A l’issue du conseil des ministres du mercredi 8 mai 2024 sur le rapport du ministre de l’Economie et des Finances, le conseil a adopté un projet de loi portant modification de la loi n°2023-060 du 22 décembre 2023 portant Loi de finances pour l’exercice 2024. Aux termes de cette modification, le gouvernement a décidé de renforcer l’enveloppe budgétaire affectée à la subvention d’exploitation en faveur de l’Energie du Mali (EDM-SA) à hauteur de 30 milliards de F CFA.
Les coupures d’électricité récurrentes continuent de tenir en haleine la vie quotidienne des Maliens engendrant ainsi frustration, colère et inquiétude sur les réseaux sociaux, au marché et dans les grin surtout en cette période de canicule où les températures frôlent les 45°c sous l’ombre.
Pour les citoyens lambda, cette situation est plus qu’une double peine, c’est un supplice de ne pas avoir l’électricité et de ne pas aussi disposer d’informations crédibles, fiables et actualisées sur les perspectives de retour à la normale à court et moyen termes.
Lors de l’élaboration de la loi de finances pour l’exercice 2024, les membres du Conseil national de transition n’ont pas pris en charge la question énergétique dans les dépenses. Et aujourd’hui dans la mise en œuvre de cette Loi de finances, le gouvernement s’est heurté à des mesures nouvelles en termes de dépenses notamment la question énergétique et la prise en charge des opérations de sécurisation du territoire national après la reconquête de certaines villes comme Kidal.
L’intégration desdites mesures dans le budget d’Etat nécessite la modification de la Loi de finances initiale 2024 dont les prévisions des recettes budgétaires s’établissent à 2387,872 milliards de F CFA contre 2304,475 milliards de F CFA dans la loi de finances rectifiée 2023.
Face à ces mesures nouvelles, sur le rapport du ministre de l’Economie et des Finances, le conseil des ministres a adopté un projet de loi portant modification de la loi n°2023-060 du 22 décembre 2023 portant loi de finances pour l’exercice 2024 pour tenir compte de nouvelles charges.
Aux termes de cette modification, le gouvernement a décidé de renforcer l’enveloppe budgétaire affectée à la subvention d’exploitation en faveur de l’Energie du Mali (EDM-SA) à hauteur de 30 milliards de F CFA. Ces 30 milliards de F CFA viennent s’ajouter aux 60 millions de dollars décaissés par la Banque mondiale pour faire face à la crise énergétique que traverse le Mali depuis l’année dernière.
Le gouvernement a annoncé aussi la signature d’un protocole d’accord avec la société Amea Power LLC pour la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance des installations en Build, Own, Operate and Transfert, d’un projet de centrale solaire photovoltaïque de 100 mégawatts crêtes, en deux phases de 50 mégawatts crêtes.
Ce projet de centrale solaire photovoltaïque de 100 mégawatts crêtes, selon le gouvernement, vient renforcer la capacité de production d’électricité du réseau interconnecté tout en contribuant à l’atteinte des objectifs en termes d’intégration du renouvelable dans le mix énergétique.
Cependant cette modification affecte-t-elle l’équilibre budgétaire et financier de la Loi de finances initiale 2024 ?
Alors que le budget 2024 présente un déficit global de 686,631 milliards de F FCFA contre 689,995 milliards de F CFA dans la Loi de finances rectifiée 2023, soit une diminution de 0,49 %, le gouvernement de transition par le biais du ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou reste formel : cette modification n’affecte pas l’équilibre budgétaire et financier de la Loi de finances initiale 2024, ne concerne que les dépenses budgétaires. Les prévisions initiales de recettes, des ressources et des charges de trésorerie restent sans changement.
Économistes et planificateurs affirment déjà que ces mesures nouvelles n’étant pas prévues lors de l’élaboration de la Loi des finances initiale 2024 cela va affecter sérieusement l’équilibre budgétaire.
“C’est un discours politique que le gouvernement a tenu quand il affirme que cette modification n’affectera en aucun l’équilibre budgétaire et financier. Le gouvernement a fait des coupes budgétaires drastiques allant de 50 à 60 % au sein de beaucoup structures. Cette coupe budgétaire va entraîner l’arrêt de certains travaux comme celui de la construction ou la réhabilitation de certaines routes”, a expliqué un planificateur hors micro.