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Retrait des états de l’AES de la CEDEAO : Pourquoi l’après-communauté ne sera pas douloureuse
Publié le jeudi 8 fevrier 2024  |  l'Aerte
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La fin de l’appartenance des Etats de l’AES à la Communauté économique des Etats d’Afrique Occidentale (Cedeao) a poussé les autorités à parler. Ainsi, l’altermondialiste, Aminata Dramane Traoré, n’est plus seule à décrire l’aliénation économique que constitue l’espace Cedeao, devenu un marché de consommation pour des industries étrangères.

Un Conseil extraordinaire des ministres s’est tenu à Koulouba sur « les raisons et opportunités du retrait du Mali de la Cedeao ». Cette rencontre a clairement indiqué que le gouvernement a choisi un modèle économique totalement opposé à l’ultralibéralisme. En plus des autorités, d’autres observateurs de la Cedeao mettent en avant la faiblesse de l’organisation régionale ouest-africaine.

Le président Assimi Goïta a présidé le 29 janvier 2024, ce conseil extraordinaire qui consacre le divorce entre le Mali et la Cedeao. L’ordre du jour portait sur les raisons et les opportunités du retrait du Mali et des autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

A en croire le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, le retrait offre des opportunités économiques aux pays de l’Alliance des États du Sahel. Désormais, le Mali a la possibilité de développer un marché intérieur fort, stimulant la croissance économique et assurant une autonomie politique et économique.

Les avantages financiers ne sont pas à négliger, notamment en termes de balance commerciale et d’investissements directs étrangers qui découlent de cette décision. On peut parler ainsi de la flexibilité nouvellement acquise pour négocier avec d’autres pays et la capacité de protéger les entreprises locales. Le ministre de l’Economie et des Finances a ensuite rappelé que le Mali avait surmonté des défis par le passé et exprimé sa confiance dans la résilience et l’intelligence du pays pour prendre en main son destin.

Cette séparation des biens va permettre à la Douane malienne de reprendre les recettes qu’elle avait perdu avec l’application des réformes communautaires comme le certificat d’origine Cedeao ou encore le tarif extérieur commun. Les ministres ont souligné que cette décision de retrait de la Cedeao ouvrait des perspectives considérables pour l’autonomie politique et économique des pays de l’AES, tout en soulignant la nécessité de travailler ensemble pour concrétiser les objectifs de refondation initiés par les plus hautes autorités.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a souligné que le retrait des trois pays, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger de la Cedeao était une décision nécessaire en raison de la menace que cette organisation représentait pour la souveraineté et les intérêts vitaux de ces nations. Il a indiqué que la Cedeao avait été détournée de ses principes fondateurs et utilisée malheureusement contre les institutions, les États, et les populations des pays membres.

Le chef de la diplomatie a ajouté que les chefs d’État avaient pris cette décision dans l’intérêt de la survie des pays concernés, mettant en avant les trois principes énoncés par le président de la Transition : le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des choix des partenaires opérés par le Mali, la défense des intérêts vitaux du peuple malien dans les décisions prises. Il a aussi souligné la nécessité pour les pays de travailler dans leur intérêt, en dehors des influences extérieures néfastes.

Les décisions impopulaires de la cedeao

Certes la décision de retrait des Etats de l’AES n’a fait l’objet d’aucune consultation au préalable des organes législatifs de transition existants au Mali et au Burkina Faso. Mais elle est loin d’être une surprise pour les observateurs politiques après les sanctions de l’organisation contre le Mali et la décision d’une intervention militaire au Niger. Selon Gilles Yabi, économiste et analyste politique les chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao qui sont issus des processus politiques internes de leurs pays, plus ou moins démocratiques, plutôt moins que plus, portent une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de l’organisation régionale et dans la montée de son impopularité au sein des populations de la communauté.

Les pires erreurs ont été sans doute été la menace de l’intervention militaire au Niger avec une décision officielle d’activation de la force en attente et les sanctions économiques extrêmement sévères contre le pays dont les indicateurs de développement humain sont les plus faibles de la région. Ces décisions et une communication qui a ignoré l’état des opinions dans les pays du Sahel ainsi que les conditions politiques qui ont favorisé la prise de pouvoir des militaires, ont été incroyablement contre-productives. « Nous avons alerté en vain depuis deux ans les décideurs de la Cedeao sur la nécessité d’une approche plus subtile, plus diplomatique et plus attentive aux conditions économiques et sociales des populations des pays sahéliens », a-t-il dit.

Selon lui, le retrait de la Cedeao pour le moment ne s’accompagne pas d’une annonce de retrait de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest, Uemoa dont le niveau d’intégration est beaucoup plus élevé que celui de la Cedeao. Les huit pays membres de l’Uemoa, dit-il, ont en partage une monnaie commune, le franc CFA, impopulaire mais toujours bien réel, et dont on ne pourra se débarrasser que lorsqu’on aura construit une alternative crédible, préparée pendant plusieurs années.

« Un retrait de l’Uemoa, qui serait pourtant plus cohérent avec le rejet de l’influence française sur les affaires ouest-africaines, aurait des conséquences économiques, financières et politiques considérables pour les trois pays et pour les autres. C’est tout le système financier intégré au niveau de l’Uemoa qui serait bouleversé », a-t-il laissé entendre.

Nouhoum DICKO
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