Formé le 25 avril 2012, le Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, devra revoir la composition de son gouvernement pour répondre favorablement à la demande de la Cédéao et surtout satisfaire les partis politiques. Un exercice qui s’annonce périlleux car entre les limites budgétaires et les équilibres politiques, il devra faire des choix difficiles qui devront l’amener à se séparer de certains de ses camarades ou proches au gouvernement après une petite soixantaine de jours.
A l’issue de son 41ème sommet tenu vendredi dernier à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire, la Cédéao a appelé « à l’élargissement de la base du gouvernement en vue de garantir son exclusivité». Cet appel qui fait échos aux exigences des regroupements politiques qui réclament depuis plusieurs semaines un remaniement ministériel, met le Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, dans une situation très difficile, voire périlleuse car il est contraint à faire des choix difficiles qui devront l’amener à se séparer de certains de ses camarades ou proches à lui imposés par sa belle-famille, celle de l’ancien chef de l’Etat, le général Moussa Traoré avec qui il aurait ficelé la liste de son équipe dans le salon de celui-ci en présence de deux autres personnes dont un ancien ministre de l’équipement. Après plus de deux mois, il devra revoir cet attelage de 24 membres, dont trois militaires proches des soldats putschistes, trois femmes, dont l’une est originaire du Nord et des technocrates peu connus du sérail politique malien. Sadio Lamine Sow, seul ministre d’Etat, chargé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a la particularité d’être proche du président burkinabé, Blaise Compaoré, dont il était jusqu’ici un des conseillers spéciaux à Ouagadougou.
Les réactions et critiques relatives à la formation du gouvernement ne s’étaient pas d’ailleurs fait attendre en son temps. « Ce gouvernement a été formé en violation flagrante de l’accord-cadre » signé début avril par les putschistes et la médiation des pays d’Afrique de l’Ouest, qui prévoit la mise en place d’un « gouvernement d’union nationale composé de personnalités consensuelles », a dénoncé alors le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR, opposé au putsch) dans un communiqué.
Le front favorable au coup d’Etat militaire, le Mouvement populaire du 22 mars (MP22), a lui aussi critiqué en ces termes : « ce gouvernement n’est aucunement celui d’union nationale tel que voulu» par l’accord-cadre du 6 avril. Le MP22 constate que ce gouvernement fait de larges places à des Maliens, certes, mais des hommes plus engagés auprès de chefs d’Etat étrangers et des institutions régionales et internationales que dans la vie politique malienne ».
Leurs oppositions et leurs critiques viennent d’avoir raison du « mépris du Premier ministre » s’est félicité un vice-président du parti majoritaire, l’Adéma-PASJ, qui souligne que « le pauvre se trouve désormais dans de beaux draps car avec les limites budgétaires, il ne pourra pas composer un gouvernement pléthorique, donc il est obligé de se séparer de ses copains et autres proches de l’ancien chef de l’Etat, le général Moussa Traoré ». Reste qu’il ne peut rien entamer avant le retour du président de la transition, Dioncounda Traoré, en France depuis son agression dans ses bureaux par de badauds le 21 mai 2012. Même s’il est nanti de pleins pouvoirs, le PM ne peut pas signer un décret de nomination du gouvernement. Pour dire, il doit descendre de ses nuages.