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L’Abbé alexis Dembele, journaliste mérité : “Notre rôle est de pointer du doigt les dysfonctionnements”
Publié le samedi 6 juillet 2024  |  Mali Tribune
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Dans l’entretien qui suit, le doyen du département journalisme et communication de l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest/Unité universitaire de Bamako (Ucao-Uuba), Dr. l’abbé Alexis Dembélé, nous parle de l’Ucao depuis ses germes, l’Unité université de Bamako et laisse un message aux journalistes et futurs journalistes. Des leçons et aussi des conseils à l’endroit de ceux qui rêvent et exercent le métier de la collecte, du traitement et de la diffusion de l’information à l’ère du numérique.

Alexis Dembélé est prêtre du Diocèse de San en mission à l’Ucao-Uuba depuis 2010. Il est titulaire de doctorats : en philosophie, sociologie et science de l’information et de la communication. Aujourd’hui, Alexis Dembélé est responsable, chef du département journalisme et communication à l’Ucao-Uuba.


Les ancêtres de l’Ucao-Uuba

L’Ucao, telle qu’elle se présente sous la forme actuelle a beaucoup d’ancêtres, précise le prêtre du Diocèse de San, l’abbé Alexis. “C’est dans les années 1971 à 1972 que les évêques pour l’Afrique de l’Ouest francophone ont décidé d’ouvrir à Abidjan un institut pour les sciences religieuses. C’est cet institut qui a évolué pour donner l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao), à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est à partir de 2000 lors de leur session à Conakry qu’ils ont décidé que cette université qui a son noyau à Abidjan peut être délocalisée. Les évêques ont décidé que tous les pays qui font partie de la communauté de la Conférence épiscopale de l’Afrique de l’Ouest pouvaient demander une unité universitaire. C’est comme ça à partir de 2000, au fur et à mesure, que les unités se sont ouvertes. Donc aujourd’hui nous avons l’Université des sciences religieuses qui reste à Abidjan, les sciences politiques à Conakry, les sciences économiques et du tourisme au Sénégal. A Lomé, nous avons les sciences dures (l’informatique). A Cotonou tout ce qui concerne l’agronomie et à Bamako, comme c’était un pays très culturel, les évêques de Bamako ont décidé que pour eux, ce serait les sciences de l’éducation et la communication”, rappelle Alexis Dembélé.

Il précise : “Maintenant, à charge pour chaque unité d’ajouter selon les besoins du pays. C’est pour cela que vous allez trouver ici que nous avons jusqu’à 5 facultés. On a ajouté les sciences juridiques, économiques et les sciences de la société. Et vous trouverez un peu la même chose dans les autres universités.

Journalisme et communication à l’Ucao-Uuba (l’abbé Alexis, Diomassi Bomboté, Alexis Kalambry et Gaoussou Drabo) :

Aux dires du doyen l’unité universitaire de Bamako (Ucao-Uuba), a ouvert ses portes vers les années 2006-2007. Pour le département du journalisme et communication, dit, le doyen, “depuis 2005, nous avons commencé à préparer le programme concernant le département journaliste de communication et les évêques m’avaient désigné pour cette préparation. J’étais en plein dans la rédaction de ma thèse. Je venais de temps en temps pour voir l’équipe qui était composée de Gaoussou Drabo, du doyen Diomassi Barbote et Alexis Kalambry. Nous avons élaboré un petit programme. Etant diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille, nous avons essayé de rapprocher le programme de ce qui fait Lille. Le défi était qu’on puisse en licence former quelqu’un qui puisse travailler tout de suite. Donc ça veut dire qu’il y a la formation théorique, doublée de la formation pratique. Ça c’est pratiquement la licence. Et nous avons voulu que les journalistes et la communication qui sont des cousins, que ceux qui choisissent la licence, puissent faire les deux en même temps”.

Avec ce programme aujourd’hui, l’abbé Alexis assure qu’un sortant de l’UCAO, niveau licence est tout de suite capable de faire tous les métiers de la communication et aussi les métiers de journalisme. “Un sortant de la licence Ucao peut directement être chargé de communication. Il peut faire des montages dans une agence, faire des photos. Ensuite il peut écrire un article, peut faire tous les genres rédactionnels de la radio et de la télé”, exprime le père spirituel des sortants de l’Ucao en journalisme et communication.

L’Ucao forme aussi en master 1 et 2. L’abbé Alexis confie, qu’en master, c’est le programme de la licence qui est approfondi. “En master nous approfondissons tout ça. Il y a les deux pratiques et théories mais nous approfondissons la pratique en master Il y a des cours d’approfondissement par exemple la communication politique c’est des cours de domaine assez difficiles. Aussi tenir des négociations ou des sites Internet. Nous avons aussi l’initiation à l’anthropologie. Un journaliste qui n’est pas suffisamment anthropologue et sociologue, pour l’envoyer sur un terrain, il faut qu’il y ait un peu de fibre sociologique et anthropologique pour ne pas faire des impairs. Tout ça c’est un environnement pour vraiment renforcer les capacités”, fait-il savoir. Il ajoute aussi qu’en master, qu’avec une note égale ou supérieure à 14/20, on peut s’inscrire au doctorat à l’Ucao-Uuba.

Echanges marchandises :

Les échanges marchandises sont une opportunité que l’Ucao-Uuba, depuis 2013, offre à des professionnels de médias et de la presse d’envoyer leur agent à l’Ucao pour une formation diplômante. “Nous avons dit qu’on va accueillir ceux qui sont déjà dans la profession, ceux qui sont déjà professionnels mais qui n’ont pas pu faire une formation diplômante. C’est comme ça nous avons lancé l’idée de l’échange marchandise. Ça veut dire que les entreprises, radio, télé ou presse écrite et les agence de communication peuvent envoyer leur agent pour la formation et qu’à la fin ce sera diplômante. Et il profite des articles de publicité dans leur agence à hauteur de la scolarité. Ça veut dire qu’ils envoient leur agent, qui payent seulement l’inscription et après, en fin de l’année, le directeur de publication produisait une facture”, explique l’abbé sur l’échange marchandise pour aussi dire que depuis 2022, il a été décidé que ceux qui sont en échange marchandise, participe un peu à hauteur de 300 000 F CFA.

Plus loin, l’abbé rappelle : “Le défi qui s’était posé à nous et a beaucoup de Maliens aujourd’hui et qu’il faut il faut une presse de qualité. Et dès le départ avec l’équipe dont je vous ai parlé, nous avons décidé d’insuffler dans la profession une masse critique des gens formés. Et les crétins vont tomber seul. Parce que pour tout métier, il faut de la formation. C’est vrai qu’on peut aussi apprendre sur le terrain et qui produit aussi des gens qui sont très talentueux mais quand même il faut un minimum de formation pour que dans le secteur on sente que les gens ils font leur travail sérieusement”.

L’abbé sur le journalisme et les réseaux sociaux

Les défis du journalisme ont fortement changé avec l’avènement des réseaux. Tout le monde informe. Le champ de l’information devient de plus en plus miné mais l’abbé Alexis rassure les journalistes et les conseille. “Je dirais que malgré les réseaux sociaux, le journaliste a sa place. Le journaliste, on lui a appris qu’il va chercher l’information, il la recoupe et la diffuse. Donc si vous vous êtes accrochés à ce schéma-là, dès que vous avez une information, elle sera imbattable”.

Le rôle du journaliste dans la société

“Ma conviction profonde du journalisme, c’est que c’est un service social. C’est un service qu’on rend à la société. S’il y a des dysfonctionnements, le rôle du journaliste c’est de pointer du doigt sur le dysfonctionnement et attirer l’attention de celui qui doit rétablir le fonctionnement”, prêche le prêtre du Diocèse de San, pour aussi dire : “Bien sûr c’est avec ses risques mais on a préparé pour ça. En tout cas il faut toujours que ça soit quelqu’un qui alerte puisque quand on n’alerte pas la société, elle va s’endormir. Comme disait l’autre si nous sommes couchés on va mourir. C’est Ki-Zerbo, qui disait, si on se couche on va mourir. Et puis, ce n’est pas bon donc nous n’avons pas le droit de laisser notre société dormir et mourir”. Mes analyses, c’est un métier passionnant, dit-il, vous ne serez pas à remercier en argent ou en V8 même si ça peut arriver mais l’estime que vos lecteurs les spectateurs ou vos auditeurs auront pour vous c’est la plus grande récompense, rassure le doyen.

L’Ucao se porte bien avec plus de 700 étudiants et environ 200 professeurs

Nous comptons à peu près 723 étudiants, dit l’abbé Alexis avec le dernier pointage qui a été fait repartis entre cinq départements. “Nous avons pour les servir trois professeurs permanents, 195 à peu près professeurs extérieurs et vacataires sur deux sites, Hamdallaye près du lycée “Prosper” et à Sanaya. Le personnel d’encadrement, c’est-à-dire l’administration, c’est à peu près une dizaine de personnes”, confirme le doyen.

Pour l’abbé Alexis, une université est toujours jugée par ses productions et les prix qu’elle remporte et aussi tous ceux qui ont été formés par le canal de l’université. Aujourd’hui, l’Ucao compte énormément d’anciens qui sont déjà dans des postes et dans des emplois, confie-t-il pour vanter la qualité de la formation à l’Ucao. Il ajoute : “J’entends dire que la qualité de la promotion n’est pas aussi mauvaise que ça. Sinon nous avons reçu un certain nombre de prix. Par exemple nous avons la plus jeune magistrate du dernier concours de la magistrature au Mali. Et en ce qui concerne mon domaine, journalisme et communication je n’en connais pas depuis 2012, parmi mes produits quelqu’un qui soit complètement au chômage”.

La meilleure pub, c’est le témoignage

“On nous a toujours reproché que nous ne faisons pas assez de publicité pour la communication. J’ai toujours répondu qu’un bon balafon, appelle toujours ses danseurs. Si le balafon est bon, même si tu le déposes dans le désert ou sous l’eau, les gens iront le danser. Je crois beaucoup à l’oralité. Je me dis que la meilleure publicité, c’est la publicité de bouche à oreille. Tu peux faire un joli panneau publicitaire. Les gens vont regarder. Ils vont comprendre quelque chose mais la meilleure publicité c’est quand quelqu’un qui a fréquenté là-bas, viens te le dire. Lui, il va donner un témoignage et c’est la meilleure publicité. C’est plus convaincant. Donc nous, nos publicitaires, c’est sont nos anciens étudiants”.

Qui serait le futur “honoris causa” ?

Les grandes universités décident souvent d’octroyer des titres de docteur à des personnes qui ont servi la cause. Au Mali et à l’Ucao, des journalistes professionnels qui encadrent à l’Ucao, n’ont jamais fait défaut. Mais l’Ucao n’a, jusque-là, pas décerné de titre de docteur à quelqu’un. Mais l’abbé Alexis rassure, qu’ils le feront un jour. Mais qui ? On ne le sait pas. Le doyen affirme que c’est un comité qui décidera de cela. “C’est une équipe qui va décider qui sera cet honoris causa”, dit-il.

Koureichy Cissé

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