Les violences basées sur le genre (VBG) demeurent un fléau mondial qui touche des millions de personnes chaque année. Au Mali, selon les dernières données de la coordination du sous cluster VBG et du GBVIMS disponibles, en 2023, près de 16 000 cas de VBG ont été documentés soit 1333 cas par mois dont 96 % touchent les femmes et les filles (site web : mali.unfpa.org/fr/news). Face à ce problème persistant, de nouvelles méthodes de prévention et de lutte ont émergé ces dernières années, offrant de l’espoir pour un avenir plus sûr et plus équitable pour tous. Quid du Mali ?
Adama Diarra, médecin, pense que beaucoup de choses ont été faites et de nouveaux mécanismes jusqu’à ce jour continuent d’être adoptés pour lutter contre les VBG, qui aujourd’hui constituent un problème majeur dans notre société.
“Comme solutions nouvelles, je propose que l’on utilise beaucoup plus les Technologies de l’information et de la Communication dans nos politiques de sensibilisation. Je pense que cela pourrait faire plus d’impact et toucher le plus grand nombre de personnes. La deuxième solution, c’est vraiment l’implication des religieux car ceux-ci ont un rôle prépondérant à jouer dans les relations sociales et interpersonnelles au Mali. Enfin, je propose qu’on informe encore et encore sur les dangers du phénomène. Cela peut se faire avec l’introduction de la thématique des VBG dans les curcula de formation. Avec ces différentes solutions, je suis sûre que l’on pourra beaucoup lutter contre les VBG dans notre pays”.
Pour Kalilou Konaté, juriste, il faut “une lutte contre les normes sociales encourageant la suprématie des hommes sur les femmes, autrement dit le sexe masculin sur le sexe féminin ; la scolarisation des femmes et les filles ; l’autonomisation économique des femmes leur permettant de ne pas dépendre des hommes et l’inclusion et la participation des femmes dans la vie politique et les instances de décisions”.
Pour Madina Diarra, étudiante en communication, “l’avènement des technologies de l’information et de la communication a ouvert de nouvelles possibilités dans la prévention et la dénonciation des VBG. Des applications mobiles permettent aux victimes de signaler anonymement les cas de violence, facilitant ainsi leur prise en charge par les autorités compétentes. De plus, les réseaux sociaux offrent une plateforme pour sensibiliser le public et mobiliser des ressources en faveur de la lutte contre les VBG”.
Pour une source au ministère de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, “une approche fondamentale dans la lutte contre les VBG est l’éducation et la sensibilisation. De nombreux programmes éducatifs ont été mis en place pour promouvoir l’égalité des genres, remettre en question les stéréotypes nocifs et encourager le respect mutuel au sein de la société. En sensibilisant les individus dès leur plus jeune âge, ces initiatives visent à instaurer des normes sociales saines et à prévenir la perpétuation des comportements violents”.
Pour notre interlocuteur, il faut favoriser le dialogue et la résolution pacifique des conflits. “Parce que ce sont des éléments qui n’ont pas été pris en compte lors de la première phase de l’initiative Spotlight. Il faut lutter contre les VBG par la création de One-stop-center dans tous les districts sanitaires, pour ne même pas dire dans tous les cercles”, dit-elle.
“La lutte contre les VBG nécessite une approche holistique impliquant différents acteurs tels que les gouvernements, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et la société civile. En favorisant la collaboration et le partage des bonnes pratiques, il est possible de renforcer l’efficacité des interventions et d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles. De plus, une coordination efficace entre les différents acteurs permet d’assurer une réponse cohérente et rapide aux cas de VBG”, ajoute Kalilou Konaté, juriste.
Pour le ministère de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, “malgré les avancées réalisées, la lutte contre les VBG reste confrontée à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, on peut citer la persistance des normes sociales patriarcales, le manque de financement durable pour les programmes de prévention, ainsi que les obstacles juridiques et institutionnels qui entravent la protection des victimes. Pour surmonter ces défis, il est essentiel de renforcer l’engagement politique, d’accroître les investissements dans ce domaine et de promouvoir une culture de tolérance zéro envers les VBG”.
Pour eux, “les nouvelles méthodes de lutte contre les VBG offrent des perspectives prometteuses pour un avenir sans violences et sans discriminations. En combinant les avancées technologiques, l’éducation et la sensibilisation, ainsi qu’une approche collaborative, il est possible de progresser vers une société plus équitable et plus sûre pour tous. Toutefois, pour que ces efforts portent leurs fruits, il est impératif de persévérer dans notre engagement et de travailler ensemble pour mettre fin aux VBG une fois pour toutes”.
Aminata Agaly Yattara
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains au Mali (JDH) et NED