Pour recoudre le tissu social sérieusement touché suite à la crise sécuritaire, les autorités ont décidé de tenir un dialogue direct inter-malien sans ingérence de l’extérieur. C’est dans ce cadre que le comité de pilotage de ce dialogue a rencontré les couches socio-professionnelles y compris la classe politique. Au cours de la rencontre avec celle-ci, Tiébilé Dramé président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) a réitéré une fois de plus sa proposition de tenir un dialogue direct avec les leaders des groupes armés terroristes (rebelles indépendantistes et groupes djihadistes). Pourquoi une telle position ? Que veut-il réellement ?
Dans ses propos, Tiébilé Dramé demande à ce que les leaders rebelles indépendantistes et la coalition de groupes jihado-terroristes soient associés à ce dialogue. Il va plus loin en les citant nommément : Iyad AG Ghali, Alghabass AG Intallah, Ahmada AG Abibi, Bilal AG Achérif, Imam (selon les termes de Tiébilé) Amadou Kouffa, etc.
Pour l’ancien député de Nioro du Sahel, les conditions pour recoudre le tissu social surtout au Nord du pays passe nécessairement par l’implication de ces personnalités qui ont endeuillé le peuple malien pendant plus de dix ans. Le chef du parti du bélier blanc aurait-t-il oublié les exactions de haute portée commises par ces leaders ? La dernière de ces exactions ayant marqué les esprits et même les plus petits est l’attaque macabre du bateau ” Tombouctou” perpétrée le 07 septembre 2023. Cette attaque revendiquée par les groupes indépendantistes coalisés avec les terroristes a occasionné une centaine de morts et d’innombrables blessés causant ainsi la désolation et l’émoi partout au Mali.
Chose choquante, aucun acteur de l’ancienne classe politique nationale, ni de la communauté internationale n’a daigné produire un communiqué pour condamner cette barbarie. Le bélier en chef n’était-il pas au courant de ce désastre ?
En demandant à impliquer dans le dialogue inter-malien les responsables de cette attaque, l’ancien négociateur éphémère dans le conflit avec les indépendantistes du Nord du Mali voudrait-il que l’on oublie les exactions macabres subies par les populations ? Non que non ! Quelle insulte pour le peuple malien ! Il faut savoir que l’époux de la fille du premier Président de la 3ème République ne s’accroche pas sur une position pour le plaisir ou pour des nobles idéaux, mais pour des intérêts personnels et égoïstes.
Tieblé Dramé voudrait-il pour lui et lui seul un remake de 2012 ?
Il est connu de bien d’observateurs politiques avertis de notre pays que les hommes politiques, de la trempe du mari de l’ancienne ministre de la Culture du premier gouvernement de N’Bah N’Dao, ne prennent jamais des positions au hasard. Derrière chaque prise de position, il y a un non-dit qui ne sera connu de tous qu’après la réalisation.
L’analyse du contenu de la déclaration commune de partis politiques et associations relative à la fin de la transition récemment publiée peut parfaitement illustrer cette remarque des observateurs politiques. Dans cette déclaration, ils parlent de mettre en place une nouvelle “architecture institutionnelle“. Cette expression semble être simple, mais en réalité elle signifie qu’il faut mettre en place un gouvernement d’union nationale. Qui dit “Gouvernement d’union nationale” dit partage de portefeuilles ministériels entre les acteurs politiques. Tieblé Dramé fait partie des signataires de cette déclaration. Sûrement que cela n’est pas suffisant pour lui. C’est pourquoi l’ancien leader estudiantin s’essaye d’ouvrir une autre voie pour lui afin de de se trouver un poste juteux.
En insistant sur la participation des criminels de guerre au dialogue direct inter-malien, le “petit Monsieur” selon feu IBK veut être le médiateur voir le négociateur national entre les autorités et ces criminels. Il voudrait rééditer le rôle qu’il a joué pendant la transition politique de 2012. En cette période, il a pu convaincre le Président de la transition, le Pr Dioncounda Traoré, de le nommer négociateur entre l’Etat et les groupes armés indépendantistes afin que l’élection présidentielle puisse se tenir dans la paix et la sécurité surtout dans les zones du Nord occupées par ceux-ci. C’est ainsi qu’il s’est ensuite rendu en Mauritanie et puis en Algérie pour rencontrer ces “apatrides”. Il a clos sa négociation par la signature à Ouagadougou d’un accord d’une durée de soixante jours.
Auréolé de la réussite de cette mission, il avait pensé qu’à l’issue du scrutin, le nouveau Président de la République, le laisserait continuer ce travail soit en qualité de Ministre des Affaires étrangères, soit de Haut représentant du Chef de l’Etat ou de négociateur en chef. Mal lui en pris, car feu IBK, le tout nouveau locataire de Koulouba, jettera son dévolu sur Abdoulaye Diop qui sera nommé Ministre des affaires étrangères et, Modibo Keita comme Haut représentant du Chef de l’État.
Déçu, il entrera en opposition farouche contre feu IBK. Il ne ratait aucune occasion pour fustiger la gouvernance sécuritaire du gouvernement. Il était devenu un grand “compteur” de nombre d’attaques terroristes, de morts et de blessés dans les rangs des forces armées loyalistes. Son “animosité politique” envers feu IBK a conduit ce dernier à le traiter, un jour lors d’une sortie publique, de “Petit Monsieur”.
Finalement, ce dernier le nomma comme Ministre des Affaires étrangères à l’occasion d’un accord politique de gouvernance issu du dialogue national inclusif. Il accepta ce poste en trahissant ses camarades du regroupement politique, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) qui avait refusé la main tendue de feu IBK.
Pour légitimer sa trahison et intégrer le gouvernement, il créa avec quelques leaders de partis politiques, le FSD-SAP (Front pour la Sauvegarde la Démocratie – Signataires de l’Accord Politique de gouvernance). Il siégea ainsi dans le gouvernement jusqu’aux dernières heures de la fin du régime de feu IBK. Depuis, l’ancien membre du CNID (Comité d’initiatives Démocratiques) Association se trouve en “chômage”. D’où son obstination à tenir un dialogue direct avec les leaders des groupes armés terroristes. Coûte que coûte. Et quoiqu’il en coûte.