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Levée de la suspension des activités politiques, un pas de géant vers la réconciliation : Et si on libérait les détenus politiques et favorisait le retour des exilés
Publié le lundi 15 juillet 2024  |  L'Alternance
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© aBamako.com par AS
Point de presse du gouvernement pour annoncer les dates des prochains scrutins
Bamako, le 15 Avril 2021, le gouvernement au cours d`un point de presse et par l`intermédiaire des ministres de l`emploi et de la Formation Professionnelle Mohamed Salia TOURE et celui de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Lieutenant-Colonel, Abdoulaye a annoncé les dates des prochains scrutins.
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C’est sur proposition du ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation que le Conseil des ministres a adopté un projet de décret portant levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Cette nouvelle a été accueillie avec joie par la classe politique et par tous les adeptes de la démocratie, mais sans grand enthousiasme à cause de l’incarcération de certains leaders politiques. Les autorités de la transition ont certes franchi un pas vers la réconciliation, mais d’autres restent encore comme celui de la libération sans délai et sans condition des détenus d’opinion, qu’ils soient politiques ou associatifs et surtout favoriser le retour de tous les exilés afin qu’ils participent à l’œuvre de construction nationale. Rien de durable ne pourrait être construit sans la paix et la réconciliation et celles-ci passent nécessairement par le pardon et le rassemblement. Les autorités de la transition sont-elles conscientes de la nécessité d’aller à la paix sans laquelle point de cohésion sociale ni d’unité nationale ? Assimi Goita fera-t-il mieux en libérant tous les détenus d’opinion et favoriser le retour au bercail de tous les exilés au nom de la réconciliation ?

Pour rappel c’est par le Décret n°2024/PT-RM du 10 avril 2024, que le gouvernement avait suspendu les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations. Cette décision de suspension était motivée par le besoin de sauvegarde de l’ordre public afin que le Dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation nationale puisse se dérouler dans les bonnes conditions. Plus de deux mois après la tenue de ce dialogue, le Gouvernement a décidé de lever la controversée décision au grand bonheur de la classe politique et de la démocratie. Le Gouvernement a prétexté la levée de la suspension des activités politiques par la mise en œuvre des recommandations du dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation nationale dans un climat serein. C’est bien sûr dans le souci de rassembler le plus large possible les maliens que le gouvernement ne doit nullement pas s’arrêter à des mesurettes, comme celle de la levée de la suspension des activités politiques, qui est certes un pas de géant vers la réconciliation, mais insuffisante pour parvenir à une paix et une réconciliation durables. C’est pourquoi il est plus que nécessaire d’aller au-delà de cette décision pour amorcer un véritable virage vers la réconciliation.


Les autorités de la transition sont-elles conscientes de la nécessité d’aller à la paix sans laquelle point de cohésion sociale ni d’unité nationale ?

Cette question vaut son pesant d’or quand on sait que l’unité et la cohésion sont fortement mises en mal sous la transition, alors qu’elles devraient être les maîtres mots de toute transition dont la finalité est la mise en route du pays en le dotant des lois et d’institutions solides capables de résister aux soubresauts et autres intempéries sociopolitiques. Malheureusement celle du Mali peine à rassembler toutes les forces vives de la nation pour un sursaut national autour du Mali. Cette attitude des tenants du pouvoir que l’on pourrait qualifier de belliqueuse ne pourrait –elle pas s’expliquer par la boulimie du pouvoir ou par la méconnaissance, la complexité des tâches liées à leurs responsabilités ? Les autorités ne réussiront que si elles prenaient conscience de leur limite et quand elles arriveront à la conclusion que seule l’union de toutes les maliennes et de tous les maliens pourrait permettre de bâtir un consistant soubassement pour un Mali de demain, solide et capable de résister aux soubresauts et autres turpitudes. Ainsi les autorités de la transition doivent s’atteler à la réconciliation pour faire face, tant à la crise sociopolitique qu’à la celle sécuritaire.

Assimi Goita fera-t-il mieux en libérant tous les détenus d’opinion et favoriser le retour au bercail de tous les exilés au nom de la réconciliation ?

Si la levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations a été accueillie avec joie, elle a tout de même laissé beaucoup d’observateurs et d’acteurs politiques sur leur faim, à cause de la détention de beaucoup d’autres acteurs pour délit d’opinion. Le Président de la Transition le colonel Assimi Goita gagnerait en estime et en confiance en libérant non seulement ces détenus politiques, mais aussi et surtout en favorisant le retour au Mali de tous les exilés qu’ils soient politiques ou économiques. En tout cas c’est le prix à payer pour réaliser l’une des recommandations phares du Dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Les leaders politiques comme Moustapha Dicko, Yaya Sangaré, Me Mohamed Aly Bathily, tous anciens ministres tout comme le chroniqueur Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath, le leader du Mouvement Yerowolo Debout sur les Remparts, Adama Ben Diarra, l’universitaire Etienne Fakaba Sissoko, pour ne citer que ces quelques leaders, doivent tous recouvrer la liberté au nom de la réconciliation. A cette liste non exhaustive il convient d’ajouter celle des leaders politico-économiques en exil comme Mamadou Igor Diarra, ancien ministre des finances, Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la défense, Boubou Cissé ancien premier ministre, Babaly Bah ancien PDG de banque, Dr Oumar Mariko leader politique et même l’ancien député Karim Keita. Pour la paix, la réconciliation et le vivre ensemble aucun sacrifice ne serait de trop. La levée des poursuites contre ces personnalités ne serait ni un blanc-seing contre l’impunité, encore moins une caution au favoritisme, elle serait au contraire du réalisme politique.

En somme, la balle est dans le camp du Président de la transition. Si tant est qu’il est pour la paix et la réconciliation, il doit alors poser des actes en faveur de la paix et la réconciliation. La libération des détenus politiques et l’annulation de toutes les poursuites contre les exilés politiques et économiques seront quelques-unes des mesures fortes pour un processus de réconciliation inclusif.

Youssouf Sissoko

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