Depuis plus de dix ans, le Mali vit une situation d’insécurité créée par les groupes armés terroristes et séparatistes. Ces groupes, selon beaucoup de sources, seraient financés par des puissances étrangères. Cependant, l’on vient d’apprendre qu’il n’y a pas que ces puissances. L’exploitation forestière par ces groupes armés s’est révélé être une puissante source de financement.
L’information a été divulguée par l’ << Institute for Security Studies>> (ISS). Dans un récent rapport cité dans une publication en date du 27 juin 2024 de Aminata Ba sur le site sénégalais <>, il ressort que l’exploitation illégale du bois a généré environ 13,8 millions de dollars entre 2019 et 2021. Et que cette activité a soutenu financièrement les organisations extrémistes telles que la Jama’a Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) c’est à dire le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Le rapport, selon Aminata Ba, révèle que le GSIM, affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), profite de cette exploitation forestière non réglementée pour financer ses opérations et renforcer son emprise sur plusieurs régions du Mali.
Depuis son apparition en mars 2017, le GSIM utilise cette économie illégale pour dominer les régions de Mopti, Ségou et Tombouctou, rapporte la journaliste sénégalaise citant le contenu du rapport.
Forêts, refuges des groupes terroristes et sources de revenus pour eux
Conscients des avantages de cette ressource naturelle qu’est la forêt, les groupes armés terroristes ont étendu leur expansion plus au sud et à l’ouest su pays. Le GSIM s’est progressivement installé dans les réserves de la boucle du Baoulé, une vaste forêt s’étendant sur la région de Kayes et de Nara. Ces réserves, couvrant environ un million d’hectares et protégées par l’UNESCO, sont devenues, malgré la traque des forces armées maliennes, un centre d’activité pour ces terroristes.
Le rapport souligne, à en croire Aminata Ba, que ces groupes ne se contentent pas seulement de couper du bois; ils contrôlent les accès aux réserves et imposent des frais aux bûcherons illégaux. Depuis 2022, le GSIM extorque des frais d’accès de 8 dollars par mois ou par chargement de bois, consolidant ainsi son contrôle et générant une source de revenus stable. Le groupe se positionne également comme protecteur des intérêts locaux face aux bandits et autres menaces.
Exploitation forestière facilitée par des agents de l’État
D’après toujours le rapport, il y a un autre aspect préoccupant qui est la corruption qui facilite ce commerce illicite. Et le rapport de préciser que des agents forestiers et des fonctionnaires maliens ferment souvent les yeux sur l’exploitation et l’exportation illégales du bois, notamment du Kosso, une espèce de bois de rose protégée. Entre 2020 et 2022, environ 220 000 grumes de Kosso ont été exportées illégalement vers la Chine via le port de Dakar, au Sénégal. Une activité qui contribue largement à la déforestation du pays.
Il faut signaler que le Mali, selon le rapport de l’ISS, a perdu plus de 82 % de sa couverture forestière depuis 1960, principalement en raison de la coupe excessive de bois, de l’urbanisation et de l’expansion agricole.