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Edito : Le Dialogue inter maliens risque d’être un monologue entre partisans de la transition.
Publié le lundi 29 janvier 2024  |  L'Alternance
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Les régimes s’assemblent et se ressemblent tous en partie dans la manière de gérer le pays. En effet, après la Conférence d’Entente Nationale, CEN, le Dialogue National Inclusif, DNI, les autorités de la transition viennent d’annoncer l’organisation d’un Dialogue Inter Maliens. Cet énième forum va-t-il permettre de corriger les lacunes et failles des précédents foras ? Nul ne saurait avoir des éléments de réponse tangibles, car avec la nouvelle donne, celle relative à la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il est fort à parier que ce dialogue ne sera pas non seulement inclusif et ne règlera pas le problème de fond. En effet, tous les acteurs majeurs aux conflits qui ont pignon sur rue au Mali depuis 2012 ne prendront pas part à cette rencontre. Certains comme les membres du CSP/PSD ex CMA sont d’ores et déjà considérés comme des terroristes donc exclus d’office de ce forum. Sachant bien que les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets, tous les grands observateurs s’accordent à dire que ce dialogue sera une grande retrouvaille entre les partisans de la transition et pour un monologue, sans évidemment trouver des solutions idoines à la sempiternelle question des conflits inter et intracommunautaires maliens. La seule différence fondamentale que l’on pourrait faire entre le futur dialogue et les deux précédents c’est sans nul doute le caractère purement national sans interférence ou supervision de l’extérieur. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si ce dialogue ne va pas ressembler à tous les autres dialogues, à savoir des belles résolutions et recommandations qui finiront par dormir dans les tiroirs des autorités.

Pour rappel, deux grands dialogues ont été organisés sous le régime IBK. D’abord la Conférence d’entente nationale, ensuite le Dialogue National Inclusif. Si l’objectif global de la conférence d’Entente nationale était de permettre un débat approfondi entre les différentes composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit et qui ont des répercussions sur la paix, l’unité, la cohésion et la réconciliation nationale. Elle a également d proposé des solutions durables pour éviter la répétition des conflits. Aux termes des débats, une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale au Mali a été élaborée pour ensuite être envoyée sur les calendes grecques. Quant au Dialogue National Inclusif, il visait à favoriser une décrispation de la crise sociopolitique et sécuritaire que traverse le pays. Il avait été considéré comme une véritable opportunité d’ausculter le pays pour voir quel est son mal d’où vient-il et comment le soigner. Ce dialogue était souhaité par une écrasante majorité des maliens pour trouver des solutions pertinentes aux problèmes qui plombent le Mali. Théoriquement nul ne pourrait douter de la pertinence de ces assisses qui offraient aux maliens, unis par les mêmes convictions et le désir de vivre ensemble, une belle opportunité de consolider le ciment de l’unité nationale. Un fait inoubliable a marqué ce dialogue c’est la participation de l’ancien Président de la République ATT, et surtout celle des ex rebelles et enfin de toutes les couches sociopolitiques Y compris une partie de l’opposition politique.

Ces deux foras n’ont pourtant pas souffert de problème de légitimité, mais au résultat force est de constater qu’ils n’ont pas produit les résultats escomptés, car les problèmes ont demeuré pour ne pas dire qu’ils se sont exacerbé au point de faire perdre à l’Etat central le contrôle de plus de 2/3 du territoire. La Conférence d’entente nationale et le Dialogue national inclusif ne sont pas venus à bout de la crise multidimensionnelle qui a pignon sur rue au Mali depuis 2012. Cet autre dialogue en perspective s’inspirera-t-il des précédents pour corriger toutes les failles afin que la bataille de l’inclusivité et du consensus soit gagnée. Ensuite qu’il soit véritablement le début de la fin des conflits inter et intracommunautaires voir maliens pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale. Là également le gouvernement vient de rater un tournant décisif avec cette décision unilatérale relative à la fin de l’Accord. Donc l’inclusivité tant souhaitée ne serait qu’un leurre si tous les acteurs ne participaient pas au dialogue

En somme, si l’initiative en soit n’est pas mauvaise, les risques qu’il soit un dialogue de trop sont très visibles et palpables. Il revient aux initiateurs de réunir les conditions d’un dialogue véritablement national au grand bonheur du peuple.

Youssouf Sissoko

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