Comme chaque année, le 26 juin correspond à la journée mondiale contre les abus et les actes de torture. Au Mali, des sources rapportent une augmentation dramatique de la violence et des violations des droits humains. Entre janvier et novembre 2023, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a documenté la mort de 1 103 civils, représentant une hausse de 230 % par rapport aux neuf mois précédents.
Les abus commis incluent des exécutions sommaires, des tortures et des disparitions forcées, perpétrés par plusieurs forces. Les groupes armés non étatiques tels que Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) continuent également de commettre des atrocités. En août 2023, une attaque du JNIM à Bodio a tué 15 personnes et détruit plusieurs maisons. Les milices ethniques, formées pour protéger leurs communautés, participent également à ces violences, souvent en représailles à des attaques contre leurs propres groupes ethniques.
La situation est exacerbée par l’absence d’enquêtes et de poursuites sérieuses concernant ces abus. Des enquêtes approfondies sur les violations des droits humains ont rarement été menées. Les responsables de ces actes jouissent souvent d’une impunité totale. Selon les rapports récents, la situation des droits humains au Mali reste préoccupante, avec une augmentation inquiétante du nombre de victimes de torture et de mauvais traitements. En 2021, près de 600 civils ont été tués au Mali, principalement par des groupes djihadistes mais aussi d’autres forces, selon un document de la MINUSMA.
Les principaux groupes responsables d’actes de torture au Mali sont les groupes armés djihadistes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), ainsi que les milices et d’autres forces. Les groupes djihadistes sont également accusés d’avoir torturé et exécuté des civils, notamment des informateurs présumés pour les forces françaises et maliennes. Les milices, quant à elles, sont accusées d’avoir commis des actes de torture et d’exécutions sommaires de civils. Malgré les condamnations et les appels à la justice, la plupart de ces exactions n’ont pas fait l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires, aggravant l’impunité pour ces crimes au Mali.
Les régions du nord du Mali, en particulier Gao, Kidal et Tombouctou, sont les plus affectées par la torture et les autres violations graves des droits humains. La Cour pénale internationale (CPI) enquête sur des crimes de guerre commis au Mali depuis janvier 2012, essentiellement dans ces trois régions du nord. La Commission nationale des droits de l’Homme du Mali, désignée comme mécanisme national de prévention de la torture, effectue régulièrement des visites dans les lieux de détention à Bamako et dans plusieurs régions pour s’enquérir des conditions de détention. Ces violations graves persistent malgré les condamnations et les appels à la justice. Les autorités maliennes sont appelées à prendre des mesures urgentes pour prévenir et punir la torture, et apporter un soutien aux victimes, en particulier dans les régions les plus touchées du nord et du centre du pays.