Depuis le 26 mars 2024, date de la fin de la transition aux termes du décret N°2024-0230/PT-RM du 10 avril 2024, le landerneau politique bouillonne pour demander la mise en place d’une nouvelle transition. Face à cette agitation, les colonels au pouvoir ont pris des décisions successives très importantes qui vont de la dissolution d’organisations à la suspension des activités politiques.
Cette dernière, selon le porte-parole du gouvernement, permettra de mieux tenir le dialogue inter-malien, actuellement en cours, annoncé en début d’année par le Colonel Assimi Goïta. Un dialogue dont les recommandations pourront guider le pouvoir actuel dans la gestion du pays. Une nouvelle gestion qui se fera avec un nouveau chef de l’Administration et des nouvelles femmes et de nouveaux hommes.
Depuis bientôt 4 ans, le Mali patauge. Si, sur le plan sécuritaire, il y a des avancées incontestables, tel n’est pas le cas du tissu socio-politique qui est loin d’être recousu. L’actuel locataire de la Primature peine à rassembler au regard de la mission à lui confier par le Président de la transition, c’est à dire « travailler à fédérer davantage les intelligences et les énergies pour plus d’inclusivité dans le processus de refondation du Mali ». Rien n’y fit.
Incapable d’insuffler une gouvernance exclusivement au service du peuple, il s’adonne à des diatribes vexatoires, voire des réquisitoires sans concessions contre ses adversaires politiques. Par rapport aux problèmes cru auxquels les populations sont confrontées tels que la crise énergétique, il n’hésite point à dégager sa responsabilité en affirmant qu’il n’est au courant de rien et que le Président de la transition a personnellement pris le dossier. Drôle de Premier Ministre !
Ayant compris son jeu, les Colonels ont vu juste en décidant de la tenue d’un dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale. L’organisation de ce forum a été confiée à un ancien Premier Ministre de feu l’ancien Président Amadou Toumani Touré (ATT), Ousmane Issoufi Maïga, qui en est le Président. D’ailleurs, celui-ci l’a rencontré à la Primature pour recueillir les observations et suggestions de son gouvernement. En sus, le Conseil national de la transition l’a averti de se préparer pour une interpellation au niveau de l’institution en vue d’évaluer son travail à la tête du gouvernement. Cette interpellation a été annoncée par le colonel Malick Diaw, lors de la Rentrée Parlementaire d’avril 2024.
Une interpellation qui va lui ouvrir la porte de sortie
L’interpellation du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, survient dans un contexte de mécontentement croissant concernant la gestion de la transition et les politiques gouvernementales. Des critiques ont émergé notamment autour de la crise énergétique, des retards dans la mise en œuvre des réformes et des préoccupations liées à la gouvernance. Choguel Maïga se trouve ainsi sur une pente glissante alors qu’il va tenter de défendre son bilan et sa légitimité devant le CNT. Les tensions sont exacerbées par les divisions internes au sein de son ancienne force politique, le M5-RFP, mais aussi au sein du gouvernement de transition et les rivalités politiques, entravant sa capacité à agir de manière décisive. Une situation que le Colonel Mali Diaw n’a pas manqué de souligner sans son discours inaugural de la rentrée parlementaire en ces termes « Dans ce contexte, la nécessité pour toutes les parties, de regarder dans la même direction et de cesser les combats par procuration ».
Soulignons qu’un de ses lieutenants, Abdel Kader Maïga, actuellement en détention, n’a pas hésité à accuser les Colonels Malick Diaw et Abdoulaye Maïga d’avoir été à la manœuvre pour ” casser ” le M5-RFP. Donc, c’est dans un contexte de manque de confiance que Dr Choguel se présentera devant Colonel Malick Diaw et ses collaborateurs. Une situation moins reluisante pour le Premier Ministre et qui peut donner les coudées franches pour les colonels de procéder à son remplacement. En tout cas, les recommandations du dialogue inter-malien ne peuvent pas être mises en œuvre par lui. C’est pourquoi, l’on pense que c’est le Président du comité de pilotage qui est le mieux placé pour cela. D’ailleurs, en le limogeant du poste de Premier Ministre, il n’y a aucun risque que le Président du MPR soit visible pour les colonels, car les activités des partis politiques sont interdites jusqu’à nouvel ordre tout comme les activités des associations à caractère politique. Une véritable astuce !