Lentement, mais très sûrement le Mali s’achemine vers un régime où la démocratie est mise à rudes épreuves. Elle est même mise sous le boisseau par les autorités actuelles qui n’arrivent pas du tout à s’y accommoder. Les libertés censées la caractériser connaissent des restrictions comme du temps du Général Moussa. Les partis politiques et les associations censés animer la vie publique sont dissouts à tour de bras. Toutes les manifestations à caractère politique sont interdites, excepté celles qui soutiennent le régime en place. Certains leaders d’opinion sont arrêtés sous prétexte qu’ils ont porté atteinte au crédit de l’Etat. Les élections, l’un des baromètres pour mesurer la bonne santé de la démocratie, car permettant de donner l’occasion au peuple de s’exprimer et de voter pour élire ses dirigeants, sont renvoyées aux calendes grecques. Face à ce qui s’apparente à la mort programmée de la démocratie, les partis politiques et certaines associations de la société civile se sont simplement contentés de condamner à travers des communiqués et par voie de presse. Soumis à la restriction des libertés, toutes leurs tentatives de sortir pour manifester ont été vaines, car elles se sont butées au refus catégorique des autorités qui ne veulent tolérer aucune contestation encore moins de protestation. C’est au regard de toutes ces dérives autoritaires qu’il y a véritablement lieu de s’inquiéter sur l’avenir de la démocratie malienne. Le Président de la transition mesure-t-il réellement les conséquences de telles dérives sur la démocratie et sur les gouvernants actuels ?
Le Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, à qui revient la lourde et première responsabilité de la gestion du pays, doit savoir raison garder et que tout pouvoir absolu corrompt absolument. La démocratie est irréversible et le pouvoir ne doit pas être une fin en soi, mais juste un tremplin pour satisfaire aux besoins du peuple. En mettant feu de tout bois, en restreignant les libertés et en foulant aux pieds tous les principes qui fondent la démocratie la gouvernance vertueuse en laquelle croient encore certains maliens risque d’être une utopie. Le pays, pour sa bonne marche, a besoin de tous ses fils et toutes ses filles. Les principes qui permettent à toutes les catégories socio-professionnelles, voir confessionnelle sont malheureusement en train d’être foulé aux pieds. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si le Président a des bons conseillers, ceux qui sont désintéressés par le pouvoir et l’argent et qui sont prêts à lui dire la réalité des choses ? Certainement pas, car certaines décisions relevant de l’amateurisme, pour ne pas dire de la méconnaissance des règles de la gestion d’un Etat, ne favorisent nullement la cohésion et l’union sacrée, deux vertus indispensables pour la stabilité et la paix. Les conseillers politiques, voire diplomatiques devraient avoir le flair, voir l’audace de dire à « son Excellence, le Colonel Assimi Goita, Président de la Transition, Chef de l’Etat » qu’il aura tout à gagner en respectant son engagement par la tenue des élections afin de sortir le Mali de son isolement et dans une situation exceptionnelle. Savent-ils que leur manque de courage à dire la réalité des choses au Président de la transition, a plongé le Mali dans une impasse profonde. Le pays ressemble aujourd’hui à une jungle où règne la loi du plus fort et cela pour combien de temps ?
En somme, un compromis est encore possible pour éviter à notre beau pays de sombrer dans la violence. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita jouit toujours d’une grande estime et de la confiance d’une frange importante de la classe politique et de la société civile, donc il lui revient de se vêtir du manteau de leader pour rassembler les maliens autour des objectifs raisonnables et à court terme afin de sortir de la léthargie. Tout autre discours serait démagogique, contre-productif voir incendiaire.