Une délégation spéciale est un frein pour le développement d’une commune. Aujourd’hui, en violation des textes, l’administration est en train de jouer le rôle de la justice. Si le Maire a fauté, faut-il sanctionner tout le Conseil communal élu ? En tout cas, cette poudre de perlimpinpin en dit long, quand à la volonté des autorités à ne pas vouloir organiser les élections et de vouloir gouverner par affinité dans toutes les instances du pays. Si aucune autorité n’est encore élue dans notre pays, on appelle cela la dictature.
Aujourd’hui, le Président de la Transition n’est pas élu. Les membres du Conseil National de Transition, qui jouent le rôle des députés à l’Assemblée Nationale ont été nommés par décret présidentiel. Les Conseils de Cercle ont été dissout au profit des Communes. Et bientôt, notre pays aura peu de Maires élus. Les Conseils régionaux ne dérogent pas à cette règle des autorités de la transition. Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation veut mettre un frein au développement local en instituant des délégations spéciales dans la majorité des collectivités territoriales du pays, après la suppression des Conseils de cercle. Il y a des procédures à suivre dans toutes choses. Concernant la gestion d’une Mairie, s’il y a des détournements, c’est généralement le Maire qui est indexé car signataire des mandats dans la majorité des cas. Pourquoi dissoudre l’ensemble du Conseil Communal à cause de la faute d’une seule personne ? Il y a des avertissements, des blâmes, des suspensions et même des destitutions des Maires fautifs qui sont possible. Mais le Conseil peut le remplacer et la commune ne s’arrêtera pas. Pourquoi le ministre de l’administration territoriale jouit-il de cet abus de pouvoir ? Pourquoi l’administration joue-t-elle le rôle de la justice ? Et d’ailleurs, les Conseils déchus peuvent porter plainte au niveau de la justice. Pourquoi, à part Adama Bérété de la Commune IV du district, aucun maire n’a encore porté plainte à la justice pour abus de pouvoir ?
Aussi, une délégation spéciale est un frein pour le développement local. Les nouveaux locataires nommés des Mairies, généralement ignorants des systèmes ne sont chargés que de gérer les affaires courantes. On le sait, les textes sont révisés à l’Assemblée Nationale lors des sessions. Aujourd’hui, cette Assemblée est aussi composée d’éléments nommés. Les autorités de la transition peuvent attribuer à ces délégations spéciales, dans les jours à venir, les prérogatives des conseils communaux élus. Cela aussi constituera une violation des textes en vigueur concernant le code des collectivités territoriales.
Ainsi, il faut accélérer l’organisation des élections communales pour que les délégations spéciales ne soient pas un frein pour la démocratie aussi. Une délégation spéciale doit être une transition de courte durée. Mais quand elle fait le temps d’un mandat normal, elle met fin à la démocratie, au niveau local.
D’après nos constats, les personnalités choisies pour diriger les communes sous le coup d’une délégation spéciale sont souvent des militaires, des administrateurs, etc. Ils doivent apprendre encore le mode de gestion d’une Mairie. La gestion d’une commune est très complexe. C’est comme un mini-Etat. Il y a des services rattachés, des services techniques et des structures parallèles qu’il faut diriger. Comment un militaire peut-il accomplir cette tâche, sans une formation approfondie d’au moins six mois ? Comment un administrateur civil, généralement au chômage, peut-il relever le défi de la gestion d’une Commune ?
On le sait, une administration communale paralysée est généralement synonyme de détérioration des services sociaux de base. Donc, c’est la population, à la base qui souffrira de ce système irréfléchi.
En effet, les Maires n’inspirent pas confiance, généralement dans notre pays. Quand il y a un problème lié aux détournements de fonds, tout le monde accuse le Maire d’être responsable de ce détournement. Mais il faut reconnaitre que cette manière de dissoudre un ensemble élu pour nommer des Maires, est une violation trop flagrante. Pour le cas de la Mairie du District, Adama Sangaré peut être sanctionné, mais les autres membres du Conseil Régional du District peuvent élire à l’interne, un remplaçant. Adama Bérété, dans le Commune IV peut être destitué, mais son Conseil peut le remplacer par un élu. Yoro Ouologuem à Kati peut perdre sa place, mais un élu peut le remplacer à l’interne, etc. Le fait d’imposer coûte que coûte une délégation spéciale peut être révélateur de la volonté des autorités de la transition à vouloir tout contrôler et à mettre fin au partage du pouvoir. Cela mettra fin, par la suite au semblant de démocratie dont jouit notre nation depuis bien longtemps.
En tout cas, Charles de Montesquieu a prévenu : « Plus d’Etat ont péri parce qu’ils ont violé les mœurs que parce qu’on a violé les lois ». Dans cette posture, le ministre de l’Administration Territorial et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, ne viole-t-il pas les mœurs aussi, même si les Maires, victimes de son système ont violé des lois ? Le fait que ce problème soit plutôt juridique qu’administratif ne donne-t-il pas lieu de penser qu’il fait un abus de pouvoir ? L’heure est donc très grave !
Un Maire est un élu. Il est élu avec l’ensemble du Conseil Communal. Le fait de dissoudre l’ensemble du Conseil communal est un problème de violation des us.
La seule solution pour sauver les collectivités locales aujourd’hui, c’est l’organisation des élections communales. Mais les autorités de la transition vont seulement se limiter à l’organisation de la Présidentielle. D’ailleurs, cela aura-t-il lieu dans ce quinquennat ?