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Edito : Retrait de la CEDEAO du Mali, du Burkina et du Niger, mais pour quelle fin ?
Publié le lundi 5 fevrier 2024  |  L'Alternance
64e
© Présidence de CI par DR
64e Sommet ordinaire de la CEDEAO à Abuja
Dimanche 10 décembre 2023. Le 64e Sommet ordinaire des Chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO s`est tenu à Abuja
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Les trois régimes issus du coup d’Etat continuent allègrement leur marche vers des horizons inconnus. Après la création de l’Alliance des Etats du sahel, AES, Le Colonel Assimi Goita du Mali, le Capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso et le Général Abdouramane Tiani du Niger ont décidé de retirer leurs pays avec effet immédiat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO. C’est par un communiqué conjoint lu sur les chaines de télévisions nationales des trois pays que les peuples ont été informés de la cruciale décision du retrait de la CEDEAO, au double motif que l’organisation sous régionale aurait trahi les principes qui ont été à la base de sa création et qu’elle serait à la merci des puissances non membres de la CEDEAO. Si la décision a été applaudie par une frange importante des peuples de trois pays, elle ne manque pas de susciter beaucoup d’interrogations et surtout d’inquiétudes chez d’autres, qui voient en cette décision un coup de massue à leurs pays. La première interrogation est celle qui consiste à dire pourquoi cette décision en ce moment ? Cette question vaut son pesant d’or surtout quand on sait bien que les transitions s’acheminent vers la fin avec, en principe l’organisation des élections et le retour à l’ordre constitutionnel. Il aurait été mieux qu’une telle décision soit prise par des régimes beaucoup plus légitimes, c’est-à-dire issus des urnes. Donc l’on pourrait en déduire que la tenue des élections est renvoyée aux calendes grecques et que les chefs d’Etats des trois pays n’ont ni la volonté encore moins l’intention de rendre le pouvoir de sitôt aux civils.

La deuxième interrogation est celle qui est relative au manque de concertations des forces vives et même des institutions en amont avant de prendre une telle décision qui engage la nation entière. Organiser des larges consultations avant de prendre une telle décision serait gage de sureté, de partage de responsabilité et d’implication des forces vives. En prenant seuls la décision les trois présidents se seraient exposés et assumeraient la lourde responsabilité devant l’histoire. Donc en cas de fiasco ils répondront de leurs faits.

La troisième question non moins importante est celle de la conformité de cette décision aux principes statutaires de l’organisation. Pour beaucoup d’analystes si chaque Etat membre a le droit de se retirer de la CEDEAO, cette décision doit obéir à des critères comme la saisine de l’organisation par une notification qui devra être examinée pendant une durée d’un an. Selon nos informations ce principe n’a pas été respecté d’où le communiqué de la CEDEAO qui dit avoir appris sur les chaines de télévision du Mali, du Burkina Faso et du Niger la décision de retrait des trois pays de la CEDEAO et qu’elle n’a nullement été saisie par les Etats concernés. C’est après le communiqué, nous a-t-on dit, que les trois Etats ont saisi la CEDEAO par une notification. Cette hâtive décision ne cache-t-elle pas mal d’autres intentions ? Nul ne saurait répondre à cette question à la place de ceux qui l’ont prise, mais la décision ne manque pas non plus de susciter des inquiétudes légitimes de la part des peuples. La première inquiétude est la durée des transitions dans les trois pays. Prévue pour une courte durée, tout porte à croire qu’avec cette décision les trois présidents n’ont ni la volonté, ni l’intention d’organiser les élections aux dates prévues, d’où un Contrat à Durée Indéterminée, CDI pour les régimes. L’une des conséquences de la longue durée d’une transition pourrait être l’exacerbation de la crise sociopolitique qui pourrait déboucher à des situations non enviables. La deuxième grosse inquiétude serait les sanctions que la CEDEAO et toutes les autres organisations régionale ou internationale comme l’UA et même le conseil de sécurité des Nations Unies. Celles-ci pourraient infligées aux trois Etats des sanctions sévères pour non- respect des engagements. La troisième et non moins importante inquiétude serait sans nul doute les conséquences du retrait de ces trois Etats qui ont la particularité d’être tous continentaux et dont l’économie dépend en grande partie de l’importation. Les opérateurs économiques commencent à s’inquiéter car les tarifs douaniers communs aux Etats de la CEDEAO vont disparaitre et qu’ils seront soumis à des nouveaux tarifs qui, probablement, seront élevés et auront des incidences sur les prix des marchandises et autres denrées de première nécessité.

En définitive, souhaitons que cette décision soit seulement une menace pour pousser les leaders de la CEDEAO à négocier encore avec les régimes de Bamako, Ouagadougou et Niamey afin de revoir le calendrier et éviter des nouvelles sanctions.

Youssouf Sissoko
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