Dans un contexte de transition politique, les autorités au Mali semblent accorder moins d’attention aux médias traditionnels, laissant ainsi les journalistes dans une position de délaissement au profit des vidéomans et des réseaux sociaux.
Depuis l’arrivée au pouvoir des autorités militaires, une réorientation des priorités semble s’opérer en ce qui concerne la communication et l’interaction avec les médias. Les conférences de presse régulières et les briefings médiatiques traditionnels ont été remplacés en grande partie par des interventions via les réseaux sociaux, notamment à travers des vidéos diffusées sur les plateformes en ligne.
Cette évolution n’est pas sans conséquences sur la vie des journalistes. Elle a eu et continue d’avoir un impact significatif sur le journalisme traditionnel au Mali.
Daouda Diop, ancien journaliste ayant servi au Sénégal, regrette que « les journalistes, habitués à jouer un rôle clé dans la transmission de l’information et dans le maintien de la transparence et de la responsabilité des autorités, se retrouvent désormais relégués au second plan. La réduction de l’accès aux sources officielles d’information et la diminution des opportunités de poser des questions directes aux décideurs politiques ont entravé le travail des journalistes et affaibli leur capacité à remplir leur rôle de garants de la démocratie ».
En parallèle, les vidéomans et les influenceurs sur les réseaux sociaux ont gagné en visibilité et en influence. « Leur capacité à créer et à diffuser du « contenu rapidement » leur a permis de devenir des acteurs majeurs dans le paysage médiatique malien».
Le fait que les autorités de la transition privilégient les vidéomans par rapport aux journalistes peut avoir plusieurs conséquences : Les vidéomans ont très souvent une approche orientée et moins objective que les journalistes professionnels. En privilégiant ces acteurs, les autorités risquent de limiter la transparence dans leur communication avec le public.
En se détournant des journalistes traditionnels, le journaliste affirme que les décideurs risquent de perdre en crédibilité aux yeux du public national et international.
Les médias traditionnels sont souvent perçus comme des garants de l’objectivité et de l’intégrité journalistique, tandis que les vidéomans peuvent être perçus comme des acteurs plus partisans ou sensationnalistes.
Les journalistes ont souvent un accès privilégié aux sources officielles d’information et sont formés pour exercer le métier.
« Les vidéomans peuvent être plus facilement manipulés ou utilisés comme des outils de propagande par les autorités. En ne favorisant pas un journalisme indépendant et critique, les autorités risquent de favoriser la diffusion de discours unilatéraux et partisans ».
En résumé, le fait de privilégier les vidéomans au détriment des journalistes professionnels peut avoir des implications négatives sur la transparence, la crédibilité et l’accès à l’information dans un contexte démocratique. Il est essentiel de préserver un équilibre entre les acteurs médiatiques pour garantir une communication gouvernementale responsable et une démocratie robuste.