Initié par le Président Assimi Goïta, le Dialogue inter-Maliens est désormais lancé à plein régime. Déjà, le Président Assimi a reçu des mains du président du Comité de pilotage, Ousmane Issoufi Maïga, les Termes de référence (TDR) de ce dialogue. C’était lors d’une cérémonie, le 5 mars 2024, à Koulouba. Auparavant, les travaux de l’atelier de validation des Termes de références du dialogue inter-maliens pour la paix et pour la réconciliation nationale se sont déroulés, le lundi 26 février 2024 au CICB…
Après avoir reçu sa lettre de mission des mains du chef de l’État, le Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a rendu officiellement son rapport sur la première phase du processus de paix entre les Maliens. Le document recommande pour la suite du Dialogue, la tenue des phases communales, régionales et du District de Bamako, celles des représentations diplomatiques et du niveau national.
La cérémonie solennelle de remise était présidée par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, à Koulouba. L’événement, de portée historique, a enregistré la présence du Premier ministre, ainsi que plusieurs membres du gouvernement, du président du CNT et de nombreuses personnalités.
Le président du Comité de pilotage, Ousmane Issoufi Maïga, a rappelé que, conformément aux missions assignées par le chef de l’État, le 5 février dernier lors de son installation, son équipe est venue présenter les résultats de ses réflexions. Ces termes de référence préliminaires sont indispensables pour le démarrage du dialogue décentralisé, estime le président du Comité de pilotage du dialogue inter-maliens, affirmant que c’est aussi le fruit de 20 jours de travail acharné dans les commissions thématiques, avant leur validation lors d’un atelier ad hoc auquel ont participé plusieurs parties, représentant le district de Bamako, les différentes régions du Mali et la diaspora.
Ce document comporte les fiches thématiques, un plan de communication et les règlements intérieurs du dialogue inter-maliens.
«Vous aviez demandé de questionner sans complaisance notre société, de comprendre les causes apparentes et profondes des conflits qui l’assaillent, de nous adonner à un exercice d’autocritique et de vérité. Vous aviez aussi demandé de créer les conditions favorables à un dialogue franc et sincère entre les Maliens de manière inclusive afin que nul ne se sente exclu», a souligné Ousmane Issoufi Maïga. Avant de poursuivre : «le 05 février dernier, dans votre allocution, vous nous indiquiez très clairement que la présente cérémonie marque le début d’un processus destiné à aboutir à l’apaisement des cœurs et au retour de la grande fraternité légendaire entre les filles et les fils de notre nation ».
Dès lors, ajoutera-t-il, «les Membres du Comité de Pilotage pouvaient mesurer la portée nationale, historique des nouvelles missions que venez de leur assigner. En nous renvoyant à l’exercice de notre mission, vous aviez également laissé entendre des expressions qui ne peuvent que résonner dans les oreilles des missionnés. Vous aviez demandé de questionner sans complaisance notre société ; de comprendre les causes apparentes et profondes des conflits qui la minent ; de nous adonner à un exercice d’autocritique et de vérité. Enfin vous nous instruisiez dans la Lettre de mission de «créer les conditions d’un dialogue franc et sincère entre les Maliens, de manière inclusive, afin que nul ne se sente exclu. Toutes les voix doivent être écoutées et tous les avis doivent pouvoir s’exprimer».
Selon l’ancien Premier ministre, cette volonté de Dialogue direct du chef de l’État, colle à une célèbre citation du sage africain, le président Nelson Mandela : «C’est facile de tout casser et de détruire, les héros sont ceux qui font la paix et qui construisent». Cette initiative présidentielle, ajoutera-t-il, «est une invitation à nos compatriotes de l’intérieur et de la diaspora à devenir les nouveaux héros qui font la paix et qui construisent un Nouveau Mali». Ce, pour faire la belle leçon à ceux qui détruisent et cassent.
Les premières briques d’un Mali de Paix et de réconciliation
Et M. Maïga a rassuré le président Goïta que les membres du Comité de Pilotage se sont mis à pétrir pour fabriquer dans le banco de Djenné et de Sikasso, dans l’Lahore de Tombouctou, dans le ciment de Dio, dans les sables fins du Tilemsi, et avec les eaux du Djoliba, de la Falémé ou du Baní, les premières briques de ce Mali de paix et de réconciliation : « C’est vous dire que dès le lendemain de notre installation, nous nous sommes mis à la tâche à travers une première réunion plénière. Et dans une ambiance de travail soutenue, et pendant vingt jours, de jour comme de nuit, alternant travaux de Groupes, de Commissions et de Plénières, nous avons élaboré les avant-projets de Termes De Référence, des fiches thématiques, un Plan de Communication et un Règlement Intérieur. L’inspiration, l’engagement, l’assiduité des Membres a permis de préparer les meilleures conditions pour la tenue de l’Atelier national de Validation des Termes De Référence. Je puis vous assurer que le travail préparatoire a bénéficié de la large et riche expertise des Membres du Comité de Pilotage avec la diversité de profils et de connaissances profondes du Mali, des réalités actuelles et anciennes, et en capacités prospectives. Sur ce travail préliminaire bien tamisé, bien affiné, nous avions à cœur, avec un certain empressement doublé d’enthousiasme, d’accueillir le regard convergent, l’analyse responsable et la contribution bienheureuse de nos compatriotes, les Gouverneurs et les Délégués des 19 régions, les Délégués des Maliens Etablis à l’Extérieur, à la faveur de l’Atelier national de validation des Termes De Référence ». Aux dires de l’ancien premier ministre, l’Atelier National de Validation des Termes De Référence a été une parfaite réussite et leur a permis d’aboutir à l’élaboration de documents consolidés pour le remettre au président de la transition… : « Nous avons travaillé à offrir le meilleur matériau de travail et surtout de construction de la Paix et de la Réconciliation pour les prochaines étapes cruciales du Dialogue Inter-Maliens. Les Délégués à l’Atelier national ont retenu les thématiques notamment, Paix, Réconciliation Nationale et Cohésion Sociale ; Questions Politiques et Institutionnelles ; Économie et Développement Durable ; Aspects sécuritaires et de défense du Territoire ; Géopolitique et Environnement International ». Chaque thématique a été développée sous l’angle de son apport à la paix et à la réconciliation nationale. Chaque thématique est assortie de plusieurs sous-thèmes prenant en compte les préoccupations de nos populations, a-t-il indiqué, avant de préciser que l’atelier a recommandé, pour la suite du Dialogue, les phases suivantes : le Niveau Communal ; le Niveau régional et du District de Bamako ; le Niveau des Ambassades et Consulats et le Niveau national : « Notre mission, au terme d’un mois de travaux, n’aurait pas pu réussir si nous n’avions pas eu l’accompagnement des plus Hautes Autorités de notre pays, avec à leur tête, vous-mêmes… ».
Une envie réelle de se parler dans la fraternité, la franchise…
Pour le président du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens, la diversité socioprofessionnelle, politique, institutionnelle, géographique, culturelle, de genre et d’âge (de moins de 30 ans à plus de 90 ans), ont donné à nos travaux la plus grande inclusivité souhaitée, un recueil riche de contributions pointues tirées de nos riches réserves historiques, anthropologiques et culturelles au service de la construction du Dialogue. «Les travaux préliminaires du Comité de Pilotage d’abord, ceux de l’Atelier National ont tous été des mini Dialogue inter-maliens à travers les échanges directs, francs, vifs. Nous avons senti le pouls du pays profond, des Maliens établis à l’Extérieur. Ensemble, tous les participants, nous avons senti une envie réelle de se parler dans la fraternité, la franchise et la civilité sur tous sujets et surtout ceux qui fâchent », déclare Ousmane Issoufi Maïga. Et d’ajouter : « Pendant un mois, j’ai pu observer, écouter et comprendre les doutes, les suspicions et les colères des uns et des autres. Il y a lieu de montrer des signaux forts pour briser la glace de méfiance et de crainte de l’autre. Il y a urgence de rétablir la confiance entre les Maliens. Cela précède le Dialogue. Il nous faut un sursaut d’orgueil et de patriotisme pour mettre les maliens au travail. Il y va de l’avenir de notre cher pays ».
A tout point de vue, le Dialogue tel que voulu, nous impose, et à tous les niveaux, le devoir de vérité et de loyauté. Nous retenons, entre autres, dix grands enseignements suivants qui doivent nous inspirer pour les futurs débats. A savoir : les Maliens aiment le Mali ; la bureaucratie de Bamako doit se reconnecter au reste du pays afin de ne pas le prendre en otage ; la classe politique doit inspirer confiance autour de la Nation ; la nécessité de panser les fractures sociales et politiques profondes ; Restaurer l’Autorité de l’Etat ; Mettre fin aux conflits de tous genres, impliquer les Réfugiés et les déplacés internes dans le Dialogue inter-maliens afin qu’ils puissent regagner leur pays et leurs terroirs ; Améliorer le débat civilo-militaire sur l’appartenance des Forces armées et de sécurité au peuple ; Restaurer la confiance générale en taisant les suspicions, la méfiance et le doute généralisé ; Remettre les maliens au travail.
Pour conclure, M. Maïga dira : « le Vice-Président et moi avons pu personnellement apprécier les expertises et compétences avérées. La plus grande leçon que j’en tire personnellement, c’est que le Mali a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles, qu’il ne faut jamais se lasser d’aller chercher la qualité, les meilleures expertises dans tous les domaines, jusque chez nos compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur, ceux qui doutent, qui ne veulent pas se mouiller, qui craignent la compromission. Avec le minimum d’assurance à leur endroit, chacun apportera sa brique à la construction de l’édifice national au moment où le Malikoura est recherché… ».