Gouverner, c'est prévoir, dit-on. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire de belles annonces, qui suscitent de l'espoir chez les populations, et ne pas les concrétiser. Pourtant, c'est ce qui semble être le sport favori du gouvernement actuel si l'on se réfère à la pluie de belles et bonnes annonces faites par le ministre de l'Economie et des finances et celui en charge de l'Energie et de l'Eau.
Depuis quelques années, le peuple malien assiste, impuissant et médusé, à un spectacle digne d'un film à séries de la part de certains de ses gouvernants. Face à la résilience du peuple, ces gouvernants ne manquent pas d'astuces pour le galvaniser en vue de le maintenir dans l'espoir de vivre des lendemains meilleurs.
Hélas, ces espoirs ne sont jusqu'à présent comblés.
Les populations attendent, attendent et attendent encore ! Cette attitude des gouvernants à l'allure de
manipulation a commencé à partir des sanctions économiques et financières infligées au Mali. C'était le 09 janvier 2022. Durant plusieurs mois, le peuple a souffert des conséquences désastreuses de ces sanctions. Pour faire face à celles-ci, les autorités se sont tournées vers d'autres horizons de coopération.
C'est ainsi que la Turquie et la Russie ont été beaucoup sollicitées. A propos de la Russie, des délégations ministérielles de haut niveau ont multiplié les visites de travail à l'issue desquelles de belles annonces en pompe ont été faites au peuple. Des annonces ayant suscité un réel espoir chez les populations. Des annonces, qui jusqu'à ce jour, n'ont pas été suivies Le blé, l'engrais, des produits
pétroliers, de nouvelles locomotives toujours attendues par le peuple
Il y a moins d'un mois que le ministre Alhousséni Sanou conduisait une mission de haut niveau en Russie. Ce qui fait, de 2022 à ce jour, sa quatrième mission et sa troisième en tant que chef de
délégation. Finalement, on se demande si c'est lui le ministre des affaires étrangères. En tout cas, il est
devenu l'interlocuteur attitré du Mali avec la Russie. A ce titre, on peut le considérer comme "Ministre de la coopération économique". La toute première mission à laquelle il a participé était conduite par Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. C'était du 18 au 21 mai 2022. Après cette mission, il a dirigé jusqu'à ce jour toutes les autres missions à destination du pays de Vladimir Poutine : octobre 2022, mai 2023, octobre 2023 et récemment en avril 2024. A l'issue de sa première mission en tant que chef de délégation, en octobre 2022, le ministre Sanou a annoncé en pompe que la partie russe a décidé de livrer au Mali 60 000 tonnes de produits pétroliers, 35 000 tonnes d’engrais et 25 000 tonnes de blé. Et d'annoncer encore en mai 2023 lors de sa seconde mission, la fourniture par le partenaire russe en mai 2023, de 03 locomotives neuves et la réparation de 02 à travers la fourniture de pièces de rechange.
Jusqu'à ce jour, les populations attendent l'arrivée des produits pétroliers, des engrais, du blé et des 3 locomotives. En ce qui concerne les pièces de recharges de locomotive, elles ont été réceptionnées le 13 février 2023 à Bamako par le ministre des transports, Dembélé Madina Sissoko.
Que de belles annonces pour résoudre la crise énergétique, mais sans succès.
Tout a commencé en octobre 2023 lorsque la toute nouvelle ministre de l'Energie et de l'Eau a affirmé sur les antennes de la TV nationale le détournement de 59 citernes de carburant destinées à alimenter
les groupes électrogènes qui produisent de l'électricité.
Dans son explication, Mme Bintou Camara a ramené les causes de la crise à la mauvaise gestion du carburant.
La patronne du département de l'Energie avait même indiqué que des poursuites judiciaires seront engagées contre les agents qui détournent le carburant. Dans la même veine, elle a annoncé l'arrivée imminente d'un nombre très important de carburant, plus précisément de fuel et que les groupes devant recevoir ce carburant sont en entretien. Avant de terminer, elle a annoncé que son département et la
société EDM-SA travaillent d'arrache-pied pour que tout puisse rentrer, dans les plus brefs délais, dans l'ordre.
A ce jour, les citernes n'ont été ni retrouvées, leurs voleurs ni arrêtés. D'ailleurs, depuis cette apparition télévisée, la ministre n'a plus été revue pour parler de la suite de cette affaire. Ce n'est que le début de belles annonces.
En octobre 2023, à l'issue de leur participation au sommet Russe-Afrique sur l'énergie, le chef de la délégation, Alhousséni Sanou, a annoncé encore en pompe la signature de plusieurs accords avec la Russie dont ceux portant sur la production d’énergie. Et d'ajouter que le pays sera doté d’une centrale solaire et que des avancées notoires sont faites sur ce projet avec une société russe spécialisée
dans le domaine. Selon Sanou, le délai pour l’installation de cette centrale solaire et sa mise en production est fixée entre le 31 décembre 2024 et le 30 juin 2025. Le patron de l’hôtel des finances a, aussi, précisé que la délégation malienne s’est aussi penchée sur d’autres sources d’énergies renouvelables comme des barrages et les centrales éoliennes, des machines permettant de convertir la force du vent en électricité. Toujours au titre du compte rendu de la participation au sommet Russe-Afrique sur l'énergie, la Ministre de l’Energie et de l’eau a affirmé que le Mali et la Russie ont paraphé un
accord historique dans le domaine du nucléaire civil. Il s’agit d’un mémorandum entre Rosatom (la société publique russe de l’énergie atomique) et le Mali relatif à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Cet accord couvre non seulement le nucléaire civil mais aussi la coopération dans l’exploration géologique et minière. Une autre annonce pour résoudre la crise énergétique date de
février 2024. Il s'agit de l'arrivée de dons de plusieurs millions de litres de carburants en provenance du
Niger. Une autre annonce, faite par le ministre de l'énergie courant mois d'avril, est la résolution rapide du problème de transport de l'électricité vers les régions administratives. Sans un entretien le ministre avait évoqué ce problème qui constitue un boulot d'étranglement dans la fourniture de l'électricité à
l'intérieur du pays. La toute dernière belle annonce en pompe date d'avril 2024.
Elle est relative à la signature d'un accord dit historique, entre le Mali et le Niger à travers la société EDM-SA et la SONIDEP.
Dans cet accord, la partie nigérienne devra fournir 150 millions de litres de carburant à 328 FCFA l'unité. La signature de cet accord a fait l'objet d'une hypermédiatisation et présidée par le Premier ministre qui adore être au centre des évènements de ce genre.
En tout cas, rien ne vaut de faire des belles annonces si elles ne sont pas concrétisées ou tardent à l'être.
Aujourd'hui, les populations veulent du concret car elles souffrent, souffrent et souffrent. La résilience a des limites.