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Souverainété alImentaire : Katilé tance les politiciens
Publié le lundi 19 fevrier 2024  |  Le Focus
Yacouba
© aBamako.com par DR
Yacouba Katile secrétaire de l`UNTM : " il faut voter Oui pour la nouvelle constitution qui est plus avancée que celle de 1991"
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Mécanisme du financement de l’agriculture, la conservation et la commercialisation de la production agricole, l’utilisation abusive des intrants chimiques par les paysans, l’avancée du désert vers le Sud, l’urgence de la reconstitution du couvert végétal... Autant de questions cruciales pour la survie de la
population et le développement économique sur lesquelles le président du Conseil économique, social, environnemental et culturel du Mali (CESC), yacouba Katilé, a interpellé nos politiciens à l’ouverture de la 5e session ordinaire de la 6e mandature de cette institution. C’était le 5 février 2024 à son siège, à Koulouba.

Conseiller les pouvoirs publics en matière économique, sociale, environnementale et culturelle ! Telle est l’une des missions essentielles du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESC) qui a compétence sur tous les leviers du développement de notre pays. Ainsi, plus que le projet de société
des élus, son Recueil annuel des attentes, des besoins et des problèmes de la société civile doit être
la boussole de la gouvernance politique d’autant plus qu’il est l’émanation de la volonté populaire.

Le devoir du président du CESC est ainsi d’interpeller qui de droit concernant le manque de vision
pouvant sérieusement compromettre le bien-être des populations et l’avenir du pays. Et le président de
cette institution, Yacouba Katilé, ne s’est pas soustrait à cette responsabilité à l’ouverture de la 5e session ordinaire de la 6e mandature de cette institution, le 5 février 2024 à Koulouba.

Pour la circonstance, le président du CESC, également secrétaire général de l’Union nationale des
travailleurs du Mali/UNTM, ne s’est pas retenu pour jeter une pierre dans le jardin de nos politiciens en
mettant clairement en évidence leur indifférence vis-à-vis des secteurs névralgiques ou des questions cruciales comme l’agriculture, l’environnement...

“Se taire si on ne sait pas dire ses vérités”, dit une sagesse de chez nous. Mais, M. Katilé n’a pas peur
de cracher ses vérités, surtout que c’était pour plaider en faveur de la souveraineté alimentaire qui procure plus de liberté au peuple en le mettant à l’abri des embargos extérieurs.

Mécanisme du financement public de l’agriculture, la conservation et la commercialisation de la production agricole, l’utilisation abusive des intrants chimiques par les paysans, l’avancée du désert vers
le Sud, l’urgence de la reconstitution du couvert végétal... Autant d’éléments liés à la souveraineté alimentaire qui ont fait de son discours un véritable coup de gueule pour dénoncer l’abandon d’un
secteur économique névralgique comme l’agriculture par les hommes et les femmes politiques
du pays.

Des gens qui, selon le syndicaliste chevronné, “feraient preuve de patriotisme” en prônant des actions
pour par exemple “protéger nos écosystèmes en péril pour cause de manque de protection et d’entretien”. Malheureusement, perdus dans les manigances pour se faire inviter au partage du gâteau, à travers les gouvernements d’union nationale, ils en font le cadet de leurs soucis.

Un “arrière-pays” des Etats côtiers “Les réflexions, les activités pour un gouvernement d’union nationale pour l’inclusivité sont vives, mais on n’a jamais entendu des voix s’élever pour un secteur primaire performant à travers des réflexions et des actions vives...”, a-t-il déploré. Et pourtant, a rappelé le président du Conseil, “c’est par-là que l’ancien Mali fera le nouveau et non des montages de gouvernement”. Au Mali, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle est à concrétiser.

“Le CESEC, creuset des masses laborieuses et conscientes de notre pays, n’aura accompagné la
Transition dans ses efforts de rectification, de reconstruction qu’en s’attelant à la réflexion et aux
tâches de réalisation de la souveraineté alimentaire et nutritionnelle de notre pays”, a rappelé M. Katilé aux membres de cette institution.

A son avis, c’est une question de “production nationale et non des importations successives et ruineuses par le biais du commerce”.

Une pratique qui a fait de notre pays “le marché de l’agriculture de pays lointains comme ceux d’Asie,
d’Amérique et d’Europe ; et transformé en arrière-pays des Etats côtiers...”
Le président du CESC a aussi souhaité que la réflexion soit portée sur la destination à donner à l’apport budgétaire au secteur agricole. D’autant plus que, a-t-il expliqué, “son éparpillement entre cultures vivrières et cultures commerciales ne nous semble pas être une option déterminante pour la diversification de la production, la production en grande quantité des cultures vivrières”.

Et de préciser, “la volonté de concentrer ce budget sur quelques spéculations de grande consommation nous paraît plus opportune, même si l’essentiel sera consacré à quelques zones dont les capacités naturelles permettent des productions suffisantes à nourrir le pays”. Il a également souligné qu’au-delà de l’apport budgétaire annuel, “le soutien à l’agriculture passe par la reconstitution du couvert végétal...”

Malheureusement, selon le leader syndicaliste, “on n’a jamais entendu (dans l’arène politique sans
doute) de voix réclamant une inclusivité quelconque pour combattre ou freiner la progression du désert
sur le Sud du pays”.

Le président du Conseil économique, social, environnemental et culturel du Mali a également mis l’accent sur la nécessité de réfléchir à soustraire notre quête de souveraineté alimentaire et nutritionnelle du diktat imposé par certains partenaires. Lié à “l’usage abondant d’engrais chimiques”, cela accentuant la dépendance de notre production agricole des industries d’engrais.

Une dépendance “inconcevable dans une souveraineté” “En plus de cette dépendance inconcevable dans une souveraineté, il y a la dégradation pédologique en quelques années, mais aussi la pollution de l’air, de l’eau souterraine et de surface, du sol, de la faune, de la flore. Il faut donc arrêter de soutenir l’usage des intrants chimiques, des pesticides et des herbicides qui, certes peuvent augmenter le tonnage des récoltes sans grande qualité nutritive, mais occasionnent aussi les maladies en expansion dans notre pays : maladies cardiovasculaires, calculs biliaire ou rénal, cancer, hypertension, troubles digestifs (estomac, foie...)”, a alerté Yacouba Katilé.

“On assiste à un risque alimentaire dont les effets médicaux sont une autre conséquence”, a-t-il ajouté.
D’où l’urgence de privilégier la culture des fumures biologiques au détriment des intrants, des pesticides, des herbicides ou de l’usage de semences modifiées.

L’élevage, la pêche et la cueillette peuvent aussi contribuer à l’atteinte de la souveraineté alimentaire. A ce niveau, il faut surtout éviter l’absence de l’Etat qui favorise des exportations incontrôlées de bétail sur pieds ; des créations des filières karité, mangue, pomme de terre, oignon qui contribuent à la cherté de la vie et, au mieux des cas, à l’inaccessibilité de produits, de ressources de nos terres ouvrages de nos
masses laborieuses et que le commerce draine vers l’étranger. Ce qui, dénonce M. Katilé, crée “un
courant anti-souveraineté nationale au profit de l’appât du gain”.

Sans l’autosuffisance alimentaire, il est utopique de vouloir rendre irréversible la souveraineté territoriale et diplomatique. Celle-ci (souveraineté) ne peut être consolidée que par une politique agricole réaliste, dynamique, ambitieuse... Une vision axée autour d’une agriculture saine, un élevage contrôlé, des
investissements de transformation et de conservation, un contrôle chimique et financier des aliments
nous venant de l’extérieur, notamment ceux de l’aviculture et de la pêche !

Ce qui semble désormais le cheval de bataille du CESC sous la direction de M. Katilé. Que les politiciens se le tiennent pour dit !

Moussa Bolly
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