Je suis taximan à Bamako cela ne date pas d’hier. Ma voiture est mon entreprise. Elle nourrit ma famille, nous soigne de la maladie, assure la scolarité de mes enfants grâce aux recettes cumulées. La charité bien ordonnée commence par soi-même. Les dures réalités de mon quotidien mériteraient d’être connues et partagées. Et pourtant, tous mes documents sont en règle. Actuellement, je suis devenu la cible prioritaire et la proie des policiers. Je manifeste du mal à joindre les deux bouts. Devant chaque barrage de policiers je paye la rançon à ceux-là mêmes payés par l’Etat tenus à garantir l’ordre dans la circulation routière en préservant la sécurité publique. Aujourd’hui, leur mission est compromise par des malversations qui déshonorent leur fonction. La cupidité des agents de la police nationale devient de jour en jour inquiétant car elle n’a aucune limite. Je me demande pourquoi devons-nous payer pour un oui ou un non ? Les agents tardent à comprendre que nos recettes journalières sont le fruit de la sueur de notre front.
Dans tous les Etats qui se respectent les policiers détiennent des documents administratifs pour dresser les procès-verbaux en vue de sanctionner les infractions. L’argent récolté par ce biais sert à garnir les caisses publiques et non la poche de l’agent en service. Du matin au soir nos porteurs de tenue siégeant dans les ronds-points outrepassent leur mission en pillant les conducteurs de transports publics. Quel manque à gagner pour l’Etat ! Notre pays devrait créer une unité spéciale pour veiller et éradiquer ces pratiques dignes de la mafia. Ceux qui enfreindraient à la règle doivent purement et clairement être radiés de la police Nationale.
Par ailleurs, de nombreux taxis appartenant aux policiers circulent sans assurance ni vignette. Cependant, leur conducteur roule du matin au soir l’esprit tranquille. On aurait dit que ce pays est régi par deux poids et deux mesures. J’estime que le nouveau gouvernement a intérêt à mettre la pendule à l’heure. Le phénomène de mode qui prévaut chez les hommes de tenue demeure de circuler dans des voitures non dédouanées. Au nom de quoi le fonctionnaire lambda, ou l’artisan, ou le paysan, sinon l’infirmier doit dédouaner sa voiture pendant que les porteurs d’uniformes circulent dans les leurs non dédouanées sans s’inquiéter ? Quand on a la charge d’appliquer la loi on se doit d’être un exemple. Tant qu’on ne remédie pas à ces pratiques, notre pays décoléra difficilement vers le progrès. Le laisser aller a mené le Mali et les maliens à la marche à reculons. Nous attendons avec impatience la réaction des nouvelle autorités gouvernementales afin qu’elles prennent de nouvelles dispositions contre ce fléau inadmissible. Sinon rien n’empêche le policier insatisfait de son salaire de céder la place à qui veut acquérir un emploi. A défaut, ceux d’entre eux pris les mains dans le sac méritent d’être rayés des effectifs de la police Nationale.
Par ailleurs, certains artistes ont tendance à croire à l’inexistence de la loi en terre malienne. Juste un rappel à l’ordre serait nécessaire à leur endroit en leur servant de leçon. Sinon comment comprendre que des citoyens au vrai sens du mot se contentent d’écrire leur nom et prénom sur la plaque d’immatriculation pour se promener en toute irrégularité à Bamako au volant de leur voiture ? On est donc en droit de se questionner s’ils sont plus maliens que les autres. Je n’ai jamais appris de la bouche de quiconque sur terre que les plus grandes stars écrivent leur nom et prénom sur la plaque d’immatriculation de leur véhicule pour se balader en liberté à travers leur pays. Au-delà de leur popularité, ils n’ont pas plus de droit que le commun des mortels. Leur talent sait leur procurer de l’argent. Elles se soumettent aux exigences de la loi par respect pour le grand peuple. Allez demander Alpha Blondy, Youssou N’Dour, Salif Kéïta, Jhonny Haliday, Amadou et Mariam, Vanessa Paradis s’ils osent circuler dans le pays de François Hollande en écrivant leur nom sur la plaque d’immatriculation ? Ne vous étonner pas, ils seront très vite rattrapés par la police de Manuel Valls et RFI ne va pas rater l’occasion de relayer l’information à travers le monde dans les minutes qui suivent. Notre pays devrait faire pareillement. À défaut, nous n’allons pas finir de trainer des lourdes et volumineuses casseroles de manque à gagner pour l’Etat. Ne cherchons pas de midi à quatorze heures l’ennemi du Mali n’est que le malien lui-même.
Après les mesures disciplinaires adoptées contre l’armée, le tour devrait prévaloir aux brebis galeuses de la circulation routière et autres personnalités porteurs d’uniformes, ou se qualifiant d’intouchables ou de grosses pointures douées dans le trafic d’influence qui circulent sans daigner faire face aux frais de douanes. Sans oublier que dans le lot les voitures n’ayant aucune plaque d’immatriculation roulent librement en longueur de jour. Quel abus de pouvoir inimaginable ! Je me questionne quand le manque de civisme sera puni dans notre pays ? Mes compatriotes tardent à comprendre que plus personne n’est et ne sera au-dessus de la loi. Ce n’est pas moi qui l’ai dit mais le nouveau Président de la République du Mali : IBK.
Le taximan en colère