SociétéPanels de haut niveau sur « Migrances 2023 » : des fortes recommandations attendues d’Aminata Dramane Traoré et ses soutiens sur la migration dans le sahel
Du 15 au 18 décembre dernier, des panels de haut niveau ont été animés par les défenseurs maliens des droits des migrants, et les experts étrangers sur la problématique de la migration dans les pays du Sahel. Avec comme thème : « Demain le Sahel et les sahélien-ne-s ; pourquoi partent-ils elles ? », la rencontre a été organisée par l’ex-ministre Aminata Dramane Traoré au centre Amadou Hampâté Ba sis à Missira, en commune II de Bamako.
Les travaux d’ouverture de l’édition 2023 de « Migrances » ont eu lieu sous la houlette de Mossa Ag Attaher, actuel ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine. C’était sous la présence d’Aminata Dramane Traoré, initiatrice de « Migrances », essayiste, non moins ancienne ministre du Mali, en compagnie d’Ousmane Issoufi Maïga, ancien premier ministre ; Chérif Salif Sy, économiste, ancien ministre du Sénégal et plusieurs autres personnalités et acteurs venus du Burkina, de la France… Au Mali, comme dans plusieurs pays africains, beaucoup de jeunes demeurent malheureusement touchés par le chômage. Par conséquent, dit-on, ils sont de plus en plus nombreux à quitter leur pays en se dirigeant vers d’autres pays ou continents, afin de chercher le « bonheur ». Mais la complexité du phénomène fait que ces mêmes personnes sont soumises à toutes sortes de traitements. Certains sont simplement arrêtés, emprisonnés puis chassés du territoire d’autrui. D’autres meurent dans la mer, voire dans l’océan en tentant de joindre un autre continent. Pour Mme Aminata Dramane Traoré, initiatrice de « Migrances », la situation à laquelle sont confrontés les migrants africains n’honore ni l’Afrique, ni les Européens ou d’autres Peuples du monde. Résolument engagée pour la défense des droits des migrants, la directrice du centre Amadou Hampâté Ba estime que « la stigmatisation et l’ostracisation du Mali et des Maliens nous obligent, parce que l’horreur est à son comble. Le problème migratoire a atteint, selon elle, une dimension à laquelle on ne s’attendait pas ». De nos jours, dira l’ex-ministre, la question des migrants est devenue une crise politique et institutionnelle en France ainsi qu’à l’intérieur de chaque pays européen. Précisant que l’édition 2023 de « Migrances » se tient dans un contexte particulier, l’ancienne ministre du Mali annonce que des gens sont, de nos jours, divisés sur la question migratoire. « Une partie des Européens estime qu’il faudra chasser les migrants parce qu’ils sont source des troubles, de la pauvreté et même des maladies. Une autre partie estime que ce sont des humains et qu’il faudra les laisser ». En Allemagne, en France et partout dans le monde, se réjouit-elle, des voix se lèvent pour dire que les migrants ont le droit de se déplacer et de voyager librement où ils veulent. « C’est ce discours que nous avons, nous-mêmes, tenu. Mais la machine de la répression est une machine de guerre parce que politique ». Et d’être encore plus succincte : « Cette situation n’honore ni l’Europe ni l’Afrique. Mais nous Africains, dans ce contexte, nous revendiquons notre souveraineté parce que nous avons aussi le devoir de sauver le Mali, le Sahel et pourquoi pas l’Afrique tout entier ». A l’issue des différents panels sur les différentes thématiques, des fortes recommandations sont à produire par les participants venus de l’Europe, de l’Amérique et d’autres pays d’Afrique sur la défense des droits des migrants, va-t-elle conclure.
Des milliers de personnes seront encore touchées
Pour le ministre des Maliens établis à l’extérieur, la thématique de cette année met le focus sur la responsabilité de tout un chacun sur le futur du Sahel. Elle permet d’exposer les défis multiformes notamment l’instabilité politique, le terrorisme, les effets néfastes des changements climatiques… « Dans un rapport publié en septembre 2021, la Banque mondiale avait signalé que les changements climatiques constituent un facteur de migration de plus en plus inquiétant qui pourrait contraindre, d’ici à 2050, quelque 216 millions de personnes dans le monde en développement à migrer », indique-t-on dans son discours. Aussi, ajoute le ministre Mossa Ag, des foyers de migration climatique interne pourraient apparaître dès 2030 et s’accroître progressivement jusqu’en 2050. Le contexte actuel de la migration est caractérisé par le durcissement des politiques migratoires qui, annonce-t-il, accentuent la vulnérabilité des migrants. L’espace sahélien est donc confronté à ces défis multiples depuis plusieurs décennies, déplore le ministre. Des mêmes précisions qui ont été données par l’ex-premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et d’autres intervenants nationaux et étrangers.