Si une frange importante du peuple a considéré la création de l’Alliance des Etats du Sahel, AES, comme une aubaine pour les pays du sahel, en proie au terrorisme, la décision de retrait du Mali de la CEDEAO n’enchante guère la grande majorité des maliens, qui voient en cette décision une volonté manifeste de se maintenir au pouvoir plutôt que de défendre les intérêts du peuple. Sans nul doute que l’AES est une alternative crédible au G5 sahel pour lutter efficacement contre le terrorisme qui écume le sahel depuis plus 10 ans, c’est pourquoi l’initiative de sa création a été saluée par une frange importante du peuple qui fonde de l’espoir en elle en vue de voir le vaste territoire sahélien débarrassé des fléaux qui annihilent tous les efforts de paix et de développement. Il est plus que nécessaire, voire indispensable de mutualiser les moyens et les ressources pour combattre efficacement et durablement le terrorisme.
En effet, alors qu’on attend toujours de voir les premiers véritables résultats de l’AES pour savoir si les fruits ont tenu la promesse des fleurs et que les initiateurs n’ont pas plus agi par pulsions et par instinct de survie que pour préserver les intérêts de leurs peuples et lutter contre le terrorisme, une autre décision, celle du retrait des trois pays de l’AES de la CEDEAO a été annoncée par les trois régimes ; Malien, Burkinabé et Nigérien. Les autorités de trois pays auraient dû consolider les acquis en termes de gains militaires sur le terrain contre les terroristes, avant d’éparpiller les efforts pour éteindre les foyers qu’elles ont ouvert en multipliant les fronts.
En effet, la décision de quitter la CEDEAO est sans nul doute le début d’une autre crise qui vient rallonger la longue liste des crises que les trois pays traversent en ce moment. Fort heureusement, les peuples n’adhèrent pas à cette décision qui est à leurs yeux une énième tentative de noyer le poisson dans l’eau. Comment trois pays sans littoral et dont l’économie dépend en grande partie de l’importation, peuvent-ils se dissocier des autres pays pour constituer un bloc contre l’ensemble sous-régional qu’est la CEDEAO? En tout cas au Mali la tendance est au rejet de cette décision. La preuve de ce rejet est le boycott du meeting dit de soutien à la décision de retrait du Mali de la CEDEAO. Il n y a pas que ce meeting qui est un indicateur du désaveu, mais même les couches sociopolitiques comme les opérateurs économiques et une partie de la classe politique, n’adhèrent pas à cette décision qui est selon eux suicidaire pour l’économie et isole davantage le pays. Cette décision, selon beaucoup d’observateurs, mettra à vau l’eau plus de 40 ans d’efforts consentis par les Etats pour bâtir un ensemble économique sous régional viable et fiable. Pour rappel la CEDEAO fait des émules en Afrique et même dans le reste du monde à cause des avancées dans l’intégration des peuples de ce vaste espace. Elle a certes des failles, mais elle demeure l’organisation sous régionale la plus crédible en Afrique.
Donc il revient aux autorités des trois pays de reconsidérer leur position en renonçant non seulement à se retirer de la CEDEAO, mais aussi et surtout à revenir au sein de la grande famille sous régionale qui est la CEDEAO, afin de corriger tous les manquements et failles de l’organisation pour qu’elle redevienne la CEDEAO des peuples avec une monnaie commune, un marché commun et une libre circulation des personnes et de leurs biens sans aucune entrave. Ne dit-on pas que c’est l’union qui fait la force ?