KOUBI (Mali) - Des habitants du village de Koubi, dans le centre du Mali, poursuivaient dimanche les recherches dans le fleuve Niger pour retrouver des disparus après un accident de pirogue qui a fait au moins 32 morts, une des pires catastrophes fluviales de l’histoire du pays.
L’épave de la pinasse (grande pirogue) est complètement immergée dans le fleuve mais elle a créé un courant rendant visible le lieu de l’accident, selon un journaliste de l’AFP qui s’est rendu dimanche à Koubi, à plus de 70 km au nord de Mopti, le chef-lieu de région.
L’embarcation, qui transportait un nombre inconnu de passagers et d’importantes quantités de marchandises, s’est brisée pour une raison encore indéterminée dans la nuit de vendredi à samedi.
Jusqu’à dimanche matin, "32 corps avaient été récupérés" mais plusieurs personnes manquaient encore à l’appel, a déclaré à l’AFP Ibrahim Waïgalo, un conseiller du village de Koubi.
Le premier bilan, fourni samedi par des responsables de la Protection civile malienne et le gouverneur de la région de Mopti, Ibrahima Hama Traoré, était de 20 corps récupérés, 23 disparus recherchés et 210 rescapés.
Les accidents impliquant des pinasses se produisent souvent au Mali, mais "un tel bilan" de morts et disparus, "c’est vraiment exceptionnel", assurait déjà samedi soir le gouverneur de Mopti.
Les pinasses sont l’un des moyens de transport utilisés par une grande partie des populations du centre et du nord du Mali pour rallier les localités riveraines du Niger et de ses affluents.
Souvent équipées d’un moteur, elles convoient parfois plusieurs centaines de passagers et des dizaines de tonnes de marchandises dans ce pays enclavé s’étendant sur 1.240.000 km2.
Le fleuve Niger traverse le Mali sur 1.750 km et relie les zones humides du Sud aux régions en majorité désertiques du Nord.
"La pirogue était trop surchargée"
A Koubi, les habitants continuaient dimanche de sortir des corps de l’eau, qu’ils enveloppaient dans des nattes ou cachaient sous des sacs de céréales, couvertures ou paille en attendant de pouvoir les inhumer. Samedi, 26 cadavres ont été enterrés dans un cimetière du village, a-t-on indiqué à l’AFP.
Des rescapés secourus par les villageois demeuraient sur place. Certains étaient rejoints par des proches pour s’occuper des plus jeunes ou participer aux recherches.
Les rues et les murs en banco (terre séchée) du village se sont transformés en étendoirs à ciel ouvert, accueillant habits, sacs, livres et divers effets personnels mis à sécher.
L’enseignant Seydou Maïga, un des rescapés, avait pris la pinasse avec 16 de ses amis pour relier Mopti à Tombouctou (nord-ouest), villes distantes de plus de 720 km.
"On était en pleine causerie quand ce problème (l’accident) est arrivé. (...) J’ai nagé pour pouvoir me sauver", a dit à l’AFP l’enseignant, à la recherche dimanche d’une dizaine de ses amis.
Selon lui, la pinasse accidentée était une pirogue de grande capacité, à étage. A l’embarquement, ses responsables ont indiqué "qu’il y avait 218 personnes avec leur billet, mais on était plus nombreux que cela. Je ne sais pas combien on était, peut-être 300, parce qu’il y avait des gens qui n’avaient pas acheté de billet. (...) Il y avait beaucoup de femmes et
d’enfants", a-t-il affirmé.
Sans être en mesure de se prononcer sur ses causes, des rescapés ont rapporté que l’accident avait été précédé de l’effondrement de l’étage de la pinasse, suivi d’un grand bruit qui a provoqué la panique.
"La pirogue était trop surchargée. (...) Lorsqu’on a senti que le toit
était en train de casser, on nous a demandé de descendre" et quelques minutes
plus tard, "la pirogue a commencé à pencher vers la gauche. Un instant après,
ça a penché vers la droite et la pirogue s’est renversée", a raconté Moustapha
Ousmane Maïga, un autre rescapé.
Mariam Hacko est venue de Bamako "pour secourir son frère" qui était dans
la pinasse avec son épouse et leur filleule. Lui a survécu, les autres
manquaient encore à l’appel.
Mme Hacko s’est emportée contre les sapeurs-pompiers qui, a-t-elle accusé,
sont venus de Ségou (chef-lieu de région à plus de 400 km au sud de sud de
Mopti) pour les secours mais "sans gilet, sans bouées, sans bateau".
"Les villageois qui sont là, ce sont eux qui sont en train de faire le
nécessaire. L’enterrement, ils prennent ça en charge. Le secours, ils prennent
tout ça en charge", a-t-elle dit.
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