Amadou Toumani Touré, chef de l’Etat entre 1991 et 1992, puis président de la République du 8 juin 2002 au 22 mars 2012, est celui qui a mis fin au bain de san que le général Moussa Traoré réservait à ses adversaires politiques en particulier et au peuple en général résolument engagés pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme au Mali.
Dans la nuit du 25 au 26 mars 1991, un fringant lieutenant-colonel âgé de 43 ans, chef du corps des commandos-parachutistes de Djicoroni-Para, à la tête d’un groupe restreint de combattants aguerris, dont un certain commandant Siaka Koné, procédait à l’arrestation de celui qui dirigeait le Mali d’une baguette de fer depuis 23 ans.
Certes, le Mouvement démocratique avait déjà balisé le terrain du renversement du parti-Etat UDPM avec les marches, les contestations et la grève générale illimitée, mais cela ne saurait en aucun cas, diminuer la portée de l’acte patriotique posé par l’enfant de Soudbaba, car il fallait avoir un cran au-dessus de la moyenne pour affronter GMT prêt à tout pour conserver son fauteuil.
Depuis lors, le peuple s’est attaché à cet homme au destin exceptionnel. Comme lors de ses funérailles
nationales, il faut rendre (à l’occasion des 33 ans de la chute du dictateur GMT), un vibrant hommage au soldat, à l’humanitaire, au médiateur, à l’homme politique, au chef d’Etat, bref à l’homme aux 72 vies.
26 mars 1991-8 juin 1992, puis 8 juin 2002-8 avril 2012 : Amadou Toumani Touré aura passé 11 ans en tout à la tête de l’Etat malien.
Un temps au cours duquel, le visage du Mali a radicalement changé et la vie du Malien s’est fondamentalement améliorée.
Personne ne saurait nier, aussi bien au plan national qu’international, la mue subie par le Mali sous l’ère ATT. Si l’homme a réussi, c’est grâce à son sens du patriotisme, son cœur tendre, sa gestion concertée du pouvoir et sa gestion pacifique des conflits.
Son crédo : la recherche perpétuelle de la paix par le dialogue, le compromis, les concessions et tous les moyens pacifiques.
“professeur d’histoire-géo” destiné soldat !
Le premier gouvernement La transition démocratique malienne est indissociable de la vie d’ATT, mais l’enfant de Mopti est aussi un vaillant soldat, un humaniste, un médiateur et un politique qui a fait ses preuves dans la gestion des affaires de l’Etat.
De son Mopti natal au palais de Koulouba, en passant par le camp des commandos parachutistes de
Djicoroni, la vie du fils prodige du “Soudbaba” aura connu moult virages.
Amadou Toumani Touré est né le 4 novembre 1948 à Mopti où il grandit dans le quartier Wayinkoré.
Il confie aux biographes qu’il garde de la Venise malienne le souvenir de tous ces petits métiers auxquels il s’adonnait : couture, élevage, pêche (au filet et à la ligne), labour, négoce. Et football.
Il fit son cycle fondamental à Mopti, Tombouctou, Bandiagara ; avant de poursuivre ses études à
l’Ecole normale secondaire de Badalabougou (EN Sec), à Bamako, d’où il décroche, en 1969, son diplôme en lettres histoire-géographie qui le destine tout droit à la profession d’enseignant à l’instar
de beaucoup de ses camarades de promotion qui sont aujourd’hui des professeurs d’enseignement
supérieur.
Mais, la même année, sa carrière professionnelle va connaître un virage à 90° vers le métier des
armes.
En effet, quand un jour, il apprend qu’on recrute pour l’Ecole militaire interarmes (Emia) de Kati, il se présente et fut admis.
Le nouvel élève officier de l’Emia de Kati commence sa formation en 1969. Il sort en 1972 avec le grade de sous-lieutenant.
Avide de connaissances, il suivra toute une série d’études et de formations durant sa carrière, notamment à l’Ecole supérieure des troupes aéroportées à Riazan en URSS (1974-1975), au Centre
national d’entraînement commando (Cnec) à Mont Louis en France (1978), à l’Ecole supérieure de
guerre interarmes (17e Promotion) à Paris en France (1989-1990) et au Cours supérieurs interarmes
(42e promotion) à Paris en France (1990).
De toutes ces étapes, Amadou Toumani Touré aimait laisser entendre qu’il garde des souvenirs mémorables de son séjour à Riazan qui fut une étape importante dans sa formation militaire. Car, c’est une des plus grandes écoles de parachutisme au monde, d’où sont sortis le général Lebed et la plupart des généraux soviétiques sont des produits de Riazan. ATT y a fait un cours supérieur de commandant de compagnie, de chef de bataillon et de saut en parachute.
Au titre des promotions en grades, après celui de sous-lieutenant, Amadou Toumani Touré est successivement promu lieutenant le 1er octobre 1974, capitaine le 1er octobre 1978, chef de bataillon
le 1er janvier 1984, lieutenant-colonel le 1er octobre 1988, général de brigade le 8 juin 1992, et général d’armée Il est nommé commandant de la Garde présidentielle, du 28 avril 1981 au 30 mars 1984.
Le commandement du bataillon des paras commandos lui est confié par deux fois, en janvier 1984, puis le 14 mars 1991.
Le jour le plus marquant de sa vie
Le 26 mars 1991, ATT conduit l’opération militaire qui renverse le régime du général Moussa Traoré,
parachevant une révolution déclenchée par les associations du Mouvement démocratique, Amadou Toumani Touré venait de faire son entrée dans l’Histoire du Mali, au-delà, celle du continent.
En effet, président du Comité de réconciliation nationale – CRN
– (26 mars) et du Comité de transition pour le salut du peuple – Ctsp – (29 mars), il conduit la
Transition malienne jusqu’au 8 juin 1992.
Cette Transition a été essentiellement marquée par certains actes forts.
Tout d’abord, la tenue, du 29 juillet au 12 août 1991, de la Conférence nationale (que ATT lui-même a présidée, une première en Afrique), qui produira les textes fondamentaux comme le projet de Constitution, le code électoral, la charte des partis, l’Etat de la nation.
Ensuite, le calendrier des échéances électorales pour la mise en place des institutions de la IIIe République a été respecté ainsi qu’il suit : le 12 janvier 1992, référendum constitutionnel ; le 19 janvier 1992, élections municipales ; le 23 février 1992 et le 8 mars 1992, 1er et 2e tours des élections législatives ; et les 12 et 26 avril 1992, 1er et 2e tours de l’élection présidentielle.
Enfin, la signature, le 11 avril 1992 à Bamako, du Pacte national, consacrant le règlement du conflit du Nord du Mali (déclenché en juin 1990), occupe une place de choix parmi les acquis de la Transition de 1991, au terme de laquelle le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, remet le pouvoir aux civils, plus précisément à Alpha Oumar Konaré, conformément à ses engagements pris le 26 mars 1991.