«À défaut de prendre en compte les amendements du Mali tels que proposés par notre ministre des Affaires étrangères, le Mali se dissocie totalement de la rédaction proposée et exige le retrait pur et simple d’un chapitre qui lui ai consacré dans le projet de document final sur les résultats du Sommet de Kampala».
Cette déclaration est du ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Le colonel Abdoulaye Maïga, représentant le chef de l’État malien au 19è Sommet du Mouvement des non-alignés (MNA) qui se tient à Kampala (Ouganda) du 19 au 20 janvier, réagissait en ces termes à un chapitre contenu dans ce projet de document en lien avec l’accord pour la paix et la réconciliation et qui est totalement en déphasage et avec «la réalité du terrain» et avec «la réalité dans notre pays».
En effet, a précisé l’envoyé du président Goïta, en réaction au projet de document final, «notre ministre des Affaires étrangères a formulé des amendements qui ont été refusés par je ne sais qui et au nom de je ne sais quoi». Et la situation ne semble pas avoir évolué malgré les vives protestations d’Abdoulaye Diop lors de la Conférence des ministres des Affaires étrangères.
Il a prévenu : «Rejeter les amendements d’un État membre sur un sujet qui concerne avant tout cet État membre lui-même est un fait suffisamment grave qui alerte sur le danger qui guette notre organisation commune face aux velléités d’un pays d’imposer son agenda et s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État.» Ce comportement, «le chef de l’État du Mali que j’ai l’honneur de représenter ici ne le comprendrait pas, le peuple malien dont nous défendons les intérêts vitaux ne le comprendrait pas non plus», a-t-il insisté.
En ce sens que cette manière de faire tend à détourner nos organisations de leur vocation en pervertissant les valeurs et les principes qui les sous-tendent. «Cet incident de parcours est d’autant plus incongru que nous nous trouvons en terre africaine d’Ouganda, l’un des symboles forts de l’émancipation africaine et de la défense de la souveraineté nationale…»
Valeurs et principes panafricanistes aux noms desquels «la délégation malienne a effectué 6 heures de vol sans escale pour honorer l’invitation qui nous a été adressés par votre auguste personne», a rappelé le ministre d’État à l’attention du président ougandais.
En réponse aux doléances maliennes, le président entrant du MNA, le chef de l’État de l’Ouganda a assuré que les réserves du Mali seront prises en compte et citées dans les minutes du Sommet. Le président ougandais a également assuré qu’il sera également fait mention que le Mali n’a pas approuvé le projet de document soumis à l’approbation des chefs d’État et de gouvernement. Yweri Museveni a promis que ce chapitre sera retiré lors du prochain Sommet.
Cela «conformément aux règles et procédures de l’organisation», a expliqué un expert que le nouveau président du MNA a interpellé séance tenante. Interrogée également, la délégation algérienne que tous soupçonnent d’être à l’origine de cet amendement a, par la voix de son Premier ministre, nié toute implication en la matière.
En tout état de cause, le ministre Maïga a alerté : «À l’avenir, il est important de revoir le fonctionnement de notre Mouvement pour plusieurs raisons : lorsqu’un chapitre porte sur un État membre, il est vital d’obtenir par écrit le consentement de l’État ainsi que le pays qui est à l’origine du chapitre.» Aussi a-t-il ajouté que les règles et procédures ne peuvent pas être plus importantes que la souveraineté des États membres. «Sans changement de ces règles, la probabilité de raser la tête d’un État membre en son absence est forte. Ce qui ressemble à de la sorcellerie», a caricaturé le ministre d’État.
Qui a, par ailleurs, réitéré la disponibilité du Mali à coopérer avec les gouvernements et les organisations qui le souhaitent souvent les trois principes qui guident l’action publique en République du Mali édictés par le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, à savoir «le respect de notre souveraineté, le respect de nos choix de partenariat et de nos choix stratégiques ainsi que la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions». Il soulignera ensuite l’attachement du Mali au respect des valeurs et objectifs du Mouvement des non-alignés en cohérence avec les principes qui guident l’action publique au Mali.