Alors que l’hivernage approche à grands pas, les premières pluies ont déjà commencé à tomber sur Bamako. Bien que ces précipitations soient encore négligeables, elles ont révélé les défaillances criantes du système de drainage de la ville.
Plusieurs axes, y compris des quartiers chics comme l’ACI 2000 et l’Hippodrome, se retrouvent déjà submergés par les eaux usées. Si rien n’est fait avant l’arrivée des grandes pluies, la situation pourrait devenir incontrôlable avec un risque sérieux de submersion de plusieurs quartiers de la capitale.
Selon une récente étude, à Bamako, moins de 1% des habitants est desservi par un réseau d’égouts, un chiffre en constante diminution malgré l’augmentation de la population et la vétusté croissante du réseau. Environ la moitié des déchets solides ne sont ni ramassés ni traités, finissant souvent dans les caniveaux à ciel ouvert.
Les coûts d’investissement pour un mini-réseau d’égouts dans un quartier de Bamako s’élèvent à environ 54 millions de FCFA, mais les écarts dans les chiffres communiqués montrent un manque de coordination et de planification.
La consommation d’eau moyenne lors des études techniques est de 20 à 40 litres par habitant et par jour, générant ainsi des volumes importants d’eaux usées. Celles-ci sont rejetées dans les marigots après décantation sans traitement adéquat, polluant ainsi les milieux récepteurs.
Initialement conçus pour drainer les eaux de pluie, les caniveaux sont souvent utilisés pour évacuer les eaux usées domestiques, ce qui les bouche fréquemment, aggravant la situation lors des pluies.
Le curage des caniveaux à Bamako est mal organisé, avec un manque de coordination entre les différentes autorités responsables telles que la mairie et le ministère de l’Environnement. Les déchets, au lieu d’être correctement éliminés, sont souvent simplement rejetés sur les bords des caniveaux, entraînant une pollution accrue et une dégradation de l’environnement, notamment au niveau des exutoires.
Cette gestion inadéquate a des conséquences négatives sur la santé et le cadre de vie des populations, augmentant les risques sanitaires et causant des dommages matériels lors des fortes pluies.
Prendre des mesures concrètes
Il faut aussi noter que les inondations récurrentes à Bamako sont directement liées à ces problèmes de gestion des eaux usées et de bouchage des caniveaux. Les fortes pluies fréquentes entraînent des inondations dans plusieurs quartiers, causant des dégâts matériels et des pertes en vies humaines.
Aussi, la résilience de Bamako aux inondations est un enjeu stratégique de développement durable, nécessitant des initiatives de relèvement et de prévention comme le Cadre de relèvement aux inondations de la ville de Bamako.
Il convient de signaler que le manque d’infrastructures d’assainissement, le rejet des eaux usées et des déchets solides dans les caniveaux ainsi que leur obstruction chronique sont des facteurs aggravant les inondations à Bamako, surtout en saison des pluies. D’où la nécessité d’une mobilisation urgente pour améliorer la gestion des eaux usées et des déchets dans la capitale malienne.
Les autorités doivent prendre des mesures concrètes pour entretenir régulièrement les caniveaux, coordonner efficacement les efforts de curage et investir dans des infrastructures d’assainissement durables pour protéger la ville et ses habitants des risques d’inondations et de ses conséquences sanitaires désastreuses.