Dans le monde d’aujourd’hui, aucun pays seul ne peut s’organiser pour améliorer la vie de ses citoyens et les sécuriser. Quand je parle de sécurité, je ne fais pas référence seulement à la sécurité martiale. Parce que c’est la tendance aujourd’hui dans notre pays. La notion de sécurité dans mes propos touche celle de l’emploi, de la formation, de la couverture sociale, de l’assurance retraite, de la justice, de l’accès à la culture et à l’information, du commerce, du numérique, de l’environnement, du logement, de l’énergie, de l’accès à un service public de qualité, de l’expression indépendante d’opinion, de la libre circulation des personnes, des biens et des services…
Les pères de la Cédeao avaient compris ces enjeux. Les États nationaux n’ont et n’auront pas la capacité de construire seuls un tel écosystème de sécurité. D’où l’idée d’une organisation de communauté de pays sous le nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest Cédeao.
Mutualiser des services publics, mettre en place une communauté économique, citoyenne et des nations étaient les objectifs tout de suite recherchés par les pères de la Cédéao. Cependant, ces objectifs se heurtaient à leur ambition personnelle : garder le pouvoir ad vitam æternam.
Cette tare congénitale a mitigé l’efficacité de la communauté. Ainsi, elle a été inefficace face à l’épidémie des 3èmes mandats, inefficace face aux coups d’État militaires, inefficace face à la libre circulation des personnes et des biens.
Mais sa cour de justice a été régulièrement d’un grand recours à beaucoup d’injustices. Plusieurs de ses programmes ont permis de grandes avancées en économie, en justice, en transfert de compétences, en soutiens à des activités sectorielles, même dans une certaine mesure en libre circulation des biens et services.
Mais elle reste un inconnu pour le grand public qui ne l’a en fait vraiment connu que par ses sanctions. L’usager du bus qui quitte Bamako pour Abidjan, Dakar, Lomé… ne sent pas la Cédéao. Vice-versa. Il paie régulièrement de l’argent aux policiers, aux gendarmes et aux douaniers sur la route. Pourquoi ? On lui fait comprendre qu’il est étranger. C’est ce dysfonctionnement que les entrepreneurs des récents coups d’État ont utilisé pour créer et entretenir la défiance de la Cédéao dans le grand public et essayer, au-delà des armes, de donner un semblant de légitimité populaire à leur pouvoir.
L’Afrique de l’Ouest a plus que besoin aujourd’hui d’une Cédéao crédible, à la gouvernance renouvelée, et intériorisée par le grand public comme représentant de l’intérêt général de la communauté. Les questions de la monnaie, de la construction d’un univers symbolique commun, de la spécialisation économique de ses États, de la culture numérique, de la formation et de la mobilité professionnelle de ses citoyens, notamment les jeunes, doivent être au cœur de cette dynamique.
C’est ce que le Président Bassirou Diomaye Faye doit inscrire comme un axe fort de sa diplomatie dans la sous-région. Il doit en prendre le leadership. Ça doit être sa mission générationnelle.
J’en viens également à espérer que la Côte D’Ivoire choisisse un Monsieur comme Tidiane Thiam pour assurer la relève de l’excellent travail du Président Alassane Ouattara.
Ce duo pourrait être d’une efficacité qui surprendrait le monde dans le renouvèlement de la gouvernance de la Cédéao. Et le Nigéria qui vient de descendre de la 1ère à la 4ème économie africaine ne pourrait qu’en être inspiré et suivre. J’avais aussi un moment compris que le Maroc n’était pas insensible à la communauté.
Président Bassirou Diomaye Faye, la balle est dans votre camp. Vous en avez la légitimité politique et générationnelle.