“L'affirmation de la note Caa2 reflète les tensions politiques persistantes du Mali, les graves problèmes de sécurité et la violence continue qui continuent de nuire à la situation économique, financière et sociale du Mali”. C'est en termes que l'agence américaine de notation Moody's a justifié ce 11 juin 2024, sa décision de reconduire la note de crédit “Caa2” du Mali avec une perspective stable.
Logée trois paliers au-dessus du défaut de paiement, cette note ultra-spéculative traduit un niveau de risque très élevé. En clair, les chances pour les investisseurs de recouvrer les montants qui leurs sont dus par un émetteur de cette catégorie sont faibles.
Dans son communiqué, l'agence américaine pointe du doigt la “crise politique” en cours dans le pays après que les autorités de transition aient annoncé le 25 septembre 2023 le report sine die de la prochaine élection présidentielle, ainsi que l'annulation des autres scrutins prévus d'ici là. “Dans ce contexte et dans l'incertitude actuelle entourant la transition vers un régime civil, le mécontentement de la société civile malienne risque d'aggraver encore davantage l'instabilité politique”, redoute l'agence américaine signalant qu'elle pourrait relever la note du Mali dans l'hypothèse d'un retour à un gouvernement civil.
Cette situation n'est pas sans conséquences pour les finances publiques maliennes. Plusieurs partenaires au développement ont en effet décidé de rompre les relations avec Bamako ce qui a réduit l'enveloppe des subventions au cours des trois dernières années, passant de 3 % du PIB en 2020 à 0,6 % en 2023. Sevré de ressources, et aux prises avec des tensions de trésorerie, le pays s'est replié sur le marché régional de la dette. Mais là encore, les taux proposés par les investisseurs sont jugés onéreux par l'agence ce qui pourrait aggraver le risque de liquidités.
Sur l'exécution budgétaire, Moody's s'attends à ce que les dépenses sécuritaires (875 milliards de FCFA en 2024) prennent le pas sur les dépenses sociales à cause de l'intensification du conflit avec les Touaregs et d'autres groupes extrémistes à Kidal à l'Est du pays. “Malgré l'engagement du gouvernement en faveur de l'assainissement budgétaire, sa capacité à réorganiser les dépenses pour tenir compte de l'augmentation des dépenses militaires et sociales n'est pas viable à long terme”, peut-on lire.
Malgré tous ces vents contraires, la croissance économique malienne continuera à faire preuve de résilience s'établissant à 5% en moyenne au cours des trois prochaines années. Elle sera tirée par les secteurs des services et de l'agriculture. À 52% du PIB, le taux d'endettement est également “modéré”, malgré une augmentation des taux d'intérêts.