29 janvier 2016-29 janvier 2024 ! Il y a 8 ans que notre confrère Birama Touré disparaissait dans des conditions non encore élucidées. Ouverte au niveau du Tribunal de Grande Instance de la Commune IV du District de Bamako, l’information judiciaire a été confiée à un juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance de la Commune VI.
Au-delà de l’enquête préliminaire ouverte aux premières heures de cette mystérieuse disparition, la fiancée de Birama Touré, Mlle Hawa Diallo, a porté plainte contre X, en mars 2019, soit trois ans après les faits, devant le Tribunal de Grande Instance de la Commune IV.
A l’occasion du 8è anniversaire de la disparition, Reporters sans frontières (RSF) a fait des révélations dans un document mis en ligne, le 29 janvier 2024, sur son site internet. L’Ong de défense des journalistes et de la liberté de la presse souligne : «à ce jour, seul l’ancien patron du service de renseignement intérieur malien, le général Moussa Diawara, a été arrêté». Faut-il rappeler, en effet, que le Général Moussa Diawara a été interpellé, le 29 juillet 2021 et placé sous mandat de dépôt par le doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance de la Commune IV dans le cadre de cette affaire. «La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) se réjouit de l’interpellation d’un haut gradé de l’armée malienne dans l’affaire de disparition du journaliste Birama Touré et souhaite qu’avec cette arrestation, toute la vérité sera connue. Nous félicitons le courage de la justice malienne qui a décidé à nouveau d’aller au bout de l’enquête, pour permettre d’aller au procès».
RSF note que «officiellement, le fils de l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, reste rechercher par la justice malienne, mais le mandat d’arrêt international émis contre lui n’a jamais été exécuté». «En protégeant de nombreux responsables de leurs forces de sécurité soupçonnés d’être impliqués dans la disparition du journaliste Birama Touré, les autorités maliennes font obstacle à la manifestation de la vérité. La plupart de ces personnes occupent des fonctions officielles. Certaines ont même été promues ou décorées ces dernières années, alors même qu’elles sont recherchées pour des faits d’une extrême gravité. C’est sidérant. La junte a-t-elle utilisé la disparition de ce journaliste pour écarter le fils de l’ancien président et un général puissant ? Nous demandons au gouvernement malien d’accéder aux demandes de sa propre justice et de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire», a souligné Arnaud Froger, responsable du bureau investigation de RSF.
« Selon une lettre datée du 28 mars 2023 consultée par RSF, le juge chargé du dossier à l’époque, a demandé au ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, de mettre à disposition six militaires inculpés dans cette affaire et soupçonnés d’avoir joué un rôle dans la disparition de Birama Touré. Au moins trois demandes similaires avaient déjà été adressées auparavant. En vain… », précise le document de RSF consultable en ligne.
Si la lenteur observée est regrettable, le silence, voire l’indifférence de la corporation à laquelle appartenait Birama Touré est encore sidérant. La Presse a le devoir de ne pas oublier cette affaire qui continue de suivre le Mali. Justice pour Birima Touré !!!