Un "gouvernement d'union nationale" au Mali aura
seul "la légitimité pour demander l'intervention d'une force africaine" dans
le nord du pays, a déclaré mardi à l'AFP le président guinéen Alpha Condé,
jugeant prioritaire de régler "le problème de Bamako".
"Un gouvernement d'union nationale aura la légitimité pour demander
l'intervention des troupes africaines au nord. On ne peut pas résoudre le
problème du nord si on ne résout pas d'abord le problème de Bamako", a-t-il
affirmé.
Alpha Condé a par ailleurs établi une distinction claire entre les rebelles
touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et les groupes
islamistes présents dans le Nord-Mali.
"Nous distinguons deux choses au Mali: le MNLA qui a une revendication
identitaire. Il n'est pas question de faire la guerre avec eux. Nous devons
trouver une solution avec eux dans le cadre d'un Mali uni", a-t-il affirmé.
"Toutes les autres forces, qu'elles soient touareg, qu'elles soient autres,
à partir du moment où elles sont terroristes, nous devons les combattre", a
ajouté le president de Guinée.
Un mini-sommet de chefs d'Etat ouest-africains avec des représentants de la
classe politique et de la société civile du Mali aura lieu samedi à
Ouagadougou afin de mettre en place un "gouvernement d'union nationale" dans
ce pays, a annoncé lundi la médiation burkinabè.
Ce gouvernement de "large consensus" devra gérer le défi de "la gestion de
la crise du Nord" malien, dominé par des groupes islamistes liés à Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi) et la création de "conditions" pour "la tenue
d'élections présidentielles pour sortir de la transition", selon la médiation.
"La mise en place du gouvernement d'union nationale doit se faire en même
temps que la présence de troupes à Bamako pour sécuriser les hommes
politiques. Et il ne faut pas trop attendre pour intervenir ensuite au Nord.
Plus on perd du temps, plus Aqmi s'installe", a ajouté le président guinéen.
"Il faut aider l'armée malienne à se reconstituer. Une intervention se fera
nécessairement avec l'armée malienne", a-t-il insisté, ajoutant que l'appui
des puissances occidentales était souhaité mais qu'il n'y aurait "sur le
terrain que des troupes africaines".
Interrogé pour savoir si les combattants du MNLA qui seraient prêts à
rejoindre ou appuyer une force d'intervention régionale seraient bien
accueillis, il a répondu: "Bien sur, ils sont des Maliens".
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