La publication du livre ‘’Mali : le défi du terrorisme en Afrique’’ du Col. Alpha Yaya Sangaré en cette période, est perçue par la hiérarchie militaire, comme un coup de poignard et une entrave à l’élan des Forces Armées et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme.
Dans cet ouvrage de 400 pages officiellement lancé le 24 février 2024, ce paragraphe fait partie, sans nul doute, des passages qui ont certainement mis en colère la hiérarchie militaire.
Il y est écrit : « Les ONG de défense des droits humains ont, à maintes reprises, fait part de leurs inquiétudes au gouvernement malien dans des rapports dont la presse avait largement fait écho. Néanmoins, ni la hiérarchie militaire, ni les autorités judiciaires n’ont procédé à des enquêtes sur ces abus présumés et mis en jeu la responsabilité des militaires et des officiers supposés responsables de ces atteintes graves à la vie. Pourtant, les instruments juridiques des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, mais aussi les textes répressifs maliens, punissent les atteintes au droit à la vie, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, les disparitions forcées et aussi les actes de torture. La législation en vigueur au Mali permet donc de mettre en œuvre la responsabilité des auteurs de ces crimes mais aussi de poursuivre les tortionnaires des présumés terroristes arrêtés. À ce titre, Human Rights Watch prétend avoir documenté des dizaines de cas de torture et d’autres traitements inhumains perpétrés par les FDS (forces de défenses et de sécurité) maliennes, lors de séances d’interrogatoire musclées pendant les premiers jours suivant l’arrestation de présumés terroristes. Ces abus se seraient produits dans des bases militaires, des campements militaires, des postes de contrôle et dans les locaux de la direction générale de la Sécurité d’État (DGSE). Les personnes détenues avaient prétendu avoir eu les mains et les pieds liés et avoir été violemment frappées à coups de poing, de crosses de fusil, de barres de fer et de bâton ou de ceinturon, rouées de coups de bottes, brûlées par des mégots de cigarettes et menacées de mort à plusieurs reprises….».
Aussitôt, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le Col. Sadio Camara, a pris sa plume. Dans un communiqué, rendu public le 1er mars 2024, il dit avoir appris avec stupéfaction la publication du livre intitulé ‘’Mali: le défi du terrorisme en Afrique’’ L’auteur dudit livre n’est autre que le colonel Alpha Yaya Sangaré, un officier des Forces Armées maliennes. Le livre, dont la dédicace a eu lieu le 24 février 2024, est accusé de porter de fausses accusations contre les Forces armées maliennes (FAMa).
Depuis, l’auteur a été mis aux arrêts par les autorités compétentes. Le département de la Défense a donc joint l’acte à la parole, car dans son communiqué, il avait promis d’appliquer le règlement en vigueur.
Un Coup de poignard !
En réalité, ce livre est perçu comme un coup de poignard dans le dos des autorités militaires et des Forces armées engagées sur le terrain dans la lutte contre les terroristes. « Certains paragraphes de ce livre portent de prétendues incriminations graves de violation des droits de l’homme par les FAMa avec la complicité de la hiérarchie militaire et des sabordages à l’égard de l’Etat du Mali », peut-on lire sur le communiqué du ministère de la défense et des Anciens Combattants. Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants dénonce et se désolidarise des « fausses accusations à l’encontre des FAMa et constate avec regret que la procédure et le processus de validation de publication de l’ouvrage n’ont pas été respectés contrairement aux précédentes publications », ajoute le communiqué.