À partir du 2 avril 2024, le mandat de Macky Sall s’achève dans un lourd climat d’incertitude sur la tenue de la présidentielle et la stabilité même du pays. En effet, à la veille du lancement de la campagne, il a annoncé avoir signé un décret qui abroge celui convoquant le collège électoral. Ensuite, il a fait voter par l’Assemblée Nationale, acquise à sa cause, la prolongation de son mandat jusqu’au mois de décembre 2024.
Une décision gravissime qui plonge le Sénégal dans une situation inédite. Nombreux sont d’ores et déjà ses concitoyens à déclarer ne plus le reconnaître comme Chef de l’Etat, à partir du 2 avril. Visiblement le Sénégal est en train de glisser vers un régime d’exception. Faut-il craindre de voir les Forces de Défense et de Sécurité y jouer un rôle prépondérant dans les prochains jours ?
Sale temps donc pour Macky Sall, en rupture avec la constitution de son pays. Son fameux Décret de report des élections semble dépourvu de tout poids juridique, du fait qu’il n’a pas été contresigné par Premier ministre, Amadou Bâ, candidat à l’élection présidentielle. Autre chose qui l’enfonce davantage : en décidant de prolonger de facto son mandat jusqu’en décembre 2024, ne se fait-il pas rattraper par l’Assistance vidéo à l’arbitrage, ‘’Vidéo Assistant Referee’’ : la VAR, comme lors d’un match de football ? Lui qui clamait haut et fort qu’aucune disposition constitutionnelle ne permettait au président sénégalais d’augmenter (même pas d’une journée) son mandat !
Conséquence, le voilà qui fait face à une insurrection populaire sous la houlette de nombreux ténors de l’opposition, des Organisations de la Société civile, des organisations religieuses.
Ainsi pour des raisons personnelles et de calcul politicien, il n’a pas hésité à perpétrer le crime de se dédire. Pour plus d’un, Macky est coupable de parjure et, aussi, d’avoir ‘’sali’’ la vitrine de la démocratie. Certains de ses détracteurs le voient en train de jouer à la prolongation de son mandat, pour neutraliser les candidats de l’opposition susceptibles de gagner la présidentielle. D’autres soutiennent qu’il a un deal avec son mentor visant à le faire succéder par Karim Wade à la tête de l’Etat. Aura-t-il tous les moyens de ses ambitions ? Il bénéficie pour l’heure du soutien de l’armée et de la gendarmerie. Mais jusqu’à quand ? Wait and see !