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L’œil de Le Matin : Frapper à la bourse du tourisme médical
Publié le jeudi 13 juin 2024  |  Le Matin
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«Docteur, Je souhaite vous remercier de tout cœur du temps et de l’attention que vous avez bien voulu me consacrer. Vous avez su m’apporter le soulagement et le soutien que j’espérais. J’ai réellement apprécié de trouver auprès de vous autant de réconfort, alors que tant d’incertitudes planaient sur ma santé» ! Tel est le message d’une patiente sénégalaise à son médecin traitant en Tunisie.

Cette émouvante reconnaissance explique en partie pourquoi le tourisme médical est en train de devenir un tremplin de la croissance pour ce pays maghrébin qui a pourtant tristement fait l’actualité à cause du discours raciste de son président à l’égard des subsahariens. Certes, la Tunisie reçoit des patients d’Europe qui viennent pour des soins non inclus dans leur protection sociale et qui leur reviennent moins chers sur place. Mais, une grande partie des malades qui vont se soigner dans le pays de Kaïs Saïed viennent de l’Afrique subsaharienne.


Nos malades représentent ainsi une manne financière pour ce pays dont les dirigeants actuels s’illustrent par un racisme nauséabond aux antipodes de toutes les valeurs humaines. En 2019 par exemple, la Tunisie a tiré plus de 5 milliards de dinars de revenus du tourisme médical (2 millions de patients étrangers, dont 1 million ayant résidé dans des établissements hospitaliers et 1 million qui ont bénéficié de consultations médicales) avec de belles perspectives qui ne cessent de se concrétiser. Une partie non négligeable de ces 2 millions de patients sont nos parents, des subsahariens dont les frères et sœurs sont fréquemment pourchassés comme du gibier parce qu’ils ont le malheur de choisir le pays de Kaïs Saïed comme une étape avant l’Europe.

Comme on le dit, l’argent n’a pas d’odeur pour qu’on traite les migrants et ceux qui sont aujourd’hui source de croissance économique à la même enseigne. Il nous revient alors de nous battre pour qu’il en soit ainsi. Et nous ne sommes pas désarmés pour le faire. Si tous les pays dont les migrants sont traités dans ce pays comme une «horde de sauvages» se donnent aujourd’hui la main pour brandir la menace d’un boycott des infrastructures sanitaires tunisiennes tant que nos migrants n’y sont pas bien traités, nous sommes convaincus que les autorités du pays vont beaucoup réfléchir aux conséquences de leur politique raciste.

Au Mali, il est existe peu de statistiques officielles sur les évacuations sanitaires que notre pays espère déjà réduire de 95 % grâce à la construction d’un complexe hospitalier de 4e niveau d’un coût estimé à près de 160 milliards de F CFA. Selon des sources officielles, les évacuations sanitaires ont coûté au pays 4 milliards de F CFA entre 2018 et 2022 avec des patients majoritairement évacués entre la France, les Etats-Unis, le Maroc et surtout la… Tunisie ! On débourse généralement en moyenne plus de 10,5 millions de F CFA (10 698 378 F CFA) par patient évacué.

Les pays ont la latitude de contrôler au moins les évacuations sanitaires à partir de leur sol. Il s’agit alors d’élaborer une stratégie commune d’isolement de la Tunisie au profit d’autres pays maghrébins, la Turquie… qui peuvent aussi faire des efforts pour que cela soit de moindre coût.

Dans le concert des nations, chaque Etat défend ses intérêts et ses citoyens. Nos Etats doivent apprendre aujourd’hui à agir de même ; à utiliser tous les moyens de pression (politique, diplomatique, économique…) dont ils disposent pour se faire respecter. Le respect qu’on a pour un pays se juge à l’aune du traitement qu’on inflige à ses citoyens chez soi ! Aujourd’hui, la Tunisie de Kaïs Saïed n’a que dédain et haine pour les migrants subsahariens. Rendons-lui la pièce de sa monnaie en frappant où cela peut lui faire mal : le tourisme médical !

Moussa Bolly

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