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Mali, Burkina, Niger : Comment la France a perdu pied dans ces pays du Sahel ?
Publié le mercredi 10 janvier 2024  |  Mali Tribune
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Après le Mali et le Burkina, le 22 décembre 2023, le dernier soldat français a quitté le sol nigérien après un long bras de fer entre Paris et les nouvelles autorités militaires nigériennes. Comment la France a perdu ces trois pays du Sahel convoités par toutes les grandes puissances ?

En 2013, l’arrivée de la France au Mali pour d’abord stopper les colonnes jihadistes qui marchaient sur la capitale Bamako et plus loin dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel avec l’opération Barkhane a été chaudement accueillie par les populations du Mali, du Niger et le Burkina Faso.

Au fil des années, les populations et une partie de l’élite politique et militaire de ces Etats sahéliens ont commencé à ressentir de l’insatisfaction sur les opérations militaires de la France au Sahel.

Plus la France booste sa présence militaire avec un budget colossal au Sahel, plus elle s’enlise davantage dans le Sahel. Il n’y a pas assez de lisibilité dans la traque des terroristes à tel point qu’après dix ans de présence sauf par erreur aucune commission d’enquête parlementaire ne s’est pour l’instant intéressé au bilan de Barkhane et d’une pareille faillite dans l’histoire des opérations militaires extérieures de l’Hexagone.

La France qui n’a pas purgé son passé colonial avec l’Afrique surtout avec le Mali, le Burkina et le Niger et qui est arrivée dans ces trois Etats du Sahel il y a dix ans en tant que libérateur, en repart aujourd’hui avec l’image d’un occupant sans résultat probant sur la situation globale sécuritaire au Sahel.

Ce rejet n’est pas que militaire, il est aussi politique et économique. Au cœur des griefs contre la France, on trouve, entre autres, la critique d’un positionnement à géométrie variable vis-à-vis des régimes en place, l’image du F CFA et à sa symbolique néocolonialiste, une politique d’aide au développement jugée paternaliste…

Après le Mali et le Burkina Faso le 22 décembre 2023, le dernier soldat français a quitté le sol nigérien après un long bras de fer entre Paris. Elle ne voulait pas perdre le Niger au risque de perdre pied dans tout le Sahel et les nouvelles autorités militaires du Niger qui voyaient la France comme un occupant.

Pour certains analystes sécuritaires, le fait que la France perd pied dans ces pays sahéliens et plus largement au Sahel s’explique par la ligne diplomatique arrogante, condescendante, paternaliste d’Emmanuel Macron envers ces Etats-là de façon particulière et l’Afrique de façon générale.

“C’est depuis le sommet de Pau que la France a commencé à perdre pied dans les pays du Sahel. Parce que juste après ce sommet, les évènements se sont enchainés les deux coups de force au Mali qui ont propulsé les militaires au pouvoir et la mort inattendue d’Idriss Deby Itno du Tchad ont bouleversé l’agenda sahélien de Macron au Sahel sans oublier son voyage raté sur le Mali en décembre 2021. Ces événements ont montré parfaitement que Macron est en train de perdre pied au Sahel au profit des Russes qui ne cessent de gagner du terrain comme en Centrafrique, en Libye. Mais le dernier coup d’État militaire et le renversement de Mohamed Bazoum ont confirmé que la France a perdu complément pied au Sahel”, déclare cet analyste sécuritaire.

“Le double jeu de la France de Macron a fait que la France et les Européens ont perdu pied dans ces trois États sahéliens. D’ailleurs quand Bazoum disait ces terroristes-là sont plus forts, plus aguerris et plus équipés que nos armées, il n’avait pas tort. Aujourd’hui bien qu’on refuse de l’admettre, c’est la France qui soutient ces groupes terroristes en faisant semblant de lutter contre eux et élimine quelqu’un d’entre eux pour calmer les ardeurs des populations comme ce fut le cas d’Abdelmalek Droukdel. C’est grâce à cette présence française au Sahel que la France justifie son budget militaire alors que sur le terrain, le résultat n’est pas au rendez-vous. L’autre aspect, c’est le deux poids deux mesures de la France et sa position à géométrie variable vis-à-vis des régimes en place comme le Tchad qui fait aussi que la France perd pied au Sahel et l’Afrique de façon générale”, commente un Nigérien vivant au Mali.

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MICRO-TROTTOIR

Ce que les Maliens pensent du retrait de la France au sahel

Dans ce micro-trottoir, ses Maliens expriment ce qu’ils pensent du retrait de la France au Sahel.

Moussa Maïga (observateur) :

“La France quitte le Sahel alors que cette partie désertique est plongée dans une situation sécuritaire chaotique. Ce retrait a créé déjà un malaise récurrent et omniprésent au sein des populations qui en sont les premières victimes. Je pense qu’on aurait dû maintenir la présence française au Sahel avec plus d’engagement”.

Tidiane Guindo (activiste) :

“Pour moi, c’est la France qui est à l’origine de l’instabilité sécuritaire au Sahel. Et aujourd’hui le Sahel se retrouve dans un contexte où ni les Etats locaux moins l’intervention française n’a pu trouver une réponse à la hauteur des enjeux. Ce retrait pourrait aussi être une occasion pour les Etats du Sahel de faire face à l’insécurité après la mort du G5-Sahel”.

Issa Fofana (enseignant) :

“Le départ de la France au Sahel était prévisible en raison du bourbier dans lequel elle s’est mise après dix ans de présence et sans résultat probant. Alors pour moi, ce retrait de la France au Sahel est salutaire”.



Sidi Ag (déplacé à Bamako) :

“La zone de Tessit, région de Ménaka est devenue le fief où l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans mènent la majeure partie de cette guerre dont les civils sont les premières victimes. Le départ de la France du Mali et du Niger laisse un vide, car l’armée malienne n’arrive pas à maîtriser la situation sécuritaire”.

Dossier réalisé par

Ousmane Mahamane

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