«Plus le Mali semble être un pays musulman, plus il est dépravé. Comment expliquez-vous cela» ? C’est ainsi que nous avons été récemment interpellé par une jeune dame sans aucune agressivité dans la voix. En fait comme, beaucoup d’entre vous, elle est sidérée par certains comportements, certaines habitudes et certaines pratiques dont un vrai musulman ne saurait s’accommoder. Elle a clairement fait allusion à la hausse vertigineuse des prix pendant le mois béni du ramadan, cette propension à vouloir toujours tirer profit du désespoir et de l’infortune du prochain ; cette hypocrisie, cet égoïsme, cette méchanceté gratuite à toujours détruire l’autre ou à souhaiter son malheur…
Que répondre sans être pris à parti par certains, sans être accusé de «regarder la religion avec un mauvais œil» ? De prime à bord, je suis musulman et pratiquant. Je ne suis pas seulement musulman de naissance, mais aussi par un choix délibéré (en connaissance de cause) tout en ayant un profond respect pour toutes les autres religions. Je ne juge donc personne. A mon avis, c’est en apparence que le Mali est un pays musulman.
L’explication est simple à notre avis, on peut se revendiquer musulman sans avoir la foi permettant de vivre pleinement cette religion. Et, aujourd’hui, c’est malheureusement le cas de beaucoup d’entre nous. L’islam est une religion basée sur une théologie, des rites, des fêtes, des mosquées et des institutions qui les gèrent, et surtout des personnes qui pratiquent cette religion. La foi se distingue de la religion à biens d’égards. Le mot foi vient du latin «fides» signifiant «confiance». Etymologiquement, la foi désigne le fait d’avoir confiance en quelque chose ou en quelqu’un. Concept philosophique, ce terme rejoint également de façon élargie la notion de croyance, quand il est relatif à des religions
Les théologiens vous diront que la foi est l’accueil dans la grâce de la vérité révélée qui «permet de pénétrer le mystère, dont elle favorise une compréhension cohérente». La «foi», c’est la relation personnelle avec Dieu. Elle est donc à distinguer de la «religion» qui est un ensemble de pratiques personnelles ou communautaires permettant d’entraîner sa foi ou de l’exprimer. «Par la foi vivante, nous développons une relation d’amour personnelle avec Dieu. Dans la prière, il nous parle et nous écoute», nous expliquait une fois un théologien.
Pour un musulman, l’attestation de la foi (Chahada) est le premier pilier de l’islam. Elle consiste à nier toute divinité existante en dehors de Dieu, le seul «Maître créateur» et la seule vraie divinité, ainsi que la reconnaissance du Prophète Muhammad (PSL) en tant que «Messager» de Dieu. «J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et j’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu», telle est la formule consacrée pour bénéficier de la lumière de l’islam. Mais, combien d’entre nous pèsent réellement la portée réelle de cet engagement ? Croyons-nous réellement et sincèrement à Dieu ? Est-ce que nous nous remettions toujours à Allah face aux épreuves, dans le bonheur comme dans la galère ?
La foi, c’est cette vraie relation de l’Homme avec Dieu, cette reconnaissance de son existence et de sa présence, cette confiance qu’il lui exprime à travers sa pensée, sa prière ou ses actes. Il y aura toujours une tension entre Foi et Religion, entre sincérité et vérité. Mais, comme le dit un évêque, «le croyant ne pourra jamais choisir l’une sans l’autre sans risque…».
Il existe plusieurs religions (islam, christianisme, bouddhisme, judaïsme) qui reposent sur la foi, une seule foi. La foi c’est la base. C’est la boussole qui guide le croyant sur le droit chemin de la vertu. Dans le Coran, la foi en Dieu est associée à la croyance dans ses Prophètes et dans ses Messagers, par l’intermédiaire desquels le Tout-puissant guide l’humanité. Elle signifie également s’engager sur les traces de Muhammad (PSL) en fonction des idéaux spirituels et moraux qui se reflètent dans les révélations de Dieu.
C’est la foi qui doit orienter nos choix de vie, façonner nos convictions religieuses… C’est la foi qui amène le croyant à épouser comme modes de vie des valeurs telles que la modestie, l’humilité, la générosité, la sincérité, la franchise, la solidarité, la générosité, la fraternité, la tolérance, le respect de l’autre (notamment dans ses croyances) la rigueur morale et la conscience professionnelle… C’est la foi qui permet donc au musulman de se distinguer dans la société comme une référence. La pureté du cœur provient généralement du degré de la foi !