L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies a proclamé, le 3 mai, Journée mondiale de la Liberté de la presse suivant la recommandation de la 26è session de la Conférence générale de l’Unesco tenue en 1991. L’institutionnalisation de cette journée est «également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias».
Ainsi cette journée est célébrée chaque année autour d’un thème choisi en fonction de la préoccupation du moment. En 2024, c’est l’importance du journalisme et de la liberté d’expression dans le contexte de la crise environnementale mondiale actuelle. «La prise de conscience de tous les aspects de la crise environnementale mondiale et de ses conséquences est essentielle pour construire des sociétés démocratiques, et le travail journalistique est indispensable à cette fin», selon les Nations Unies.
Pour célébrer la ‘’Semaine nationale de la liberté de la presse, la Maison de la presse du Mali et ses partenaires prévoient une série d’activités: une conférence sur la désinformation, un forum sur le thème mondial, etc.
Un constat amer qui s’impose cependant : la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse intervient dans un contexte très particulier les professionnels maliens de l’information. En effet, quel est l’état de la presse malienne ?
Une presse longtemps fragilisée, au bord de l’asphyxie depuis la crise de Covid 19 et les mesures de réduction d’accès à la commande publique.
Une presse privée de l’aide publique qu’elle n’a jamais obtenue et, plus grave, de la modique subvention qu’elle percevait de 1996 à 2019 ! Alors qu’au moment, des institutions de la transition s’offrent moult avantages financiers et matériels comme si la crise que vit le Mali ne devrait pas être supportée de la même manière par tous ses enfants !
Une presse délaissée, voire méprisée au profit de «mercenaires de la plume et du micro». Au grand mépris de la sagesse bien connue au-delà de nos frontières selon laquelle : ‘’Si tu te débarrasses de ton chien en l’accusant de rage, tu ne devrais t’en prendre qu’à toi seul si jamais te mordait celui enragé de ton ennemi’’.
Une presse victime d’attaques planifiées au sein d’officines secrètes quand dérangent son professionnalisme, son indépendance et surtout sa liberté de ton dans le traitement des questions d’intérêt national. Parce qu’elle a conscience que la mauvaise gouvernance est à l’origine de la situation actuelle et qu’à l’heure de la refondation, elle doit dénoncer ce qui cloche afin que les mêmes causes ne produisent plus les mêmes effets.
Que nenni ! Par crainte de représailles, la sentinelle qui doit veiller sur la gestion du Mali dans l’intérêt exclusif des Maliens s’oblige malheureusement à opter très souvent pour l’autocensure.
Représailles, autocensure, intimidations…mais il n’a pas que ça : elle reste traumatisée par l’enlèvement, depuis plus de 2 ans, des journalistes Hamadoun Nialibouly et Moussa M’Bana Dicko.
En somme, les journalistes maliens souffrent de freins à leur épanouissement et le public de son droit constitutionnel à l’information. Il revient aux professionnels des médias de s’assumer, main dans la main, pour préserver les acquis obtenus de haute lutte. Ils ont aussi comptables de la dégénérescence de leurs conditions de travail et du péril sur l’existence de la corporation à cause du manque de solidarité. Un lourd handicap dans le combat à mener légitimement pour sa survie !