À l’exception de la première République, qui a choisi l’option socialisme pour diriger le Mali, les régimes d’exception, du parti unique, la démocratie, les transitions militaro-civiles ont navigué entre une gestion affairiste et une corruption généralisée pour servir leurs propres intérêts. Ce système de prévarication aux antipodes d’une gouvernance vertueuse a érodé les fondements de l’État, plongeant notre pays dans l’antiquité. Pourtant, le Mali ne manque pas de ressources humaines qualifiées pour redorer son blason. Comment y parvenir ?
Si les slogans, de quelle que nature qu’ils soient, pouvaient bâtir une nation forte et émergente, le Mali en serait une des plus enviées au Mali. La preuve. Depuis la rectification dite de la transition en 2021, des slogans politiques remplacent des réponses adéquates aux préoccupations des Maliens. Ils sont assénés de sorte que certains de nos compatriotes croient dur comme fer à des lendemains sans anicroche. Et plusieurs d’entre eux les considèrent comme un vrai projet de société pour sortir notre pays de la situation déshonorante dont il vit depuis 2012.
Le gouvernement, mis en place, à cet effet, pour conduire cette politique de rectification, abreuve les Maliens de slogans creux. On leur parle de «Mali Koura», «Souveraineté retrouvée», «Refondation de l’État». Des slogans assortis d’aucune vision pour que le Mali retrouve son rayonnement international d’antan. Finalité. Ils ne servent que les intérêts de leurs concepteurs politiques qui profitent de cette confusion délibérément entretenue pour préserver leurs avantages financiers et renforcer leur position dans l’appareil d’État. Et la vérité a fini par rattraper le mensonge. Les slogans ne se vendent plus. Ils ne mobilisent plus. Ils ne rêvent plus. Laissant les initiateurs sur le quai du regret.
L’irruption brutale des militaires sur la scène politique, à la suite du coup d’État du 19 novembre 1968 contre le président Modibo Keïta, a porté un coup dur à la marche progressiste entamée par la première République, dont l’ambition était de faire du Mali, un pays émergent dans le concert des nations. Depuis cet évènement douloureux, notre pays marche sur des crêtes. Les acquis obtenus, grâce aux efforts de tous les Maliens sous l’ère socialiste, ont été dilapidés par les successeurs du président Keïta comme si des ennemis de notre pays s’étaient installés au pouvoir. Dans cette entreprise diabolique contre notre pays, rien n’a été épargné. Elle commence par la destruction des ressources humaines sans lesquelles aucun développement durable n’est possible. Les cadres capables de relever les défis de la croissance économique ont été embastillés, torturés, assassinés et pour d’autres contraints de quitter le pays ou mis de côté. La conscience citoyenne formée sous la première République s’effrite comme du beurre au soleil. Le Malien est devenu méconnaissable face au bien public. Bonjour les dégâts ! La corruption généralisée, l’affairisme, les détournements de deniers publics s’installent à tous les étages de l’administration malienne. Ensuite, ils ont mis le grappin sur le tissu économico- industriel. Les fleurons de l’économie malienne ont été mis à genou (Régie des Chemins de fer du Mali, SOMIEX, COMATEX, Usine Thé Farako, SOMAPIL, etc.).
Ce système de prévarication donne naissance à des fonctionnaires milliardaires, des propriétaires terriens sortis de nulle part, à la construction des cités pour les barons des régimes, à des actionnaires dans les sociétés et entreprises d’État qu’ils ont privatisées pour servir leurs propres intérêts, à la création des écoles, universités privées et des sociétés-écrans. Il a été entretenu par des incompétents triomphants qui se sont plutôt servis des richesses nationales au détriment du peuple malien. Jamais, ils n’ont mis leur bagage intellectuel au service de la nation malienne, mais pour leurs propres intérêts personnels.
Depuis le coup d’État du 19 novembre 1968 à l’ère démocratique, en passant par le parti unique et les transitions militaro- civiles, politiquement, le Mali a été gouverné par des incompétents triomphants. Si les uns ont triomphé par les armes pour imposer leur volonté au peuple, les autres ont aussi triomphé à la suite d’élections bâclées, truquées, contestées et non transparentes. La gouvernance de ces régimes laisse à désirer. Elle est jalonnée de scandales politico- financiers derrière lesquels se cachent ceux qui sont au pouvoir. Et cela, malgré les avantages et privilèges qu’ils se sont indument accordés (caisses noires, budget de souveraineté, fonds spéciaux, budget de fonctionnement…). L’impunité aidant, l’argent du contribuable tombe dans les paradis fiscaux ou dans des caveaux construits dans les champs. Un manque à gagner pour l’économie malienne. Ils n’en ont cure. Ce placement à l’extérieur leur procure des bénéfices.
Contrairement à la première, qui a choisi une orientation politique, à savoir le socialisme pour jeter les jalons du développement de notre pays, les régimes d’exception (1968- 1978), du parti unique (1978- 1991), la démocratie (1991- 2020), les transitions militaro-civiles (1991, 2012, 2020- 2024) n’avaient aucune vision politique pour continuer le travail entamé à l’indépendance. Ils ont profité des ruptures institutionnelles pour naviguer dans la gestion de l’État entre une gestion affairiste et une corruption généralisée pour servir leurs propres intérêts. Ce système de prévarication aux antipodes d’une gouvernance vertueuse a érodé les fondements de l’État, plongeant notre pays dans l’antiquité. Ici, il est loin de remettre en cause leur formation initiale, mais politiquement, ils étaient mal formés et idéologiquement mal préparés pour gouverner à hauteur de souhait le Mali.
Pourtant, notre pays ne manque pas de ressources humaines qualifiées pour relever le défi du développement durable. À condition qu’on leur fasse appel et utilisées judicieusement pour répondre aux attentes des Maliens. Et la transition militaro-civile en cours est appelée à changer de fusil d’épaule en abandonnant le recours à des incompétents qui triomphent sur l’argent public et dont la gestion durant quatre (04) ans n’ouvre aucune perspective à notre pays.