langues et arts (87,1%) et de ceux des sciences de l’éducation et de la formation (85,3 %).
Face à la question, le gouvernement, dans le cadre de sa politique publique d’emploi a mis en place plusieurs dispositifs complémentaires pour inscrire ses interventions dans une dynamique cohérente et positive d’insertion. Et l’Onef participe du fonctionnement de ces dispositifs pour aider les jeunes à construire leur place dans le monde du travail à travers de nombreuses études qu’il réalise et qui ont servi d’outils d’aide à la prise de décisions, outils de portée politique et scientifique pour notre système d’éducation et de formation professionnelle.
En outre, la ministre Bagayoko se dit convaincue que cette 3e Journée scientifique sera l’occasion de formuler des recommandations idoines à l’endroit des autorités, du secteur privé et des étudiants.
De son côté, Mossadeck Bally, président du CNPM, révélera que les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui en matière de marché de travail de travail sont immenses : chaque année près de 300 000 jeunes demandeurs arrivent sur le marché de l’emploi, seulement 50 000 emplois sont créés, et plus de 250 000 jeunes restent sans aucune perspective, et viennent grossir chaque année le rang des chômeurs.
Il croit fort qu’aujourd’hui nous devons changer de paradigme, ajoutant notre pays a besoin d’un système qui forme les jeunes dans les métiers pour une meilleure adéquation formation-emploi avec une forte implication du secteur privé. Face à ces multiples préoccupations, il pense que nous devons revoir notre système éducatif en mettant l’emphase sur la formation professionnelle.
Et de rappeler que le nouveau bureau qu’il dirige, a dans sa vision, retenu cinq axes stratégiques de travail parmi lesquels la place de la formation des ressources humaines est centrale. Avant d’espérer que cette 3e Journée scientifique sera riche en enseignements et en discussions productives et permettra d’explorer les opportunités et les défis du marché du travail.