La phase communale du Dialogue inter-malien a pris fin cette semaine, après trois jours de travaux. En feuilletant les premières recommandations, on a l’impression que les délégués se sont plutôt penchés sur la prorogation de la Transition (qui a juridiquement pris fin) plutôt que sur la paix et la réconciliation entre tous les Maliens.
Une paix juste et durable ne peut résulter que d’un véritable Dialogue inter-malien, seul porteur d’une vision partagée de ce que nous avons été, de ce que nous sommes et de ce que nous voulons devenir.
C’est dans ce contexte que s’est ouverte la phase communale, régionale et nationale du Dialogue inter-malien dont l’objectif ultime est de comprendre les causes profondes des conflits qui assaillent le Mali depuis plus d’une décennie en vue de trouver des solutions idoines à travers un dialogue franc et sincère entre tous les fils du pays.
Au cours des travaux de ce dialogue, il s’agit d’interroger sans complaisance les valeurs maliennes afin d’y puiser les ressources nécessaires et susceptibles de poser de bonnes bases pour la paix et la réconciliation nationale après la fin officielle de l’Accord pour la paix et réconciliation issu du procès d’Alger.
Ce dialogue, initialement destiné à promouvoir la paix et la réconciliation au Mali, devient une plateforme dévoyée servant à décider de la durée de la transition, déjà terminée depuis le 26 mars 2024, ainsi qu’à promouvoir la candidature du président de la transition, le colonel Assimi Goïta.
Les rapports de la phase communale que nous avons consultés se concentrent principalement sur la prolongation de la Transition (de 2 ans à 10 ans) et sur la candidature du colonel Assimi Goïta.
Ce dialogue a-t-il été organisé pour la paix et la réconciliation ou pour proroger la Transition ?
Selon plusieurs observateurs, plutôt que de chercher des solutions pour favoriser l’unité et la réconciliation entre les Maliens, les autorités semblent utiliser cette grande messe pour légitimer leur agenda de confiscation du pouvoir, comme elles l’ont fait lors des précédentes assises et concertations nationales.
“Tout comme avec les Assises nationales de la refondation, les militaires au pouvoir vont surfer sur ce Dialogue inter-malien pour essayer de proroger la durée de la Transition. Déjà on a vu dans les recommandations de la Commune urbaine de Gao la prolongation de la Transition pour une durée de 10 ans ainsi que la candidature du colonel Assimi. Ce dialogue servira de cadre pour les militaire de prolonger la durée de la transition et d’asseoir sa légitimité aux yeux de la communauté internationale surtout que nous savons que c’est le président de la Transition, colonel Assimi Goïta qui a choisi l’agenda, décide de l’exécution des activités au menu et des acteurs de la mise en œuvre de ce Dialogue direct inter-malien”, analyse un observateur.
Ce qui entache à ce Dialogue, c’est l’absence remarquable de la classe politique et les groupes armés à la table.
Pour Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute African center for Peace Studies (Bamako, Dakar, Niamey), il faudra absolument que les autorités veillent à ce que ce dialogue puisse inclure toutes les parties prenantes y compris les différentes composantes des groupes armés dans leur diversité.
“J’ai foi en la capacité des Maliens à se surpasser pour aller de l’avant ensemble. La grandeur historique d’un pays et d’un peuple reste toujours un crédit pour relever tous les défis. Elle est une force motrice pour les grands sursauts. Il en faut aujourd’hui. Le dialogue est une nécessité mais elle est aussi inscrite dans les pratiques culturelles des Maliens”, espère Dr. Bakary Sambe.
“Nous, au Timbuktu Institute, croyons qu’il faut soutenir ce dialogue et l’encourager car, par-dessus tout et au-delà même de l’impérieuse nécessité de relever les défis pressants dans ce pays, la survie du Mali est celle de notre région. La paix dans ce pays pivot est celle de tout le monde”, conclut le directeur régional du Timbuktu Institute.