La crise énergétique continue d’avoir des graves répercussions sur la vie des Maliens. Les coupures ont plombé les ailes des meuneries dans la capitale. Des femmes sillonnent des quartiers pour trouver une à gasoil pour moudre leur mil, mais cela relève du parcours du combattant.
“Les délestages intempestifs nous rendent la vie insupportable surtout en cette période de ramadan. C’est incompréhensible ce que nous vivons au quotidien. Qui aurait cru un seul jour que des femmes se déplaceraient d’un quartier à un autre pour aller moudre leurs grains de mil afin de préparer la bouillie pour la famille et quelques voisins ?” Ce sont les propos d’une ménagère qui quitte chaque jour Magnambougou à bord d’un transport en commun pour rallier Daoudabougou ou Badalabougou pour faire la queue durant de longues heures pour trouver un moulin à gasoil pour moudre ses grains.
En effet, en dehors de la glace, l’aliment le plus prisé par les jeûneurs lors de l’Iftar, est la bouillie. Parce qu’elle est légère et facile à diriger. Avec la crise énergétique, il est difficile de la préparer. D’ailleurs, certaines familles ont tout simplement décidé de mettre la croix sur la bouille en raison de ces difficultés.
D’autres, malgré les difficultés, ont décidé de faire plaisir à leurs familles. Ceux qui la préparent déploient de gigantesques efforts. En l’absence d’électricité pour faire tourner les moulins modernes (électriques), les femmes se sont rabattues sur les moulins à gasoil pour moudre. Et pour trouver un moulin à gasoil, il faut se déplacer d’un quartier à un autre.
Une situation que les femmes jugent inacceptable comme en témoigne cette dame qui a quitté Baco-Djicoroni pour Torokorobougou, dans le seul but de moudre son grain de mil. “Je suis là depuis 7 h du matin, et je viens de Baco-Djicoroni. On m’a fait savoir que chez ce Dogon, c’est la rapidité, mais il est déjà 11 h passées. J’implore vraiment le gouvernement à trouver une solution rapide aux différents calvaires que nous vivons. Sans vous mentir, on est exténués et désemparés par ces coupures”, a déploré, le regard perdu.
Pour que votre grain de mil soit moulu, il faut se lever tôt le matin et faire la queue durant de longues heures, voire une demi-journée en raison de l’affluence autour des moulins à gasoil sans oublier son coût exorbitant par rapport au moulin électrique.
“Souvent je fais la navette entre Sokorodji, Yirimadio et Missabougou pour moudre mon grain de mil. En plus du transport, le moulin à gasoil coûte cher. Parce qu’un pot de mil qu’on peut moudre avec le moulin électrique à 50 F CFA vaut aujourd’hui à 150 F CFA, voire 200 F CFA avec le moulin à gasoil”, a affirmé une résidente de Sokorodji.
Les détenteurs de ces moulins à gasoil profitent de cette rareté qui crée la cherté et l’accroissement des prix du marché pour d’une part satisfaire les clients et d’autre se faire la part belle.
“Cela fait plus de 5 mois que je dispose d’un moulin à gasoil. Pour être honnête, je ne me plains pas car, je dirai que la clientèle a doublé ces derniers temps. Je peux commencer à travailler depuis l’aube jusqu’à 18 h. Comme on est deux à travailler, on le fait à tour de rôle. Les utilisateurs viennent de partout : Torokorobougou, Sabalibougou, Baco-Djicoroni”, a soutenu Amadou Yalcouyé, détenteur d’un moulin à gasoil à Torokorobougou.