J’ai lu le livre “Le Mali…, ma vie” du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. C’est facile à lire. Ça m’a pris trois demi-journées. J’ai même relu certaines pages pour être sûr d’avoir compris des répétitions dans le livre. J’ai commencé à faire mes notes de lecture qu’un jour je partagerais peut-être avec vous.
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est resté dans la ligne qu’on lui connait aujourd’hui. Je ne commenterais donc pas ici les détails du livre pour ne pas m’inscrire dans des débats de supporters. Je vais plutôt questionner l’opportunité de la sortie et féliciter le matériau fourni par un acteur direct de notre récente histoire.
Quand j’étais étudiant, pendant une causerie avec Youssouf Tata Cissé et un griot qui lui avait rendu visite, je me suis permis de qualifier un homme politique malien d’intelligent. Yousouf Tata Cissé regarde le griot, sourit, sirote son verre, puis s’adresse à moi en prenant tout son temps, en articulant doucement chaque mot : “Ifra, tu confonds intelligence et ruse. Il n’est pas intelligent. Il est rusé”. La posture de Youssouf Tata Cissé m’a fait comprendre, moi qui m’étais inscrit à son école de la tradition mandingue, qu’il est d’une extrême importance de mieux appréhender la notion de l’intelligence.
Depuis ce jour, je m’y suis particulièrement intéressé : de l’intelligence scientifique à celle de l’émotion, en passant par la mécanique et la religion. La manière la plus simple que j’ai trouvée jusqu’à maintenant pour définir l’intelligence est l’équilibre, la cohésion.
Par cette compréhension de la notion, une personne qui désunit ne peut être défini d’intelligent. On pourrait le définir de rusé ou de malin. Le général George Marshal a fait preuve d’intelligence avec le Plan Marshal qui a permis d’articuler les intérêts et construire un univers symbolique commun d’un certain nombre de pays européens dont l’Allemagne, le principal protagoniste de la 2e Grande guerre.
Nelson Mandela a agi avec intelligence quand il a accédé à la présidence de l’Afrique du Sud. Il ne s’est pas vengé de ses geôliers. Il les a plutôt amenés à participer efficacement à la mise en œuvre d’une Afrique du Sud Arc-en-ciel. Muhammad a fait preuve d’intelligence en gardant le pèlerinage à La Mecque au lieu de le classer dans les pratiques païennes à bannir. Nos anciens ont mis en place une intelligence sociale en donnant une fonction professionnelle à chaque communauté et une place à chacun selon son âge, sa compétence, sa sagesse… Même le fou avait une fonction.
Un des meilleurs exemples de l’intelligence est le corps humain. C’est une articulation équilibrée de la chimie, de la biologie, de la mécanique et de l’émotion. Au moindre déséquilibre, le corps humain devient malade. Nous pouvons appliquer cette compréhension de l’intelligence au corps social. Si un corps social est mal articulé, il ne peut qu’en être malade. C’est également le cas de l’intelligence émotionnelle. On nous apprend dans les grandes universités traditionnelles et modernes qu’un leader doit savoir faire preuve d’intelligence émotionnelle. Un leader efficace est attentif à ses ressentis mais n’en est prisonnier.
C’est par ce biais que je questionne l’opportunité de la sortie du livre “Le Mali…, ma vie” du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga en ce moment. Fait-il preuve d’intelligence ou de ruse ?
Néanmoins, il fait mieux que ceux qui n’ont pas écrit et qui se sentent obligés aujourd’hui de se justifier. Le Mali a besoin de mémoire. C’est dans ce cadre que je félicite l’exercice. Parce que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga vient de verser un matériau qui servira d’élément de recherche pour les historiens et autres chercheurs. Ceux-ci disposent de compétences pour faire la part des choses. C’est pourquoi je préfère le livre du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à rien du tout.
Bravooo Monsieur le Premier ministre !
Anciennes autorités, à vos plumes ! Plutôt à vos claviers ! Je serais particulièrement attentif à celui de Monsieur Ousmane Issoufi Maïga, ancien Premier ministre et ancien membre du triumvirat, dans lequel nous aurons sûrement une explication de sa présidence du Dialogue inter-malien.