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Le président de la Femafoot parle : Le Censeur et le gardien en cause
Publié le mardi 15 octobre 2013  |  Le Procès Verbal


© Autre presse par DR
L’Inspecteur général de police Boubacar Baba Diarra élu à la tête de la fédération malienne de football
mardi 8 octobre 2013.


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Elu le mardi 8 octobre 2013 à la tête de la Fédération malienne de football, l’Inspecteur général de police Boubacar Baba Diarra accorde à votre journal sa toute première interview.

Monsieur le président, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Je suis l’Inspecteur Général de Police Boubacar Baba Diarra, élu président de la Fédération Malienne de Football à l’issue de l’Assemblée Générale élective des 7 et 8 octobre 2013 à Mopti.

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature à la présidence de la Fédération ?
La première raison est personnelle. Je suis un acteur du football dans le vrai sens du terme, étant donné que j’ai connu une carrière « footballistique ». J’ai commencé comme cadet à l’Union Sportive des Fonctionnaires du Mali. J’ai joué ensuite comme junior à la Renaissance Club de Bamako, dont j’étais le capitaine. J’ai continué dans ce club en franchissant tous les échelons jusqu’à la première division où j’ai longtemps joué comme capitaine. J’ai joué au sein de l’Union Sportive des Forces Armées et de Sécurités du Mali avant d’être dirigeant au niveau du même club. J’ai été premier vice-président du Centre Salif Keïta (CSK) pendant 2 à 3 ans. Dans le bureau de la Fédération dirigé par Niambélé, j’ai été président de Commission des Jeunes, puis premier vice-président. Dans le bureau de la Fédération dirigé par Salif Keïta, j’ai été deuxième vice-président. Je suis président du Djoliba AC depuis mars 2012. C’est donc normal, pour quelqu’un qui a déroulé une telle carrière dans le sport, de vouloir occuper le premier rang au sein de la Fédération.
La seconde raison de ma candidature est affective. Il y a des jeunes du monde sportif malien qui, m’ayant connu et côtoyé, ont jeté leur dévolu sur moi pour que je me porte candidat à la présidence de la Fédération Malienne de Football.

La troisième raison, c’est que je pense pouvoir mieux faire que mes devanciers, rendre le football malien plus performant. L’amener à engranger beaucoup de succès, à se hisser à une place de respectabilité dans le football africain.

Maintenant que vous êtes élu, quel sentiment vous anime ?
Aujourd’hui, je suis animé par un sentiment de fierté. Nous allons vers une très grande progression dans la discipline du foot, surtout que les gens me font confiance.

Dans quelles conditions le vote s’est-il déroulé à Mopti ?
Ce fut le vote le plus transparent du monde. J’ai déjà été organisateur d’élections politiques. Je fus pendant 10 ans chef de cabinet du Ministre de l’Administration Territoriale. Je sais donc de quoi je parle.

Les négociations ont été âpres, n’est-ce pas ?
Quand nous sommes arrivés à Mopti, nous savions que la victoire était acquise d’avance pour l’un d’entre nous: Boukari Sidibé dit Kolon et moi. Nous préparons le terrain depuis deux ans avant. Nous avons créé un collectif commun qui, au fil du temps, a grossi. Parmi notre groupe, Il y avait des clubs de première division, des clubs de deuxième, des représentants des ligues régionales. Nous bénéficiions de l’appui de sages du Stade Malien, du Djoliba AC et du Réalde Bamako.Parmi ceux-ci, on peut citer El-HadjiMody Sylla, El-HadjiDioncoundaSamabaly, le Général Abdoul Karim Diop et Mahamadou Samaké dit Sam, sages du Stade Malien. Du côté du Djoliba AC, nous avions Issa Traoré dit Laïs, le premier capitaine du Djoliba; Cheickna Traoré dit Kolo National. Du côté du Réal, il y avait Abdoul Karim Touré dit Bakoun. Ces sages nous ont accompagnés deux années durant en termes de conseils et de règlement des conflits.

Quels conflits avez-vous connus ?
Des querelles de jeunesse! Quand vous mettez des jeunes ensemble, il y a toujours de petits problèmes. En fait, c’étaient des problèmes bénins de gestion des caractères, pas des problèmes insurmontables.

Est-ce que l’Etat a eu une influence quelconque sur le vote ?
L’Etat est resté neutre. D’une neutralité totale. Une semaine avant notre départ à Mopti, nous avons été reçus par le ministre de la Jeunesse et des sports qui nous a transmis le message du gouvernement. Dans ce message, il nous a invité à la raison, étant donné la sensibilité des élections.

Pour le ministre, tout ce qui touche au football devient très sensible et soulève, le plus souvent, des questions sécuritaires. Il a tenu à nous informer que le gouvernement serait neutre. Ce n’était pas comme les années d’avant où on a senti l’implication des autorités politiques dans tout le processus électoral.

Selon vous, quels ont été les points noirs du bilan du président sortant, Hamadoun Kola Cissé ?
Je vais vous donner un avis purement personnel, en tant qu’observateur et acteur de football. Pour moi, la non-réélection de Cissé est due au pourrissement de l’environnement sportif. Les gens ne s’entendaient plus, ne pouvaient plus se parler. C’était devenu de la suspicion, la haine entre les acteurs du football. Les textes étaient insuffisants, ce qui créait des problèmes d’interprétations et de compréhension. Le deuxième problème a été l’absence de leadership. Un moment, on a senti qu’il y avait trop de chefs au sein de la Fédération Malienne de Football. Chacun allait dans son sens et faisait ce qu’il voulait. Cela s’est donc répercuté sur la gestion des Aigles. Le troisième point noir du bilan de Cissé est que son équipe a travaillé en ayant toujours en tête les futures échéances électorales. Tous les actes que le Comité Exécutif a posé, c’était en rapport aux futures élections. Tant que vous travaillez avec l’idée de préparer votre réélection, vous ne pouvez pas travailler dans le bon sens. Le bureau sortant devait travailler à parfaire les résultats sportifs plutôt qu’à travailler pour sa réélection.

Le foot malien souffre plus de la qualité de ses dirigeants que du manque de talent des joueurs: comment allez-vous gérer ce problème ?

Avec une bonne organisation, avec un bon management et avec l’aide de Dieu, le Mali remportera un trophée continental. Nous pouvons remporter beaucoup de trophées continentaux car nous avons des joueurs de qualité. Nous avons des joueurs évoluant dans tous les grands championnats. Le Mali, aujourd’hui, peut en un ou deux mois organiser n’importe quel tournoi continental car nous sommes suffisamment dotés en infrastructures sportives. Nous avons les terrains de football les plus huppés d’Afrique; ils peuvent accueillir n’importe quelle compétition. Le gouvernement malien est l’un de ceux qui injectent le plus d’argent dans l’équipe nationale; c’est le gouvernement malien qui paye les primes des joueurs, assure leur transport. Alors, pour moi, ce qui manque de nos jours, c’est de bien manager, de mettre les joueurs dans toutes les conditions. Cela doit être la priorité. Je commencerais par cela. Il faut aussi apaiser l’environnement afin que les gens puissent vivre en symbiose, qu’ils puissent se regarder en face, sans animosité entre joueurs et dirigeants. Si nous y parvenons, je suis convaincu que nous irons très loin. Il est temps de sortir de l’amateurisme. Il ne faudrait plus accepter que 48 heures avant un match, les joueurs n’aient pas leur billet. Il faudra mettre fin aux ratés organisationnels et éviter qu’à une semaine des compétitions, on en soit à discuter des problèmes de primes. Toutes ces questions doivent être réglées un an avant le début de la campagne ou de la compétition.


Quels seront vos objectifs à court, moyen et long terme ?
Il faudra tout de suite doter l’équipe nationale d’un entraîneur. Depuis le départ de Carteron, nous sommes sans entraîneur. Cela va être, à court terme, mon objectif. Nous devons, soit confirmer Paté Diallo, soit chercher un autre entraîneur pour l’équipe nationale. Mais il faudra qu’on sorte de cette situation de latence. La deuxième priorité sera de relire les textes car ils sont insuffisants. Toutes les difficultés que nous avons rencontrées dans le cadre du processus électoral sont inhérentes à l’insuffisance des textes: il faudra vite corriger ces insuffisances, surtout quand on connaît le rôle des textes (statuts, règlements, etc.) dans une organisation. La troisième tâche, la plus importante, est de régler le problème de financement du football. Sans financement, le football malien n’ira pas loin.Il va falloir revoir les statuts des clubs pour en faire des sociétés anonymes. Cela est une obligation prescrite par la CAF (Confédération Africaine de Football).

Quels seront vos critères par rapport au choix de l’entraîneur ?

Ce n’est pas aux dirigeants de choisir l’entraîneur. Il faut mettre un collège de techniciens en place, au besoin lancer un appel à concurrence. Une fois les dossiers de candidature reçus, nous mettrons en place un collège de techniciens à qui nous remettrons les dossiers des prétendants afin de procéder au dépouillement exhaustif et de nous proposer le meilleur profil. J’ai appris qu’il y a déjà des dossiers au niveau de la Fédération; si cela s’avère exact, il ne restera plus qu’à les dépouiller.

L’entraîneur de l’équipe nationale senior sera choisi avant quelle date? Sera-t-il national ou étranger ?

J’ai dit que ce n’est pas aux dirigeants de la Fédération de décider. Nous avons une direction technique nationale dont le boulot est de nous aider à déterminer le meilleur profil. Si la direction ou le collège technique nous dit qu’un national peut faire le travail, tant mieux! Cela nous permettra de valoriser l’expertise nationale. Dans le cas contraire, on recrutera un expatrié.

A combien s’élève le financement de la Fédération Malienne de Foot ? Comment est-il géré ?
Il ressort du rapport financier qui nous été soumis que de 2012 à 2013, la Fédération Malienne de Football a engrangé 1,5 milliard de FCFA. Une partie des fonds provient du sponsoring d’Orange et d’AIRNESS; une autre partie provient des droits télévisuels de la CAF, des subventions de la FIFA et des subventions de l’Etat.

La gestion des fonds est effectuée par la Commission des Finances de la Fédération; le président de la Fédération est l’ordonnateur des dépenses. Pour moi, il ne faudra pas tout le temps compter sur l’Etat pour avoir des fonds; il faut avoir des idées pour aider le football malien à s’en sortir. Nous allons, dans un bref délai, nous pencher sur le financement du football malien. J’ai déjà à l’esprit d’adosser chaque équipe de première division malienne à une société ou entreprise comme cela se passe dans certains pays de la sous-région. L’exemple guinéen est intéressant, où un club adossé à une société minière est venu acheter, cette année, un joueur du Djoliba AC. Il y a 4 ou 5 équipes du genre, en Guinée, que le gouvernement a confiées à de grandes sociétés. Au Mali, en plus des sponsorings, cela est possible dans la mesure où le contrat avec Orange -Mali n’est pas exclusif. Orange est en contrat avec la Fédération: aux termes du contrat, il est interdit à la Fédération de contracter avec d’autres sociétés de téléphones mobiles. Elle peut donc contracter avec des sociétés qui font d’autres activités. Le Mali dispose de joueurs dont les images peuvent être vendues partout à travers le monde. Il faudra, en même temps, réduire le train de vie de la Fédération en investissant 80% des recettes dans les activités sportives et 20% dans le fonctionnement. Pas l’inverse.

Quel va être le sort du Djoliba-AC dont vous étiez président ?

Le Djoliba-AC est un club très bien organisé. Il y a des vice-présidents qui peuvent valablement se substituer à moi. Après mon départ, celui qui est pressenti pour me remplacer à la tête du Djoliba s’appelle Tidiane Niambelé, premier vice-président du Djoliba-AC. Pour qui connaît l’homme, il est bien placé pour régler les problèmes du Djoliba, compte tenu de son expertise. C’est un homme de qualité.


Je demande enfin à tous les Maliens de nous soutenir dans nos actions et nos réflexions.
Notre ambition est qu’avant la fin de notre mandat, le Mali puisse remporter une coupe d’Afrique des Nations, qu’il puisse se qualifier à la prochaine Coupe du Monde.

Interview réalisée par A. Konaré et Abdoulaye Koné

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