J’ai eu peur de l’avenir de ce pays depuis que j’ai vu la vidéo d’un “expert minier” dans laquelle il se contredit de manière idiote en soutenant d’abord que la capacité de production du Mali s’élève à 70 Tonnes (2022), avant d’avancer des chiffres bidons sans fondement en affirmant que “si on analyse bien, la production annuelle nationale du Mali atteint les 200 tonnes”.
Soutenir que la production annuelle du Mali vaut 200 tonnes revient à dire que le Mali devrait être classé 4ème producteur mondial après la Chine, la Russie et l’Australie. L’Afrique du sud, premier producteur du continent et qui contrôle mieux sa production, ne produit pas 200 tonnes depuis 2010. Sa production annuelle en 2022 était estimée à 84 Tonnes.
En indexant la distribution des dividendes au chiffre d’affaires, je ne connais pas l’information financière que l’on cherche à faire ressortir. Les dividendes ne sont pas indexés au chiffre d’affaires, ils n’ont aucun ratio pertinemment exploitable parce qu’on peut réaliser un chiffre d’affaires de plusieurs milliers de milliards et avoir un chiffre négatif au bas du compte de résultat.
Par contre, il y’a un lien entre dividendes et bénéfices car ces données permettent de déterminer le taux de distribution de dividendes. Donc, l’information de 60 milliards de dividendes versés sur 1904 milliards de Chiffre d’affaires n’a aucun sens.
Et pour rappel, le partage de dividendes n’est pas obligatoire tous les ans, il est possible que certaines sociétés minières n’aient pas distribué de dividendes depuis des années en raison des exigences légales liées au risque de diminution des capitaux propres comparé au montant du capital social sauf éventuellement si la société dispose des réserves légales ou statutaires suffisantes.
Aussi, il ne faut pas confondre chiffre d’affaires et résultat net, et faut également faire la part entre Bénéfices et dividendes. En d’autres termes, on peut faire 100 milliards de bénéfices et distribuer seulement 10% donc 10 milliards. L’AGO est l’organe souverain à décider ce qui doit être distribué. Dans cet exemple, puisque dans la pratique, le Mali n’a que 10% et non 20% du capital social, il ne peut recevoir que les dividendes prioritaires correspondant à 10% des 100 milliards c’est-à-dire la part d’actions correspondant au 10%.
Même si l’Etat du Mali parvenait à souscrire en numéraire les 10% qui lui sont réservés en option de rachat, ceux-ci échappent aux taux de dividendes prioritaires. Donc, l’Etat n’a aucun droit préférentiel pour se faire distribuer les dividendes résultant de cette part. L’un des grands malheurs de notre société est la fabrique de l’information et l’absence d’humilité devant la connaissance.
Ce qui est encore plus dangereux c’est que ces informations sont souvent l’œuvre de certains comptables, financiers d’entreprise ou de simples citoyens qui ne savent rien et ne comprennent rien mais prennent du plaisir à distribuer des informations erronées. Arrêtez la désinformation.