La transition malienne est à l’épreuve du temps. Après près de quatre ans de gestion du pouvoir, le Colonel Assimi Goita fera désormais face à une opposition prête à l’affronter à visage découvert. En effet, le centre qui porte le nom de l’Imam Dicko, sis à Baco Djicoroni a servi de cadre le samedi 17 février 2024, pour un point de presse du tout nouveau mouvement dénommé la Synergie d’Action pour le Mali. Composé de la CMAS, du Mouvement JIGUIYA KOURA, de Kaoural Renouveau international, du Mouvement Wuli Ki Djo Mali Ye, pour ne citer que ces quelques entités politiques, la désormais nouvelle opposition entend mener, par tous les moyens légaux, le combat pour le retour à l’ordre constitutionnel. Une déclaration a sanctionné le point de presse. A l’absence des grandes formations politiques doit-on minimiser ces entités ? Va-t-on assister véritablement à la naissance d’une nouvelle opposition à la transition au Mali ? Le Président de la transition va-t-il descendre de Koulouba pour rencontrer ce nouveau mouvement afin de trouver un compromis sans compromission ?
Après un diagnostic sans complaisance de la situation du pays, les partis et mouvements de la synergie d’action pour le Mali ont fini par tirer une conclusion qui dépeint en noir le tableau du Mali, avant de lancer un vibrant appel au peuple à se joindre à eux pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Dans leur déclaration ils estiment que depuis le 20 Août 2020 le pays reste confronter aux défis d’insécurité, de corruption, de Népotisme, de mauvaise gouvernance et surtout de la restriction de la liberté d’expression et d’association. Ces tares ont été entre autres raisons qui ont poussé le peuple souverain à se lever contre le régime IBK. Après près de 3 ans de gestion du pouvoir force est de constater que les attentes du peuple sont loin d’être satisfaites, pire la triste réalité est que les autorités de la transition peinent à trouver des solutions appropriées à la crise multidimensionnelle que connait le pays, pouvait-on lire dans leur déclaration. C’est fort de ce tableau noir que les hommes et les femmes soucieux du devenir de la Nation et en quête d’un véritable changement pour le Mali ont décidé de se rassembler et de parler d’une seule voix sur les questions d’intérêt national, ont-ils martelé. Avant d’affirmer que désormais la Synergie d’action pour le Mali propose une autre voie au peuple malien qui souffre. Le Mouvement a conclu par cette phrase : Il s’agit dorénavant et dans l’urgence de sauver le pays en danger avec la gestion des autorités de la transition qui ont montré leurs limites.
Le point de presse s’est achevé par un appel à toutes les filles et tous les fils du Mali à se joindre à la synergie afin de sauver par tous les moyens légaux, la patrie en danger. Ce message va-t-il tomber dans des oreilles des sourds ? Les autorités doivent savoir le décrypter afin de l’analyser au microscope de leur laboratoire politique et d’apporter la réponse qui sied.
A l’absence des grandes formations politiques doit-on minimiser ces entités ?
Certains soutiens et analystes politiques véreux diront qu’en l’absence des partis comme l’ADEMA PASJ, l’URD, le RPM et le CNID Faso Yirawa Ton, qu’il n’y a point lieu de s’alarmer, car ces partis et mouvements ne sont l’ombre que d’eux même. Ce serait une grosse erreur de minimiser un mouvement de ce genre, même s’il n’est composé que des petits partis et des mouvements de faible représentation nationale. Aujourd’hui les thèmes qui sont susceptibles de rassembler les maliens ne manquent pas. Les blasés de la République et autres laissés pour compte sont nombreux. A cela s’ajoute l’usure du pouvoir. Toutes les conditions semblent réunies pour un vaste mouvement, pour ne pas dire un soulèvement populaire. La coupe est véritablement pleine et les arguments ne manquent pas pour mobiliser le peuple malien qui est las de cette difficile situation. La balle est dans le camp des autorités. Elles doivent décrypter ce message afin d’anticiper au mieux avant d’être surprises.
Va-t-on assister véritablement à la naissance d’une nouvelle opposition à la transition au Mali ?
Il ne fait l’ombre d’aucun doute, qu’après une longue période de léthargie de la classe politique, c’est certainement le réveil, bien que tardif. En effet, une partie de la classe politique, celle qui est très proche de l’Imam Dicko est désormais vent débout. Elle entend s’exprimer et dénoncer les tares de la société et marquer son territoire. Rien qu’à en juger par leur déclaration on peut affirmer sans risque de se tromper que nous allons assister à la naissance d’une nouvelle opposition, celle qui entend mener à visage découvert le combat politique jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel normal. Ce mouvement est un signal fort pour les tenants du pouvoir. Son évolution sera fonction du traitement que les autorités vont bien vouloir lui réserver. Aucune pression, ni brimade encore moins intimidation ne feront reculer ce mouvement. Donc autant prendre langue avec lui pour voir ce qui est mieux pour la démocratie et pour le Mali.
Le Président de la transition va-t-il descendre de Koulouba pour rencontrer ce nouveau mouvement afin de trouver un compromis sans compromission ?
Le Président de la transition le colonel Assimi Goita aura tout à gagner en acceptant de rencontrer la Synergie d’action pour le Mali. Il doit prendre langue avec les leaders de ce mouvement pour savoir leur état d’esprit et chercher à comprendre les revendications qui sont les leurs et apporter dans la mesure du possible les réponses à leurs questionnements. Assimi Goita ne doit non seulement pas mépriser ce mouvement, mais aussi et surtout le braver. En tant que père de la Nation, il a le devoir d’être à l’écoute de toutes les voix, même celles qui sont discordantes. Il doit réserver le strict respect et la considération et surtout prêter une oreille attentive à toutes revendications. C’est à ce prix et seulement à ce prix qu’il apaisera la tension politico-sociale.
En somme, les autorités doivent comprendre que cette nouvelle opposition est née après une analyse minutieuse de la situation du pays et surtout après un constat de manquements graves aux principes de la démocratie, des libertés et de l’état de droit.