La présentation des vœux du nouvel an a été l’occasion pour le chef de l’Etat de passer en revue l’ensemble des problèmes auxquels l’Etat malien fait face en ce moment. Si 2023 a consacré le retour définitif de Kidal dans le giron malien, 2024 débutant va consacrer sans langue de bois la caducité d’un accord signé en 2015, accord qu’on peut qualifier de hold-up du siècle, car n’ayant jamais été la volonté du peuple.
Il n’a pas fait l’objet d’un examen par l’Assemblée nationale d’alors. Il n’est un secret pour personne au Mali que cet accord a été arraché au pouvoir d’alors avec des parrains dont le dessein inavoué n’était pas la pacification du pays mais sa partition programmée. Quand le chef de l’Etat déclare que “l’unicité, la laïcité de l’état et l’intégrité du territoire” ne seront pas à l’ordre du jour, ceci dénote que les autorités de la Transition sont prêtes au dialogue national, inclusif dont l’objectif est de rassembler tous les Maliens autour d’une nation où toutes les forces vives, du Nord au Sud, d’Est en Ouest se mettront ensemble pour atteindre les objectifs de développement.
Le contexte de ce dialogue est particulier et se passe à un moment où l’Etat central arrive à imprimer les marques nécessaires pour imposer la paix. Les initiatives de paix antérieures ont été mises en mouvement beaucoup plus pour permettre à l’Etat central de ne pas perdre la face. Mais face à la conjugaison de paramètres qui l’empêchaient d’être le maître du jeu.
Il faut rappeler que ces accords sont intervenus après une cuisante défaite de l’armée malienne à Kidal. Cette proposition de dialogue dans une ambiance de souveraineté retrouvée sonne comme la seconde phase de toute lutte de libération, c’est-à-dire la possibilité de pouvoir ressusciter cet idéal commun de développement et de vivre ensemble tel qu’il a existé et tel qu’il a été initié par les pères fondateurs de la République.
Le Mali nouveau pour lequel les Maliens se sont battus ces derniers mois ne peut se construire dans une ambiance de confusion et l’accord d’Alger apparaît sans doute comme la plus grande menace pour l’intégrité territoriale et l’unité nationale.
Les Maliens, épris de paix et de justice n’aspirent qu’à une chose : que tous les fils et filles du Mali se retrouvent autour d’un dialogue franc, sincère et patriotique pour envisager la consolidation de l’intégrité territoriale du Mali et de son unité nationale.
Les Maliens héritiers d’une longue tradition de paix ne seront pas opposés à un dialogue avec les compatriotes qui ont pris les armes pour une raison ou une autre mais ils veilleront avec une détermination froide et surtout dans une communion avec son armée pour que force reste au Mali un et indivisible.
Le Mali des années 1980 et 1990 n’est pas comme celui des années 2020. Le contexte géopolitique a changé avec en toiles de fond une remise en cause quasi générale des différents ordres établis depuis les années d’indépendance. Cette nouvelle donne est un levier efficace pour le changement.
Autant les Maliens tiennent à l’intégrité territoriale de leur pays, autant ils seront exigeants face aux nombreux autres défis autant importants pour la survie de la nation. La lutte contre les détournements de deniers publics doit-être la seconde priorité après la conquête de l’indépendance totale. Le gouvernement doit agir avec fermeté pour que les résultats du combat contre la mauvaise gouvernance ne soient pas comme ceux des régimes précédents.
MICRO-TROTTOIR
L’avis des Maliens sur le dialogue
Dans ce micro-trottoir, les Maliens donnent leurs avis sur le dialogue direct inter-malien.
Moussa Konaté (pharmacien) :
“Je trouve que ce dialogue initié le président de la Transition est une bonne chose qu’il faut saluer. Il permet à tous les Maliens de dire librement ce qu’ils ont à dire vers la marche d’une réconciliation nationale entre toutes les filles et tous les fils du pays”.
Mossa Ag (commerçant) :
“Beaucoup de sang a coulé durant ces dix ans de crise au Mali que ce soit au nord, au centre. Il est temps que les Maliens s’asseyent pour dialoguer et faire des compromis pour aller vers une réconciliation nationale. A mes frères de la CMA, je demande qu’ils regagnent ce processus de dialogue inter-malien car, avant tout, ils sont maliens.”
Ibrahim Sidibé (observateur) :
“Je pense que les Maliens ont tout dit lors des Assises nationales de la refondation. Il faut juste mettre les recommandations assorties des Assises-la en application. Pourquoi encore un dialogue inter-malien ? Il faut vraiment qu’on avance pour sortir de cette Transition”.
Nana Touré (ménagère) :
“Le Mali a toujours été un pays de dialogue. D’ailleurs c’est ça qui fait sa force et sa grandeur. Discutons en nous c’est la meilleure des manières pour prôner la paix. C’est ça qu’Assimi Goïta a compris en initiant ce dialogue direct inter-malien pour favoriser une paix durable et une réconciliation sincère basée sur la confiance entre les communautés sous la protection de l‘Etat”.