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El Hadj Seydou Patrice P. DEMBELE, secrétaire général de l’AMS-UNEEM à propos du CENOU et de la dissolution de l’AEEM : « On a été mal compris, nous sommes là pour aider le système éducatif malien »
Publié le mercredi 27 mars 2024  |  Le Républicain
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Dans le cadre de la commémoration de la semaine des martyrs (17 mars-26 mars), le secrétaire général de l’Amicale des Anciens Militants et Sympathisants de l’Union Nationale des Élèves et Étudiants du Mali (AMS-UNEEM), El Hadj Seydou Patrice P. DEMBELE, a bien voulu nous accorder une interview, le samedi 23 mars 2024, dans laquelle il précise que la semaine des martyrs est l’un des acquis du Mouvement démocratique. Parlant du centre national des œuvres universitaires (CENOU) et de la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), Seydou Patrice a fait des précisions : « On a été mal compris. Nous sommes là pour aider le CENOU, nous sommes là pour aider le système éducatif malien ». Reconnaissant, par ailleurs, que la situation du pays va mal, Seydou Patrice invite les gens à avoir « la conscience réelle de se battre pour le Mali ». Lisez !

Le Républicain : Nous sommes dans la commémoration de la semaine des martyrs (17 mars-26 mars), quelle signification donnez-vous à cette semaine ?

El Hadj Seydou Patrice P DEMBELE : la semaine des martyrs est l’un des acquis du Mouvement démocratique. A partir de 1994, un décret a été pris en conseil des ministres pour institutionnaliser la semaine des martyrs qui va du 17 mars, la commémoration de la mort de Abdoul Karim Camara dit CABRAL, au 26 mars avec les étapes suivantes : 17 mars (dépôt du gerbe au monument CABRAL) ; 22 mars (c’est l’ADVR- l’Association pour la défense des victimes de la répression- avec le dépôt de gerbe au carrée des martyrs à Niaréla). C’était hier (vendredi 22 mars 2024). Je salue d’ailleurs la présence remarquée du camarde Tiébilé Dramé, un de nos présidents d’honneurs qui était là-bas. Le 26 mars (c’est le dépôt de la gerbe de fleur au monument des martyrs). Ce sera sous le parrainage du président de la transition. La semaine des martyrs est organisée par l’AMS-UNEEM, l’ADVR, les Etudiants, la Pyramide du souvenir.

Actualité oblige, les autorités de la transition ont dissout l’AEEM. Les avis divergent quant à cette dissolution. L’AMS-UNEEM approuve la décision de dissolution et qu’est-ce qui explique votre position ?

C’est une histoire d’amour entre l’AMS-UNEEM et l’AEEM. L’AMS-UNEEM est même membre fondateur de l’AEEM. Quand nous avons créé l’Amical, notre zone de prédilection était l’école, pas seulement les étudiants, mais aussi les professeurs, le monde des syndicats. Pour revenir à la question, en 2021, il avait été question de dissoudre l’AEEM et je me suis opposé à la dissolution de l’AEEM. J’ai dit qu’il y a d’autres possibilités : la réforme de l’AEEM. Parce que tout ce qu’on reproche à l’AEEM, la manne financière qu’ils (les membres de l’AEEM) gèrent, ce n’était pas trop de leur faute, c’étaient des contrats de rétrocessions qui existaient entre eux. Quand on ouvrait l’université à chaud sans en avoir les structures, c’est le lycée de Badalabougou qui a été utilisé comme espace universitaire campus géré par les étudiants. Donc, quand il fallait les retirer, il y a eu des contrats de rétrocessions où les étudiants avaient droit à un pourcentage sur tout ce qui est ressource financière (logement, bourse). Après, il y a eu la création du CENOU, et c’est en 2011 qu’il y a eu un contrat de rétrocession des 10% qu’on allouait aux étudiants et au prorata du nombre d’étudiants et du nombre de bourses versées. Les montants s’élevaient à des centaines de millions. C’est ce que j’ai dit dans mes interventions lors du grand jury sur Renouveau TV (21/03/2024) qui ont été un peu mal perçues. Mais ça découle d’un rapport qui a été bien peaufiné par l’organisation des femmes ingénieures, anciennes parlementaires, anciennes ministres qui se sont donné à fond pour élaborer un rapport avec tous les partenaires dont l’AMS-UNEEM pour élaborer ce document à l’issue duquel, nous avons su qu’en réalité il y avait 110 millions de FCFA dans le rapport qui étaient alloués officiellement par les services du CENOU à l’AEEM.

Cela datait de quelle année à quelle année ?

Le rapport a été fait en 2020. Donc c’est antérieur à 2020. Et en 2021, c’est quand nous avons demandé à ce qu’on puisse faire la refondation de l’AEEM que nous avons demandé d’appliquer une partie de ces recommandations, c’est-à-dire supprimer carrément les ressources financières qu’on allouait à l’AEEM. Loin s’en faut, l’idée d’incriminer qui que ce soit. Ce n’est pas le souci d’interpeller X ou Y, c’est d’expliquer le système qui existait qui faisait que les jeunes de l’AEEM étaient ingérables. Parce que là où il y a l’argent, il y a des problèmes. En 2021, les autorités ont mis fin à la rétrocession de tous ces contrats. Le CENOU ne donnait plus rien. Au contraire, nous avons demandé à l’Etat de remettre le CENOU dans ses prérogatives, la gestion du campus. Tout ce qui est œuvre universitaire devrait revenir au CENOU. Pour nous, il s’agissait de renforcer la capacité financière du CENOU et lui donner le pouvoir, l’autonomie. Quand ces jeunes-là arrivaient au CENOU, c’étaient des menaces sur les agents du CENOU. Ce n’était pas normal. Au lieu que les agents fassent peur aux étudiants, ce sont les étudiants qui faisaient peur aux agents, y compris le Directeur. Cela n’est pas normal. Nous avons mis en place une commission et il n’ y a pas eu de crépitement d’armes sur la colline. Donc, l’AEEM était désormais sevrée des ressources financières qu’on lui allouait à travers le CENOU (…). Si à chaque fois, l’espace scolaire et universitaire doit se transformer en champ de bataille avec mort d’homme, tout a été mis en œuvre, ça ne s’arrêtait pas, le gouvernement, dans un premier temps, a suspendu, nous avons pris acte.

Certains pensent qu’il devrait y avoir une autre alternative que de dissoudre l’AEEM ?

L’alternative a été que nous avons demandé la refondation, on l’avait réussie ; ça s’est gâtée par eux-mêmes. Ce que je peux reprocher, c’est qu’il n’ y a pas eu de suivi. Au demeurant, ils (les membres de l’AEEM) ont eu don de 2 véhicules de la Présidence de bonne foi. Ils ont mal perçu l’acquisition de ces véhicules. Il n’y a pas d’autres alternatives pour mettre fin aux tueries dans nos campus. Il faut reconnaître que tout n’est pas de la faute de l’AEEM. L’Etat devrait prendre toutes ses responsabilités, pas seulement la violence entre les étudiants occasionnée par l’argent, mais le fait que l’espace scolaire et universitaire ne soit pas sécurisé. Maintenant que l’Etat a pensé avoir utilisé tous les moyens qu’il puisse utiliser que ça n’a pas mis fin à la violence, donc il fallait dissoudre.

Qu’est-ce qui vous fait dire que vos interventions lors du grand jury au Renouveau TV ont été un peu mal perçues par le CENOU ?

Le CENOU actuel a pensé que je suis en train de casser des œufs sur son dos. Non ! Pas du tout ! Ce sont (les membres du CENOU) mes collaborateurs, si je ne peux pas les protéger, je ne vais pas les exposer. Je le répète, la solution aujourd’hui, c’est qu’on donne la plénitude au CENOU dans sa capacité de décision, que le CENOU soit autonome financièrement. Que l’Etat donne aujourd’hui le pouvoir qu’il faut au CENOU, il faut que le Directeur du CENOU et ses agents le comprennent comme ça au lieu de penser que nous sommes en train de casser des œufs sur leurs têtes non ! Nous ne ferons jamais cela. On a été mal compris. Nous sommes là pour aider le CENOU, nous sommes là pour aider le système éducatif malien.

Quel commentaire faites-vous sur la situation actuelle du pays ?

Maintenant, le pays va mal. Mais ces jeunes militaires que je porte dans mon cœur étaient au nord. Ils ont bravé le vent, la poussière, échappé souvent à la mort. Ce sont des jeunes qui ont fait le prytanée militaire. C’est une formation. Quand ils sont venus aux affaires, nous avons fait un ouf de soulagement que les choses vont marcher. Mais tant que ce regroupement autour du Premier ministre est en train de se détériorer au fur et à mesure, l’ail politique est en train de pourrir, ça n’aide pas les militaires. Ils devraient être soudés pour donner une bonne orientation à l’ail militaire pour que les choses marchent. C’est le contraire. On se retrouve avec combien de M5-RFP ? Au moins trois. Ce n’est pas normal. Quoi qu’on fasse, c’est Dieu qui choisit les leaders. Si tout le monde dit que ça ne va, ça n’ira pas tant que les gens n’ont pas la conscience réelle de se battre pour le Mali et que chacun veuille se battre pour soi, mais ça ne marchera pas. Je souhaite que ça marche, je souhaite que les gens se ressaisissent (…). Nous serons avec tous les régimes, nous devrons être avec tous les régimes, parce que c’est ça notre sacerdoce, c’est ça notre crédo, aider l’Etat. Personne ne peut douter de ma bonne foi et de mes implications dans la résolution des différentes crises, que ce soit scolaire ou dans le domaine du travail. On s’autosaisit souvent.

Avez-vous un message à lancer ?

Je demande à tous les Maliens, c’est vrai que c’est dur, c’est vrai que l’électricité pose problème, mais ce ne pas en faisant du « hobahoba » qu’on résout, de réfléchir pour voir qu’est-ce que chacun peux faire dans la résilience de son côté. Restons sereins, ayons confiance en nous-mêmes et on va progresser.



Propos recueillis par Aguibou Sogodogo
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