Aucun pouvoir, quoiqu’il soit, ne peut se sentir à l’aise dans son exercice en l’absence du calme sur la scène politique. Aussi, aucun État ne peut se développer sans stabilité ni paix. Il est donc du devoir, voire une obligation pour le pouvoir en place de créer les conditions de la paix, la stabilité et de la cohésion sociale. C’est de la sorte que le Pouvoir transitionnel du Mali doit s’y efforcer. Surtout que le pays traverse une crise multidimensionnelle.
Normalement, la période de Transition est celle où la logique de la politique politicienne n’est pas trop mise en avant. C’est plutôt une période pendant laquelle toutes les sensibilités sont généralement mises ensemble. C’est une période où de grandes décisions politiques peuvent être prises pour pouvoir dégager les bases d’une future meilleure gouvernance. Dans le fond, c’est une période où les clivages politiques n’ont pas normalement de place.
Une transition a donc pour mission, de rassembler et d’unir tous les citoyens, en ne tenant pas compte du caractère partisan des uns ni des autres. En vérité, la Transition est sans coloration politique aucune. Nous l’avons déjà dit à maintes reprises, en insistant sur le fait de ne pas la politiser, encore moins de ne pas la glisser sur le terrain de la politique politicienne. Car la Transition par définition, n’est pas une entité politique. Et elle devrait appeler sans cesse tous les acteurs politiques et les leaders de la société civile, à l’accompagner dans la réussite de sa mission. C’est donc le caractère neutre de la Transition qui peut aider à la consolidation de la paix et de la cohésion sociale.
D’ailleurs, les principaux acteurs de la Transition l’avaient dit et redit, aux premières heures de leur prise du pouvoir. Ainsi, en leur qualité de militaires de terrain très avertis, ils ont choisi de privilégier la sécurisation des populations et du pays. Sur le terrain de la sécurité, la Transition a incontestablement produit des résultats éloquents et tangibles. Ce qui est une source de fierté nationale. Sont donc nombreux les maliens qui saluent la transition et félicitent vivement l’armée nationale du Mali pour ses exploits sur le théâtre des opérations. Même si les terroristes continuent d’agir de façon sporadique, il est incontestable que l’armée malienne a bien tenu la dragée haute, en réduisant au silence de très nombreux criminels sans foi ni loi.
Toutefois, le pagne n’est pas totalement blanc au niveau politique. La transition n’a pas encore réussi à convaincre les politiques afin qu’ils puissent mieux l’accompagner. La mise en quarantaine des activités des partis et mouvements politiques, est une réelle, mais triste illustration. Voilà pourquoi l’idée du dialogue Inter-Maliens pour la réconciliation, l’entente et la cohésion, est à saluer. Mais le moment du dialogue Inter-Maliens ne devrait-il pas être un véritable plaidoyer pour que tout le monde travaille, main dans la main, dans l’intérêt supérieur de la nation. N’était-ce pas d’ailleurs le vœu qu’a maintes fois formulé le président de la Transition ? Certainement qu’il aurait aimé voir les filles et les fils de la nation se parler franchement, pour in fine se comprendre, se pardonner et faire du chemin ensemble dans la cohésion.
La commission de pilotage du Dialogue Inter-Maliens, aurait dû également œuvrer dans ce sens. Mais oui, il aurait dû encourager cet esprit d’union pour voir, tous les enfants du Mali ensemble, quelles que soient leurs appartenances politique, sociale, religieuse, culturelle et leurs opinions politiques ! En procédant ainsi, c’est la Transition malienne qui gagne. Et c’est le Mali qui en sort grandi !