La question énergétique continue de défrayer la chronique et d’avoir au point que les consommateurs n’ont plus que l’adaptation ou l’accommodation comme alternative. L’adaptation pour les plus nantis et la résignation pour le quidam. Face à l’équation, la ministre en charge du secteur a elle-même abandonné ses ardeurs querelleuses et commence à aborder la question avec beaucoup plus de modestie et moins de ton agressif. La problématique énergétique ne se résume plus à la traque des voleurs de gasoil que la réalité lui a fait oublier y compris pour les fameux 49 camion-citernes. Ses yeux sont désormais braqués sur 150 millions de litres dont l’acheminement s’il est diligenté pourrait « améliorer » la desserte. En l’avouant ainsi sur les antennes, la ministre Bintou Camara admet en même temps l’échec de ses promesses initiales de venir à bout de la crise dans les plus brefs délais. Il en va de la déconcertante réalité car, selon toutes sources concordantes, le carburant attendu du Niger ne peut-être réceptionné à Bamako qu’au bout d’un trimestre. Quoi qu’il en soit, la disponibilité ne saurait juguler un autre aspect de la question devenue plus intense avec que la pénurie : la qualité de l’électricité fournie. En plus de passer des heures et des journées à attendre la précieuse et luxueuse denrée, celle-ci arrive chez certain dans un état qui comble à peine son absence. L’électricité disponible sur certaines lignes ne fait même pas bouger les ventilateurs à fortiori refroidir ou glacer l’eau des réfrigérateurs.
Exit l’ère du Bazin au Mali ?
Naguère très prisé au point d’être l’objet de spéculation et de contrefaçons, le célèbre tissu Bazin est en perte de vitesse et se dévalorise à un rythme à peine réversible. Le marathon public pour s’en procurer, à la veille de chaque fête, manque visiblement d’adeptes au grand dam de ceux qui en ont fait un monopole et une exclusivité commerciale. En témoigne la récente fête de Ramadan où le volume des écoulements de cette marchandises pouvait se juger à un décor manifestement dominé par d’autres préférences. À vue d’œil, en effet, le traditionnel Bazin semble détrôné par le Wax apparemment plus compétitif par le coût ainsi que par son adaptation aux conditions climatiques de plus en plus insupportables. Enfants et parents se sont massivement parés de ce nouveau matériau en vogue pour les salutations festives d’usage. La baisse d’influence de la culture vestimentaire malienne est probablement passée par là également. Contrairement à un passé encore récent, le Bazin transformé au Mali n’est plus exporté dans la sous-région alors que les traditions vestimentaires de l’extérieur gagnent de plus en plus une jeunesse fascinée par d’autres stars de la sous-région portées sur d’autres styles couturiers et auxquelles elle veut s’assimiler.
Quand Abdoulaye Diop accuse et s’accuse
Le chef de la diplomatie malienne ne rate jamais l’occasion de se mettre en exergue et étonne souvent par ses prises de position triviales. Il avait fait parler de lui en s’illustrant, lors du dernier forum sur la paix et la sécurité en Afrique, par une intervention qui enflamme les réseaux sociaux comme si c’était hier l’événement. Dans l’élément en question, l’ancien fidèle compagnon d’IBK s’attaque au multilatéralisme et à l’ordre mondial en vigueur en taxant l’ONU d’organisation incapable et en s’en prenant vigoureusement au principe de subsidiarité qui a toujours caractérisé ses rapports avec les ensembles régionaux et sous-régionaux du continent africain. Abdoulaye Diop a en clair mis à profit la tribune sénégalaise pour décrire et décrier un monde injuste où des sanctions à la carte s’abattent impitoyablement sur certains pays ou épargnent d’autres en fonction de leur influence dans la jungle internationale. Et d’en déduire qu’on ne peut réclamer aux Etats de la démocratie à l’interne sans démocratisation des relations internationales, feignant ignorer qu’aucun dirigeant des puissants pays qu’il indexe n’a l’audace, comme lui, de s’exprimer au nom de son peuple sans légitimité élective.
De même, soutient-il, que la démocratie exigible des moins nantis ne sera qu’un leurre sans anticipation des facteurs qui entraînent les coups d’Etat, allusion faite notamment à la tolérance des tripatouillages constitutionnels et aux persécutions d’opposants ou potentiels concurrents politiques. En définitive, le ministre des Affaires Étrangères est moins dans la contestation de l’irrégularité des autorités maliennes que dans le plaidoyer pour un traitement identique pour tous les systèmes qui s’apparentent à celui de son pays. Idem pour la récurrente question de violation des droits de l’homme. Au lieu de lever les équivoques qui valent au Mali d’être la cible d’enquêtes internationales, Abdoulaye Diop donne l’air d’y consentir en admettant tacitement des similitudes avec d’autres situations différemment traitées par la communauté internationale. Il met notamment le curseur sur le traitement de faveur à Gaza où les abus n’inspirent pas à la communauté internationale le même lever de boucliers qu’au Mali